Effets des mensurations de l’endomètre sur le devenir obstétrical et néo-natal

Le Docteur Zheng FANG et coll. (Université de XIAN et Département d’Obstétrique et Gynécologie de NANCHANG – Chine) ont réalisé une méta-analyse dans le but d’évaluer les éventuelles conséquences obstétricales et néo-natales en cas d’implantation embryonnaire sur un endomètre « fin ».

Sur le plan obstétrical, les auteurs étudient les risques d’anomalie de placentation (placenta prævia ou acreta), d’hypertension artérielle (HTA) en cours de grossesse, de diabète gestationnel et du taux de césarienne.

Les risques néo-nataux étudiés incluent : bas poids de naissance (Low Birth Wight, LBW), prématurité (Préterm Birth, PTB) et de retards de croissance intra-utérins (RCIU).

Définition de la maturation endométriale :

L’épaisseur de l’endomètre (Endometral Thickness  - EMT) au moment de l’implantation embryonnaire reste, à ce jour, un élément pronostique important dans les succès de l’assistance médicale à la procréation (AMP).

Il est admis qu’une mensuration de l’endomètre inférieure à 7/8 mm (réalisée en échographie endo-vaginale) est susceptible de réduire les taux d’implantation, de grossesses évolutives et d’avoir des conséquences sur le plan obstétrical et néo-natal.

Sur les 1911 articles de la méta-analyse :

Les auteurs ont sélectionné 19 articles, dont 17 étaient des études rétrospectives et
2 des études randomisées, publiées entre 2006 et 2022.

Les cohortes étudiées allaient de 199 à 13.458 cycles d’AMP.

Pour la majorité des études, le « cut-off » retenu pour définir une mensuration de l’endomètre faible ou inadéquate, correspondait à des valeurs inférieures à 8 mm.

Pour d’autres études, le «  cut-off » d’épaisseur minimale supposée adéquate de l’endomètre variait entre 7 et 7,6 mm.

Dans l’étude de bibliographie, les auteurs rapportent les articles de :

  • BORGES et coll. : étude menée sur 402 nouveau-nés, l’épaisseur de l’endomètre était corrélée avec un poids de naissance bas par rapport à un groupe contrôle ;
  • CHUNG et coll. : l’étude comportait un groupe de 159 cas avec une EMT  inférieure à 10 mm et un groupe contrôle (n = 276). Les résultats retrouvaient une augmentation significative dans le premier groupe de risque de placenta prævia de bas poids de naissance et de RCIU ;

L’étude concluait que chaque millimètre d’épaisseur endométriale « gagné » réduisait de 12% le risque de problème néo-natal ;

  • KASER et coll. ont mené une étude randomisée portant sur une cohorte de
    50 patientes ayant présenté un placenta acreta (versus un groupe contrôle de 149 patientes).

Chez les femmes ayant eu un transfert embryonnaire après décongélation et donc l’EMT était basse, le risque de placenta acreta était significativement plus élevé.

Résultats de la méta-analyse :

Complications obstétricales :

  • Placenta prævia :

Cette étude incluant 25.907 patientes, n’a pas montré d’association entre une mensuration de l’endomètre inférieure à 7 mm et la survenue de placenta prævia.

De même, aucun lien n’a été trouvé entre EMT faible et placenta acreta
(6 études, n = 22.609 patientes) ;

  • Hypertension artérielle et anomalie vasculaire en cours de grossesse :

Sur 6 études (n = 34.908), le risque de survenue de phénomènes hypertensifs en cours de grossesse était augmenté de façon significative dans le groupe « EMT fin » / le groupe « mensurations endomètre normales » ;

  • Les auteurs ne retrouvent pas d’augmentation de risques de survenue de diabète gestationnel mais un pourcentage plus élevé de césariennes dans le groupe EMT fin.

Complications néo-natales :

  • Dans le groupe EMT fin, le risque de prématurité (13 études, n = 60.298 patientes) et de petit poids de naissance (9 études, n = 40.066 patientes)  était significativement plus élevé.

Les auteurs évoquent des phénomènes physiopathologiques pouvant relier une maturation endométriale inadéquate, dont l’épaisseur de l’endomètre est un reflet et les anomalies des échanges vasculaires utéro-placentaires.

  • Augmentation des résistances vasculaires au niveau des artères utérines.
  • Anomalie de l’angiogenèse par diminution du LIF, de béta3-intégrines, de VEGF (Vascular Endothelial Growth Factor).
  • Anomalie de constriction des artères spiralées dans l’environnement trophoblastique.

Limitations de l’étude :

  • sur les études retenues, 11 ont été pratiquées dans les 5 dernières années ;
  • la majorité des études étaient rétrospectives et les deux études randomisées pouvaient, selon les auteurs, présenter des biais de recrutement ;
  • l’élément majeur de cette discussion de méta-analyse, selon les auteurs, reste la définition du « cut-off » de la mensuration de l’endomètre qui n’était pas uniforme ;
  • l’analyse des sous-groupes, en rapport avec le type de traitement d’AMP, différence entre cycles artificiels ou cycles spontanés dans les transferts d’embryon après décongélation, type d’embryons transférés…, n’a pas pu être réalisée.

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Effect of endometrial thickness on obstetric and neonatal outcomes in assisted reproduction a systematic review and meta-analysis – Zhang FANG, Jialyu HUANG, Jiaqin MAO, Lamei YU, Xiaohong WANG – Reproductive Biology and Endocrinology (2023) 21:55