Cryopréservation d’ovocytes : quelle efficacité, quels risques ?

Depuis que l’ASRM aux USA a évalué la cryopréservation d’ovocytes matures en allant au-delà du stade expérimental (2012), cette technique a permis de réels progrès en termes d’efficacité et de résultats.

L’ASRM a conclu à l’absence d’augmentation d’anomalies chromosomiques, néo-natales ou troubles du développement de poids de naissance chez les enfants nés d’ovocytes vitrifiés en comparaison avec le devenir des enfants conçus à partir d’ovocytes frais.

En 2018, le Comité d’Ethique de l’ASRM, avec l’accord du « Center for Desease Control – CDC », a estimé légitime d’étendre les indications de conservation ovocytaire d’ordre médical (insuffisance ovarienne, pathologie cancéreuse, effet délétère éventuel des gonadotrophines, …) aux conservations ovocytaires pour des raisons non médicales : âge féminin, absence de projet conjugal,…

Le rapport d’Hélène C.K. KWAN analyse les résultats fournis par la SART (Society of Assisted Reproductive Technology) entre 2013 et 2020 et la bibliographie déjà existante.

- KUSHNIR et al. avait déjà étudié les taux de grossesse et accouchements à terme entre les conceptions après transferts d’ovocytes frais de donneurs et d’ovocytes cryopréservés : 49,6%/41,2% (différence +/- 6,4% - 95 ; CIp < 0,001).

- Selon les données de la SART, les taux de grossesse résultant de 34.570 cycles provenant d’ « ovocytes frais » est de 22.163 transferts d’ovocytes de donneurs cryopréservés ont été analysés entre 2013 et 2020 : le pourcentage de grossesses à terme était de 49% (44,6-53,3%) pour les ovocytes frais/41% (39,1-43,2%) pour les ovocytes de donneurs après cryopréservation : différence de 8% (p value < 0,001).

L’auteur signale les biais de recrutement, notamment sur les moyens d’information tels que âge des patientes, niveau d’AMH, index de masse corporelle, antécédents de grossesse….

- Qu’en est-il des taux d’aneuploïdie entre ovocytes frais (OF) et ovocytes cryo-préservés (OC) ?

L’Institut de « Genetics Reproduction Medical Center » avait montré l’absence de différence en termes d’aneuploïdie sur les embryons issus d’OF et OC à âge comparable de 27,2 ans.

Néanmoins, il avait été mis en évidence que la non-disjonction du chromosome 13 était plus élevée chez les embryons issus d’OC (36,2%)/10,5% chez les embryons issus d’OF.

- Impact des milieux de culture utilisés dans la vitrification ovocytaire :

Les milieux de culture utilisés dans les vitrifications ovocytaires contiennent des concentrations élevées de « cryoprotecteurs » comme le DMSO (15% de diméthyl-sulfoxide et d’éthylène glycol (EG)  15%).

Des études récentes (ZHENG et al. (2020)) ont montré :

  • une diminution de la production d’ATP dans des échantillons traités par 0,1% de DMSO en comparaison avec des échantillons non traités,
  • une influence du DMSO en termes de dérégulation de l’ADN épigénétique,
  • un effet délétère de l’éthylène glycol sur l’ovocyte humain : surexpression de 3.740 gènes, sous-expression de 956 gènes sur les ovocytes cryopréservés par rapport aux ovocytes frais.

L’utilisation de la mélatonine agissant sur les « reactiv oxygen species – ROS » présents dans les milieux de culture, pourrait améliorer les étapes de la fécondation ovocytaire avec cryopréservation mais les cohortes étudiées étaient trop faibles pour en tirer des conclusions définitives.

En conclusion :

Les auteurs recommandent une prise en compte de ces facteurs contenus dans les milieux utilisés dans la vitrification ovocytaire, facteurs qui seraient susceptibles d’agir sur les taux de grossesse évolutive, les anomalies ou malformations fœtales, et le poids de naissance du nouveau-né.

Des études complémentaires et détaillées seraient donc très importantes afin d’assurer une information complète aux couples et/ou aux femmes souhaitant une conservation ovocytaire par vitrification.

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Reconsideration of the safety and effectiveness of human oocyte cryopreservation – Helen C.K.KWAN – Reproductive Biology and Endocrinology (2023)21 :22