Prise en charge des troubles urinaires

L’État a tranché, abattant son bras armé du ministère des solidarités et de la santé. La réalisation des actes de chirurgie prothétique en pelvi-périnéologie est dorénavant encadrée et les gynécologues-obstétriciens et urologues sont maintenant contraints de travailler de concert, devant discuter chaque dossier en réunion de concertation ! Cette nouvelle obligation, comme à l’accoutumé, ne s’accompagne d’aucun moyen alloué.

Beaucoup d’entre nous ont été pour le moins « agacés » par cette nouvelle injonction sous-entendant que les chirurgiens impliqués dans la santé des femmes, ployant sous le poid de la T2A et le fatras bureaucratique, avaient délaissé la qualité de la prise en charge de leurs patientes. Rappelons que les réunions de concertation pluridisciplinaires en pelvi-périnéologie existaient dans de nombreux centres en France, bien avant la publication de ces arrêtés. Par ailleurs, la société interdisciplinaire d’urodynamique et de pelvi-périnéologie (SIFUD-PP) organise elle, des réunions et congrès associant urologues, médecin de médecine physique et de réadaptation, gynécologues-obstétriciens, colo-proctologues, kinésithérapeutes, infirmiers depuis…45 ans !

Pour clore cette hyperbole, signalons que nous avons tous constaté que ces arrêtés, en nous obligeant à « passer au staff » tous les dossiers simples, ont abouti à amputer le temps disponible pour discuter des cas nécessitant réellement discussion et réflexion.

Au final, comme nous ne pourrons pas ni modifier, ni transgresser cet arrêté, nous l’appliquerons. Nous pouvons toutefois espérer qu’il encourage la totalité des centres pratiquant cette chirurgie à s’organiser autour d’une RCP multidisciplinaire, ce qui harmonisera les pratiques sur le territoire et aidera à susciter de l’émulation autour de cette thématique.

Les chirurgiens ont adopté les RCP d’oncologie, ils le feront également pour les RCP de pelvi-périnéologie. Ne les vivons pas comme une contrainte ; rappelons que la discussion collégiale n’a qu’une valeur d’orientation et en aucun cas, elle ne se substitue à la décision du chirurgien. Ne les imaginons pas non plus comme un simple « parapluie » médico-légal, mais plutôt comme une possibilité d’enrichissement de nos pratiques et d’actualisation de nos connaissances. Les urologues font profiter les gynécologues-obstétriciens de leur expertise en sphincter artificiel et neuromodulation sacrée et les gynécologues obstétriciens donnent leur avis sur les alternatives par voie vaginale dont ils ont plus l’habitude et également concernant d’éventuels gestes prophylactiques sur les annexes en cas de chirurgie du prolapsus.

Enfin et surtout, ceux d’entre nous qui sont déjà investis depuis longtemps dans ces RCP de pelvi-périnéologie, savent que cette collaboration entre nos deux spécialités représente un plus certain dans la prise en charge des cas complexes, des récidives ou des complications.

Ensemble, nous ferons mieux pour le bien être des femmes, c’est certain !

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DR Vincent CARDOT Chirurgien urologue
Clinique Bizet Paris et Pôle de Santé du Plateau
Site de Meudon. Membre du CUROPF (Comité d’Urologie et de Périnéologie de la Femme) depuis 2005.