Un chemin vers le double don !

Que cela se passe à l’issue d’années en PMA, que cela s’impose pour le couple dès les résultats d’examens de fertilité, que cela soit un choix par égalité dans le couple, le double don est un projet bien différent des autres parcours en PMA car il demande à chacun des membres du couple de faire le deuil de sa génétique. Comment accepter cette possibilité, comment accepter l’enfant qui arrivera… ?

Faisons un point sur ce chemin vers la parentalité !

Les cas qui amènent à penser au double don 

Le double don arrive très souvent après différentes étapes et possibilités explorées par le couple. Il peut être évoqué lorsque les hommes ont des problématiques spermatiques sévères, voire une stérilité prononcée ; ou quand les femmes ont des ovocytes peu ou pas qualitatifs, voire également une stérilité prononcée. C’est pour la majorité des couples une proposition à l’issue de différents examens et de différents essais peu ou pas concluants.  

Dans ce cas précis, le couple va cheminer ensemble puisque l’impossibilité de faire un bébé avec ses propres gamètes s’impose doucement et va permettre à chacun des membres du couple d’avoir sa propre réflexion, vers un enfant sans sa génétique propre. Il est à noter que les deux membres du couple doivent, de manière intime et personnelle, s’interroger sur leur acceptation de transmettre une autre forme de parentalité que la génétique, c’est-à-dire la transmission dite de l’acquis et non de l’inné. Mais chacune de ces individualités doit également réfléchir sur l’idée de vivre avec un enfant qui ne sera pas non plus génétiquement de son partenaire.

Dans le don d’un seul des membres du couple, l’aspect de la présence génétique de l’autre partenaire est souvent une forme de réassurance, comme un pilier inamovible et stable permettant de garder une forme de contrôle sur l’enfant à venir. Le cas du double don est donc vécu comme un saut dans l’inconnu, vers une forme « d’adoption ».

Une adoption d’un autre genre ?

Certains couples parlent d’une forme « d’adoption », avec deux paramètres qui divergent d’une adoption classique :

  • La grossesse au sein du couple,
  • Et surtout, un enfant qui va, dès sa conception, être avec ses futurs parents et partager tous les moments de vies du couple de l’intérieur. Une différence notable pour les raisons suivantes : l’enfant à venir n’a pas d’histoire propre avec une autre famille avant son arrivée et cet enfant n’est désiré que par ses parents à venir, les donneurs des gamètes utilisés n’ayant pas de désir de concevoir et ne considérant pas cet enfant à venir comme le leur.  

Le double don, parfois un choix d’équité

Il arrive que dans certains couples, seul un des membres ait besoin de faire appel à un don. Pour autant, l’autre partenaire peut proposer lui aussi de faire appel à un don, par équité, par équilibre. En effet, c’est un geste envers l’autre pour que le couple préserve son équilibre et sa justesse. Pourquoi plus l’un que l’autre ? Certains acceptent l’idée d’être dans cette égalité. Un choix pour ne pas stigmatiser, pour vivre une expérience similaire, pour une égalité vis-à-vis de l’enfant à venir…. Un choix pour minimer aussi les risques de reproches, ou d’accaparer l’enfant. Peut être aussi un choix par amour…. Tout simplement ! 

Qu’en est il de la FIV donneur mixte ?

Il me semble intéressant de parler de cette technique proposée dans les pays voisins de la France comme l’Espagne ou la République Tchèque. Il est parfois proposé aux couples de faire une FIV donneur mixte, c’est-à-dire, une FIV avec don d’ovocytes, fécondés pour une partie par le sperme du conjoint, et pour une autre partie, fécondés par le sperme d’un donneur.

Mais pourquoi donc ? Cette technique a plusieurs avantages, elle permet tout d’abord d’un point de vue technique d’offrir un plus grand nombre de chances d’obtenir des embryons fécondés et viables, surtout quand le sperme du conjoint est défaillant. Mais pourquoi alors tenter malgré tout ce type de fécondation si les chances sont minimes… ? Peut-être que cette technique permet, d’un point de vue psychologique, d’aider l’homme dans sa prise de conscience vis-à-vis de l’état de ses gamètes. En effet beaucoup d’hommes ont une difficulté à accepter l’idée que leur sperme peut mettre à mal une fécondation ou le développement d’un ovocyte. Dans ce cas d’école, sachant que l’ovocyte utilisé est d’une très bonne qualité, l’homme prend conscience de sa part de « responsabilité » dans la réussite de l’obtention des embryons de qualité. Malgré tout, cette technique mixte permet de ne pas gâcher l’ensemble des chances d’une tentative et de ne pas perdre de temps, si seule l’option du don de sperme était la conclusion.

Vivre avec le double don

Quel que soit le chemin qui amène à ce choix du double don, l’étape d’après est de vivre avec cet enfant issu de deux donneurs, mais pleinement et complétement l’enfant du couple qui fait ce choix. Nous avons parlé de la parentalité par acquisition plus haut. En effet, beaucoup ont la sensation que lorsque l’enfant naît de leur génétique, ils ne peuvent que l’aimer. Il est un peu de nous, il est le reflet d’une part de notre personne, le critiquer serait se porter préjudice. Mais la génétique n’est qu’une partie de la parentalité. Car être parent, c’est porter un enfant non pas 9 mois, mais tout au long de sa vie. C’est l’interaction, l’échange, le dialogue, l’amour…. Les règles qui feront de cet être un homme ou une femme que nous trouvons à la hauteur. La seule génétique ne suffit pas, il faut d’autres ingrédients pour qu’il évolue. Prenons un exemple : il semble que la préciosité intellectuelle se transmette génétiquement, mais si l’enfant précoce n’est pas nourri intellectuellement, il ne pourra pas développer pleinement ses capacités. C’est donc un savant mélange entre inné et acquis qui nous fait devenir ce que nous sommes. Le rôle de parent est donc essentiel, indispensable.

 Faire le choix du double don, c’est changer les gamètes défaillantes pour construire une famille ! Il est évidemment indispensable que chacun des membres du couple soit en accord avec lui-même et avec son compagnon ou sa compagne pour accueillir l’enfant et être centré sur lui et non pas sur ses tergiversations personnelles.

 
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