Innovations de l'exercice professionnel

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Innovations de l’exercice professionnel

L’exercice professionnel des médecins connait des évolutions de plus en plus importantes et de plus en plus rapides, que nous avons voulu très schématiquement représenter sur cette figure.
Nous commenterons chacune des « cases » de cette figure.
La 1ère, et qui est essentielle, est que désormais le patient (ou l’usager plus largement)  fait partie de la solution et que son rôle est essentiel dans le dialogue entre un médecin et son patient, primordial dans le partage et la compréhension de la décision, déterminant dans le domaine de la recherche, avec en particulier une question majeure qui est celle de l’effectivité du consentement des patients. Sans aller plus loin, il apparait clair que notre médecine est devenue une médecine des usages et des usagers.
La médecine a évolué vers ce qu’il est convenu d’appeler la médecine « des 4 P », c’est-à-dire prédictive, préventive, personnalisée et participative. A bien y réfléchir, ces quatre points sont essentiels et caractérisent toute la réflexion qui doit être menée pour l’exercice professionnel. Certes, la médecine reste curative, mais ses objectifs se tournent de plus en plus vers l’origine et la genèse de la pathologie et sur la meilleure façon de l’interrompre soit avant son apparition, soit d’en réduire les manifestations dès le stade infra-clinique. En revanche nous devons rester attentifs aux risques de « sur-diagnostic » et de « sur-traitement ».
C’est souligner ici le rôle incontournable du dépistage qui est devenu un facteur essentiel d’amélioration de la qualité des soins. Il est évident que le dépistage permet de réduire la mortalité, mais aussi et surtout, pourrait-on dire la morbidité des traitements.
Le 2nd point essentiel est celui de l’irruption de l’Intelligence Artificielle est des algorithmes dans la pratique médicale.
Nous parlions d’usages, mais d’ores et déjà, de nombreuses applications de l’IA et des algorithmes sont utilisés en médecine, aussi bien pour l’aide au diagnostic, l’analyse d’images, la mise en évidence d’une nouvelle sémiologie, la mise en œuvre de référentiels standardisés. Sans en être encore au stade où l’on pense (ou plutôt où l’on pensait) que l’analyse exhaustive de la littérature par des super ordinateurs permettrait d’avoir des réponses à toutes les questions, on évolue vers une médecine de plus en plus basée sur des éléments de preuves, éventuellement renforcés par la capacité qu’ont certains systèmes d’IA de s’auto-analyser et de produire eux-mêmes une amélioration des résultats par le biais du deep learning.
Il faut ici mettre l’accent sur deux points :

  • nécessité d’une labellisation ou d’une certification de ces algorithmes, qui sinon risquent de prendre l’aspect d’une « boite noire » délivrant des décisions qui seront difficilement explicables
  • privilégier l’utilisation d’IA produisant une assistance au diagnostic et non une décision de la machine elle-même. La garantie humaine restera toujours nécessaire pour analyser, expliquer et mettre en œuvre une décision aidée par l’IA.

Dans le même temps, les médecins auront une formation remise à jour régulièrement, comme ils le souhaitent eux-mêmes et comme cela est parfaitement établi dans l’article 11 du Code de Déontologie.
C’est ainsi que la recertification, et nous préférons en tant que Président du Comité de Pilotage ,le terme de « certification et valorisation périodique » des médecins, va permettre à ceux-ci de témoigner de leur vision vertueuse du maintien des connaissances et des compétences tout au long de leur vie professionnelle. Dans cette démarche, la mise en œuvre réglementaire des Conseils Nationaux Professionnels qui représentent chaque discipline est absolument essentielle comme étape, qui garantira pour chaque spécialité (y compris la médecine générale par le biais du CMG) une mise à niveau des connaissances, fixée par les professionnels de santé eux-mêmes.
Ainsi tout ceci aura pour effet de libérer du temps médical permettant aux médecins d’exprimer leur intelligence émotionnelle,  dans une relation avec leurs patients privilégiant la dimension humaine. La qualité du dialogue, l’analyse du contexte personnel et familial de chaque patient, la synthèse des données, le partage de la décision et de la surveillance constitueront ce qu’il est convenu d’appeler un exercice professionnel personnalisé, ayant retrouvé du temps médical et de la sérénité . Dans cette démarche, comme nous l’avons déjà dit, le rôle des patients est essentiel, y compris lorsqu’en accord avec le médecin, ils partageront une décision de transgression par rapport à un standard de traitement, parce que c’est la volonté du patient .
Enfin, nous ne pouvons pas terminer cette revue de l’évolution de l’exercice professionnel sans rappeler qu’il est indispensable dans le même temps de revoir de façon « refondatrice » la transmission des savoirs et de faire évoluer la formation des médecins et plus largement de celle de tous les personnels de Santé ,tant notre exercice est désormais et de façon incontournable multidisciplinaire et multi professionnel .
Par ailleurs il faut integrer une nouvelle recherche dite inversée, qui permettra à partir des résultats obtenus grâce à l’IA et à des masses de données importantes, de soulever de nouvelles hypothèses physiopathologiques et thérapeutiques.Il faut egalement faciliter la recherche in silico qui constitue une étape virtuelle essentielle.

 
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