La PMA pour toutes : comment les mamans solos et les couples de femmes vivent psychologiquement ce parcours ?

Depuis août 2021, la France par sa nouvelle Loi de Bioéthique, a voté le droit pour toutes les femmes d'avoir accès aux traitements de Procréation Médicalement Assistée.

Cette modification de la loi qui était très attendue pour ces femmes qui devaient jusqu'alors se rendre à l'étranger, va amener dans les cabinets des médecins de nouveaux profils de patientes, avec leurs attentes, leurs peurs et questions. Petit zoom sur le vécu et ressenti psychologique de ces femmes en quête de maternité !

LES MAMANS SOLOS

Ces dernières années, nous pouvons constater que le nombre de femmes sans partenaires qui s'engagent dans une démarche de PMA est grandissant. Depuis la promulgation de la loi, il est à noter que les demandes des femmes seules sont plus nombreuses que celles des couples de femmes. Ces patientes ont en moyenne plus de 35 ans, car elles ont, pour beaucoup d'entre elles, attendu de rencontrer le partenaire « idéal » pour faire un enfant, mais l'horloge biologique finit également par reprendre ses droits.  

Rencontre qui n'a pas abouti ou couple qui a échoué, peu importe. Elles décident alors de ne pas passer à côté de leur désir d'enfant et d'aller au bout de leur démarche. Ce n'est donc pas un caprice, ce sont des femmes qui, dans la majorité des cas, arrivent avec une décision mûrement réfléchie en tête. 

En fonction de leur profil médical, différentes techniques de PMA leurs seront proposées.

Il est à noter que, dans la plupart des cas, les femmes seules souhaitent préserver leur patrimoine génétique avant tout ! C'est à dire, faire appel à un don de sperme, oui, c'est acquis et acté. Mais, faire un double don, c'est une autre réflexion et un autre chemin.

L'idée du don de sperme est tout à fait acceptée, puisqu'il n'y pas l'autre pour faire cet enfant. Le fait de préserver sa génétique est une manière pleine et entière d’être la Mère et de lui transmettre ses propres caractéristiques. La question essentielle des « mamans solos » est : suis-je égoïste de faire cet enfant seule ? Lorsque le lien génétique est présent, cette question centrale semble moins prégnante et moins complexe à résoudre.

En revanche, lorsque la qualité ovocytaire n'est plus au rendez-vous et que le double don est la seule solution pour obtenir la grossesse, la question de l’égoïsme redevient centrale !

Que vais-je transmettre de moi à mon enfant ? Ne suis-je pas en train de verser dans l’égoïsme pur d'avoir un enfant à tout prix ?

Il est donc primordial pour ces femmes de pouvoir aller au bout de leur démarche de PMA avec leurs propres ovocytes afin de faire le chemin nécessaire psychologiquement et d'accepter l'état de fait d'un dysfonctionnement et d'un échec assuré avec leurs propres ovocytes. Ce chemin peut ainsi les amener en douceur vers l'acceptation du double don et donc d'une maternité tout aussi pleine et satisfaisante.

LES COUPLES DE FEMMES

Autre démarche et autres profils. Dans le cas des couples de femmes, la question de départ est différente, puisqu’il s'agit alors d'une décision de couple. Décision qui se discute comme dans n'importe quel couple. En revanche, la différence notable dans cet échange autour du désir de parentalité est : qui donnera ses ovocytes ? Et qui portera l'enfant ? Deux questions fondamentales et fondatrices pour le couple, car dans le cas présent les deux membres du couple peuvent être actrices.

Dans un couple hétérosexuel, la question ne se pose pas. Les rôles sont évidents d'un point de vue biologique j’entends !

Cette étape de décision dans les couples homosexuels est très importante car il faut entendre les doutes, les peurs ou les réticences de chacune pour que le couple se sente à l'aise avec la place de chacune. C'est à l'issue de cet échange et de cette réflexion que la majorité des couples arrivent en PMA. C'est lorsque cette question fondamentale n'est pas résolue que les soucis sont les plus présents. Il s'agit alors d'accompagner les patientes dans un travail thérapeutique en couple et de manière individuelle.

LES QUESTIONS FONDAMENTALES POUR LES FEMMES EN PMA

Nous voyons et entendons aujourd'hui de nombreuses femmes, en couple homo ou hétéro, seules peu importe le statut, qui  souffrent de leurs vie de mères, de leur place dans la société en tant que mère, et du regards des autres.

Il faut donc aborder ce sujet avec les femmes dans ces parcours. La difficulté à faire un enfant est une chose, mais la place occupée ensuite est toute aussi essentielle. Notamment lorsque le schéma parental est différent des autres. Comment dois-je expliquer à mon enfant mes choix ? Comment lui parler de notre différence et faire en sorte qu'elle ne soit pas un poids ?

Toutes ces questions sont fondamentales à la construction des femmes dans leur parentalité mais également des enfants à venir.

Il faut également souligner que les préjugés ont la vie dure et beaucoup d'opposants à la promulgation de cette loi ont souligné le côté dangereux des enfants nés sans père.

Rappelons que de nombreuses études ont été menées sur le ressenti des enfants nés « sans père ». Tous les études montrent aujourd'hui que les enfants chez qui des dysfonctionnements psychologiques existent sont des enfants pour lesquels l'environnement familial était défaillant, quel que soit le schéma de la famille. Ce qui signifie que les couples de femmes ou les mamans solos ne connaissent pas plus de difficultés dans l'éducation de leurs enfants.

Enfin, n'oublions pas que la construction d'un individu se fait en complément des parents via d'autres figures emblématiques, comme d'autres membres de la famille (grands-parents notamment), des ami(e)s, professeurs, collègues..etc. 

Il est donc essentiel de remettre le mot DESIR au centre de ces parcours, c'est lui qui permet aux femmes de cheminer et d'accepter. Notre vigilance doit être portée sur ce point, nous connaissons les techniques de PMA, elles sont rodées, mais l'être humain et ses complexités doivent être au cœur de notre travail et de notre vigilance pour accueillir au mieux ce désir et l’aider à se matérialiser.

 
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