Hormonothérapie du cancer du sein, plus c’est long, plus c’est bon

L’hormonothérapie adjuvante des cancers du sein RH+ diminue le risque de récidive du cancer du sein et majore la survie des patientes1. Un traitement de 5 ans par tamoxifen réduit de moitié le risque de récidive au cours des 5 premières années puis de près d’un tiers au cours des 5 années suivantes avant que cet effet ne s’estompe. Ce même traitement démontre en revanche un bénéfice en termes de survie spécifique qui se prolonge jusqu’à 15 ans avec une réduction de l’ordre d’un tiers du nombre de décès liés au cancer du sein.

La question de la durée optimale de l’hormonothérapie a taraudé les praticiens depuis des décennies. Ce particulièrement dans la mesure où les cancers du sein RH+ sont redoutés pour leur capacité à rechuter tardivement.

Deux essais récents viennent d’apporter de l’eau au moulin d’une hormonothérapie prolongée : ATLAS (publiée dans le Lancet fin 2012 2) et ATTOM (présenté à l’ASCO en mai 2013, publication attendue). Ces deux articles assez similaires ont inclus près de 17.000 patientes ayant déjà reçu 5 ans de tamoxifen pour un cancer du sein. Elles concluent toutes les deux à un bénéfice significatif, non seulement en termes de diminution du risque de récidive, mais également en termes de survie et ce surtout après 10 ans (9% de réduction de risque de décès sur toute la période et 16% si l’on s’intéresse à la période au delà de 10 ans). Ce bénéfice est d’ailleurs certainement sous-estimé dans l’étude ATTOM où les résultats sont donnés pour l’ensemble de la population alors que 60% des patientes avaient un statut RH inconnu.

Le prix à payer de cette hormonothérapie prolongée est une augmentation modérée (en nombre absolu) du risque de cancer de l’endomètre.

L’essai MA-17 avait quant à lui déjà démontré le bénéfice de prolonger l’hormonothérapie des patientes ménopausées, au delà de 5 ans de tamoxifen, par du letrozole 3– notamment en termes de survie globale chez les patientes N+ 4.

Plusieurs questions restent cependant en suspend :

  • quelle population de patientes bénéficie le plus de cette stratégie thérapeutique prolongée ? A qui faut-il la proposer ?
  • quelle modalité d’hormonothérapie doit-on proposer chez les patientes ayant déjà reçu 5 ans de tamoxifen ? tamoxifen ou inhibiteur de l’aromatase ?
  • D’autres sont encore débattues ou en attente de réponse par des essais :
  • existe-t-il une hormonothérapie adjuvante prolongée pour les patientes après 5 ans d’inhibiteur de l’aromatase ?
  • les données des études ATTOM et ATLAS sont-elles extrapolables aux patientes ayant reçu de la chimiothérapie ?

Nul doute que nos référentiels sur la prise en charge du cancer du sein RH+ connaitront une mue prochaine.

Ref

  1. Davies C, Godwin J, Gray R, et al. Relevance of breast cancer hormone receptors and other factors to the efficacy of adjuvant tamoxifen: patient-level meta-analysis of randomised trials. Lancet 2011;378(9793):771–84.
  2. Davies C, Pan H, Godwin J, et al. Long-term effects of continuing adjuvant tamoxifen to 10 years versus stopping at 5 years after diagnosis of oestrogen receptor-positive breast cancer: ATLAS, a randomised trial. Lancet 2012;
  3. Goss PE, Ingle JN, Pater JL, et al. Late extended adjuvant treatment with letrozole improves outcome in women with early-stage breast cancer who complete 5 years of tamoxifen. J Clin Oncol 2008;26(12):1948–55.
  4. Jin H, Tu D, Zhao N, Shepherd LE, Goss PE. Longer-term outcomes of letrozole versus placebo after 5 years of tamoxifen in the NCIC CTG MA.17 trial: analyses adjusting for treatment crossover. J Clin Oncol 2012;30(7):718–21.

 
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