FIV avant traitement d’un cancer : les patientes sont de mauvaises répondeuses

L’augmentation de la survie après traitement d’un cancer et le risque majeur d’infertilité occasionnée par les thérapeutiques ont conduit le monde médical à une importante réflexion autour de la préservation de la fertilité des jeunes patientes atteintes de cancer. Les cancers le plus souvent rencontrés dans cette population concernent le sein, le col utérin, mais on retrouve aussi bon nombre de mélanomes,  lymphomes et leucémies. Les thérapeutiques utilisées altèrent le plus souvent considérablement la réserve ovarienne. Diverses méthodes de préservation de la fertilité sont à ce jour utilisées ou en voie de développement : fécondation in vitro avec congélation d’embryons, cryo-préservation ovocytaire ou congélation de tissu ovarien avec auto-transplantation ultérieure. Le nombre et la qualité des ovocytes recueillis sont des facteurs prédictifs essentiels de l’efficacité de ces procédures.

L’existence d’un cancer pourrait en soi avoir un effet négatif sur le système reproducteur. Chez les hommes, le nombre et la qualité des spermatozoïdes sont altérés dans certains cancers comme les lymphomes et les cancers des testicules. Chez la femme, il semblerait y avoir une influence négative sur la qualité et les performances des ovocytes mais aussi sur la fonction gonadotrope.

Une revue récente, parue dans Fertility and Sterility, rapporte les données de la littérature sur la réponse ovocytaire aux stimulations ovariennes réalisées chez de jeunes patientes avant leur traitement pour cancer. Un total de 7 études rétrospectives, cas-contrôles, ont été analysées. Les contrôles étaient des femmes saines, appariées sur l’âge, bénéficiant des mêmes protocoles de FIV.

Dans 4 études, 73% des cycles utilisaient un antagoniste du GnRH et concernaient 159 patientes pour 165 cycles. Dans 3 des études, un traitement par anti-estrogène était associé, jusqu’au jour de l’injection d’HCG, pour les femmes atteintes de cancer du sein afin de limiter l’exposition à une trop forte hyper-estrogénie.

Comparativement aux groupes contrôles, on notait chez les malades : - une dose totale de gonadotrophines significativement inférieure, - une durée de stimulation identique, - un pic d’estradiol le jour du déclenchement plus bas, - un nombre d’ovocytes matures recueillis inférieur, - un taux de fertilisation identique, - un plus grand taux de mauvaises répondeuses et d’abandon de stimulation.

Les conditions de stress ainsi que l’état général et nutritionnel des malades peuvent expliquer en grande partie les mauvais résultats obtenus. Il pourrait de plus exister une relation négative associant cancer, réserve ovarienne et qualité ovocytaire. Cette revue ne permet pas de différencier les résultats en cas de cancer localisé ou systémique, comme les lymphomes ou leucémies. 

Des questions restent à discuter pour chaque patiente : - peut-on se permettre de différer le début des traitements du cancer d’un délai allant de 11 à 40 jours selon les protocoles? – peut-on proposer une autre alternative : congélation d’ovocytes, cryopréservation de tissu ovarien ? – quels sont les résultats de ces différentes  techniques de préservation de la fertilité sur le moyen et long terme ? La congélation embryonnaire semble, à ce jour, la technique qui offre le plus de chance de grossesses mais impose que la patiente soit déjà en couple.

 

S Friedler, O Koc, Y Gidoni, A Raziel, R Ron-El. Ovarian response to stimulation for fertility preservation in women with malignant disease : a systematic review and meta-analysis. Fertil Steril 2012;97:125-33.

 
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