Microbiote intestinal ou vaginal : un effet sur les infections à HPV ?

Les infections virales sont responsables d’une morbidité et mortalité considérables dans le monde et l’on s’en rend bien compte depuis cette pandémie persistante de la COVID 19 que nous vivons tous.

Ces infections peuvent être favorisées par des facteurs multifactoriels le plus souvent « externes » comme entre autres : le changement climatique, une mobilité mondialisée des personnes et des biens ou des marchandises, la rapidité de l’expansion démographique…, mais plus récemment certains facteurs « internes » ou intrinsèques semblent intéresser les équipes de recherche.

Ainsi les déséquilibres du microbiome intestinal semblent jouer un rôle de régulation des mécanismes de défenses immunitaires contre les infections virales (ceux-ci peuvent être favorisés par : un déséquilibre néo-natal initial, une exposition aux antibiotiques, un vieillissement, un régime alimentaire et/ou des phénomènes inflammatoires).

Les auteurs précisent les résultats préliminaires d’études semblant montrer que l’utilisation de thérapeutiques visant à rétablir ou modifier ce microbiote peuvent influencer l’évolution ou même la prévention d’affections virales comme les gastro-entérites, les hépatites, les affections respiratoires, le SARS CoV 2 ou le HIV voire aussi les HPV, sans que les mécanismes précis de leur action immunologique en soient véritablement caractérisés ou bien compris.

Ainsi en gynécologie, l’infection par les HPV qui est comme chacun sait, un des virus les plus fréquemment transmis parmi la population sexuellement active peut-être responsable en cas de persistance, du développement de lésions pré cancéreuses voire de cancers invasifs du tractus génital féminin dont le plus fréquent est celui du col utérin, mais si l’infection par un HPV à haut risque est nécessaire à la survenue de telles lésions, la plupart des sujets infectés par un HPV ne développeront pas de lésion suspecte.

Les auteurs évoquent la possibilité du rôle de facteurs locaux & individuels de susceptibilité liés : à l’intégrité de la surface épithéliale, à la qualité des secrétions cervico-vaginales et de l’immunité locale, tous facteurs que certaines études semblent relier à la nature du microbiote vaginal. Ainsi les auteurs citent l’ensemble des études préliminaires publiées qui semblent mettre en évidence un lien entre persistance des HPV voire développement de lésions atypiques et déséquilibre de la flore vaginale déterminées par l’analyse du microbiote de population de patientes, comme par exemple la persistance d’une vaginose bactérienne ou la présence de profils bactériens pathologiques chez celles développant des lésions de haut grade. Certaines « courtes études » semblent même montrer l’effet bénéfique de traitements locaux (utilisation de 2 probiotiques : Lacticaseibacillus rhamnosus GR-1 & Limosilactobacillus reuteri RC-14) visant à restaurer la flore vaginale sur la clairance des HPV (clairance de l’HPV  chez 19% des contrôles  versus 29% des patientes traitées par probiotiques (P=0.41).), voire même sur les « anomalies cytologiques » (P= 0.017).

L’utilisation de ces probiotiques pourraient restaurer un microbiote vaginal plus propice à l’équilibre immunitaire nécessaire à la disparition locale des infections à HPV.

Bien évidemment l’ensemble de ces études ne permet pas d’envisager dès aujourd’hui un traitement local devant une infection à HPV ou devant la présence d’une lésion de bas grade, mais il n’est pas impossible que des facteurs locaux puissent être demain corrigés après « analyse » du microbiote afin d’aider nos patientes porteuses « chroniques » ou persistantes d’une infection par un papillomavirus à bas ou haut risque afin d’éviter peut-être le développement de lésions atypiques. Une piste de « l’écologie vaginale » peut-être à suivre, en tous cas à explorer plus avant…Notamment quand on songe aujourd’hui aux traitements chirurgicaux que nous avons connus pour l’ulcère de l’estomac ou du duodénum et du rôle désormais reconnu de l’Helicobacter pylori…

Viral Infections, the Microbiome, and Probiotics.

Harper A, et al. Front Cell Infect Microbiol. 2021.

Ashton Harper 1Vineetha Vijayakumar 1Arthur C Ouwehand 2Jessica Ter Haar 3David Obis 4Jordi Espadaler 5Sylvie Binda 6Shrilakshmi Desiraju 7Richard Day 1

 

 
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