L’article de Francisca MARTINEZ et coll. (Service de Médecine de la Reproduction Hôpital Universitaire Dexeus, BARCELONE, Espagne) avait pour but d’évaluer l’intérêt de doser la progestérone plasmatique lors du cycle d’induction d’ovulation en fécondation in vitro (FIV) le jour du déclenchement de l’ovulation par HCG.
Depuis les années 1990, avec plus de 60 études publiées, avec des protocoles utilisant les agonistes ou les antagonistes de la Lh-Rh, indispensables à supprimer la sécrétion endogène de Lh, il a été évoqué que l’augmentation prématurée de la progestérone plasmatique qui reflète le taux global de progestérone sécrétée par les cellules de la granulosa des follicules matures, avait un impact sur les taux de grossesse en FIV.
4 méta-analyses publiées récemment avaient néanmoins eu des conclusions variables ; la plus récentes de ces méta-analyses (VENETIS, TARLATZIS et coll., Human Reprod. Date 2013) avait inclus 63 études et près de 60.000 cycles de FIV : cette méta-analyse avait conclu à la probabilité d’une diminution des taux de grossesse dans les cycles de FIV lorsque la progestérone dosée le jour de l’HCG était élevée ; les auteurs avaient néanmoins admis qu’un biais de sélection ne pouvait être exclu, car la plupart des études étaient rétrospectives.
Une des raisons probables de ce résultat contradictoire était la variabilité du « cut-off » des valeurs considérées par les différents auteurs, valeurs qui variaient entre 0,8 et 3 ng/ml.
Néanmoins, l’étude de BOSCH et coll. (Human Reprod. 2010), qui avait analysé près de 4000 cycles de FIV, avait conclu qu’une valeur de progestérone plasmatique le jour de l’HCG supérieure à 1,5 ng/ml était le « tournant déterminant » dans les variations d’expression de gêne au niveau de l’endomètre.
Il existe maintenant un consensus sur le fait que cette élévation prématurée de progestérone a un impact négatif sur l’endomètre puisqu’aucun effet délétère n’a été documenté sur les cycles d’embryons après décongélation ou sur les cycles de dons d’ovocytes.
L’objectif de l’équipe du Centre Dexeus était donc de revoir si le niveau de progestérone lors de l’HCG, avait ou pas, une valeur prédictive sur le taux de grossesse et de ce fait, de pouvoir adapter les stratégies recommandées dans la littérature.
L’étude de F. MARTINEZ a porté sur les cycles de FIV avec ICSI et transferts embryonnaires frais réalisés entre 2009 et mars 2014 :
- 1906 de traitements ont été inclus et analysés,
- 1506 patientes ont été traitées sur un cycle utilisant des antagonistes de la Lh-Rh,
- 390 patientes ont été traitées sur un cycle utilisant les agonistes de la Lh-Rh,
- 38,2% des patientes ont été stimulées avec de la FSH recombinant isolée,
- 61,8 % des patientes ont reçu une combinaison FSH recombinant et d’HMG.
Pour homogénéiser la population étudiée, seuls les transferts embryonnaires à J3 ont été inclus dans l’étude.
- En termes de résultats, le taux d’implantation globale était de 26,1 %, le taux de grossesses par transfert embryonnaire était de 38,7 %.
Le taux de grossesses à terme était de 579 grossesses singletons, 152 grossesses multiples, dont une grossesse triple.
- Taux de progestérone au jour de l’HCG :
Ce taux de progestérone était noté plus élevé dans les protocoles agonistes, en comparaison des protocoles antagonistes : Pg 1,13 +/- 0,69 ng/ml / 0,97
+/-0,50 ng/ml.
Ce taux de progestérone était également légèrement supérieur chez les patientes ayant reçu un traitement par FSH recombinant, en comparaison des patientes ayant reçu un traitement FSH recombinant et HMG.
Le taux de grossesses était corrélé au nombre d’ovocytes, les auteurs ne retrouvent pas de corrélation entre le taux de progestérone dosé le jour de l’HCG et le taux de grossesse, et ce quel que soit le type de traitement utilisé.
Si les auteurs avaient suivi les résultats de l’analyse de VENETIS et TARLATZIS dans la population étudiée, lorsque le taux de progestérone était supérieur à 2 ng/ml, le transfert embryonnaire n’aurait pas été réalisé chez 72 patientes, et de ce fait,
31 naissances à terme ne seraient pas survenues.
Les auteurs concluent de leur étude qu’ils ne retrouvent de « cut-off » du taux de progestérone qui justifierait un abandon du cycle de transfert d’embryon frais, et se posent la question de savoir si le dosage de progestérone, le jour du déclenchement d’HCG est toujours et/ou encore d’actualité.
Should progesterone on the human chorionic gonadotropin day still be measured ? – Francisca MARTINEZ, Ignacio RODRIGUZ, Marta DEVESA, Rosario BUXADERAS, Maria José GOMEZ, Buenaventura Coroleu (Servicio de Medicina de la Reproduccion, Department of Obstetrics, Gynecology and Reproduction, Hospital Universitario, Quiron Dexeux, Barcelona, Spain) - Fertility and Sterility Vol, 105 n°1 January 2016 0015-0282 p.86-92