Transplantation ovarienne de cellules souches autologues hematopoïetiques

La communication du Docteur Sonia HERRAIZ, lors des 18e Journées sur l’Assistance Médicale à la Procréation de l’Hôpital Américain de PARIS (NEUILLY, novembre 2017) a porté sur l’activation folliculaire après transplantation intra-ovarienne de cellules souches autologues hématopoïétiques (ASCOT : Autologus Stem Cells Ovarian Transplant).

« Comment réparer » le vieillissement inéluctable des ovaires, prendre en charge les insuffisances ovariennes précoces, qu’elles soient idiopathiques ou consécutives à une chimiothérapie ?

Les travaux menés par le Professeur PELLICER, le Docteur HERRAIZ et leurs collaborateurs reposent sur l’hypothèse que la stimulation folliculaire ovarienne pourrait être favorisée par l’injection, via l’artère fémorale, intra-ovarienne de cellules souches autologues issues de la moelle épinière.

Pour le Professeur PELLICER, les cellules souches hématopoïétiques autologues agissent comme un stimulant de la croissance folliculaire chez des patientes réfractaires aux traitements médicaux classiques d’induction d’ovulation.

Pour vérifier l’effet potentiel régénératif de ces cellules (Bone Marrow-Derived Stem Cells, BMDSC), l’étude a été réalisée en plusieurs phases :
 

1/ Chez la souris, exposée à une chimiothérapie, une insuffisance ovarienne artificielle a été créée et une perfusion de BMDSC a été pratiquée au niveau ovarien.

- Les chercheurs ont constaté une augmentation de la vascularisation ovarienne, de la prolifération cellulaire et une diminution de l’apoptose.

- En termes de fertilité, l’étude a montré des résultats positifs sur le nombre de follicules pré-ovulatoires, d’ovocytes à 2 pronuclei et d’embryons.

- Ces résultats ont également été confirmés lorsqu’a été réalisée une xénogreffe de cortex ovarien humain chez des souris SCI, immunodéficientes et ovariectomisées.
 

2/ A partir de ces résultats encourageants, les auteurs ont mené une étude prospective chez 13 femmes présentant une insuffisance ovarienne prématurée (IOP).

- Les cellules souches autologues de la moelle épinière ont été isolées par aphaeresis après traitement par G-CSF.

L’injection intra-ovarienne a été pratiquée par cathétérisme de l’artère ovarienne par voie fémorale.

Les taux d’hormone anti-müllerienne (AMH) et le compte de follicules pré-antraux ont été suivis pendant 5 mois, une stimulation ovarienne étant réalisée lorsque le compte de follicules pré-antraux était considéré comme satisfaisant.

 

Résultats :

- L’ASCOT a permis de retrouver une augmentation significative du compte folliculaire dès la 2ème semaine de traitement.

- Une réponse positive des marqueurs de la réserve ovarienne (nombre de follicules supérieur ou égal à 3 et augmentation par un facteur 2 à 3 des taux d’AMH) a été retrouvée chez 69,2 % des patientes présentant une insuffisance ovarienne prématurée.

- Sur un total de 22 protocoles de fécondation in vitro réalisés chez 11 patientes après ASCOT, un recueil ovocytaire a été possible chez 80,8 % des femmes après induction d’ovulation.

23 embryons ont atteint le stade de blastocystes mais après analyse pré-implantatoire, seulement 2 embryons euploïdes ont pu être transférés.

 

Au total, en termes de grossesses : 2 grossesses ont été obtenues après fécondation in vitro, 2 grossesses spontanées sont survenues, et à ce jour, 2 grossesses ont été menées à terme avec naissance d’un enfant vivant.

Pour les auteurs, la transplantation intra-ovarienne de cellules souches hématopoïétiques permet une amélioration de la fonction ovarienne chez les femmes présentant une insuffisance ovarienne prématurée.

Ces résultants encourageants peuvent donc être proposés comme alternative à des couples n’envisageant pas le don d’ovocyte.

 
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