Tératospermie avec globozoospermie, rare mais grave

Globozoospermia syndrome : An update

Farzaneh FESAHAT, Ralf HENKEL, Ashok AGARWAL
(Andrologia 2019 ; 00 : 13459)

 

F. FESAHAT et coll. (Reproductive Immunology Research Center, IRAN ; Department of Medical Bioscience, AFRIQUE DU SUD ; American Center for Reproductive Medicine, Cleveland Clinic, USA) analysent dans cet article les conséquences de la globozoospermie, exemple de tératospermie rare mais grave, ses conséquences sur la fertilité masculine, l’implication de désordres génétiques et les possibilités thérapeutiques.

La globozoospermie a été décrite en 1976 par WOLFF, SCHILTZ et MORITZ.

Elle se définit comme une anomalie spermatique incluant une tête ronde, dépourvue d’acrosome, avec anomalie du cytosquelette nucléaire et de la queue du spermatozoïde.

DAM et coll. (2006) ont également retrouvé la présence de « vacuoles cytoplasmiques » autour du noyau et de la pièce intermédiaire du spermatozoïde.

Selon DAM et al., VICARI et al. (2006 et 2011), il existe également des cas de globozoospermie partielle avec 20 à 90 % des spermatozoïdes dépourvus d’acrosome, rendant ainsi impossible la pénétration du spermatozoïde dans la zone pellucide.

Selon les études, la prévalence de globozoospermie chez les hommes infertiles varie entre 0,5 et 2 %.

Les paramètres du sperme accompagnant cette globozoospermie sont-ils modifiés ?

En dehors de la tératospermie :

- il n’y a pas de diminution du volume séminal,

- il y a une diminution de la concentration des spermatozoïdes par millilitre et de la mobilité des spermatozoïdes,

- les études en microscopie électronique ont montré une augmentation notable des vacuoles au niveau de la tête du spermatozoïde.

Fragmentation de l’ADN spermatique et décondensation de la chromatine

- Les études les plus récentes ont montré, dans les cas de globozoospermie, des anomalies de la chromatine avec augmentation de la fragmentation de l’ADN spermatique :  il y a une augmentation de l’index de fragmentation de l’ADN spermatique et une positivité des spermatozoïdes pour la Chromomycin A3 (CMA3).

- D’une façon générale, deux facteurs protègent le spermatozoïde des effets délétères du ROS (Reactive Oxygen Species) :

  • une condensation de chromatine avec protection du DNA spermatique,
  • la présence d’anti-oxydants dans le sperme.

De ce fait, les spermatozoïdes ayant une réduction de protamination et de condensation de chromatine sont plus sensibles au stress oxydatif avec réduction des chances de fertilisation de l’ovocyte.

Les aspects génétiques

Une origine génétique a été évoquée, du fait de la prévalence de globozoospermie dans certaines familles.

Chez la souris, les auteurs ont noté l’implication d’une protéine kinase « casein.kinase 2 » (CK2).

Chez l’homme, des phénomènes de mutation de 3 gènes semblent impliqués : gène SPATA16, gène PICK1 et gène DPY-19-LIKE2.

La mutation génétique la plus fréquemment rencontrée intéresse une délétion homozygote du gène DPY-19-LIKE2 située sur le chromosome 12.

Une étude récente de GHAZAVI et coll. (2018) a montré une augmentation notable de ce type de mutation chez des couples présentant une consanguinité avec un risque plus élevé de globozoospermie.

Quelle prise en charge proposer ?

- La première grossesse obtenue après ICSI a été rapportée en 1995 par l’équipe de LIU.

- De nombreux auteurs ont néanmoins constaté une diminution importante du taux de fécondation, une diminution de l’activation ovocytaire due à une diminution de condensation de la chromatine et d’augmentation de la fragmentation de l’ADN spermatique, phénomènes qui ne sont pas toujours corrigés par l’ICSI.

Trois raisons peuvent expliquer la diminution des succès de l’ICSI dans la globozoospermie :

  • inhibition ou absence du facteur SAOAF (Ovocyt Activating Factor),
  • la diminution de la condensation de chromatine et l’augmentation de la fragmentation de l’ADN spermatique peuvent entraîner un échec de la décondensation nucléaire qui, dans une situation normale, favorise les premières étapes du développement embryonnaire,
  • il est probable que les échecs de l’ICSI puissent être également liés à une augmentation des taux d’aneuploïdie des spermatozoïdes dans les cas de globozoospermie complète.

- Une autre voie de recherche intéressante a été proposée par plusieurs auteurs (TAVALAEE (2018), KOCHHAR (2018)) : elle consiste à associer à l’ICSI une activation ovocytaire artificielle (AOA) notamment chez des patients présentant certaines mutations génétiques (PLC and post-acrosomal sheath WW domain-binding protein).

- Certains auteurs (BARTOOV (2002) et TALEBI (2018)) ont proposé l’utilisation de l’IMSI qui permet de magnifier le spermatozoïde à un grossissement de 6000, ce qui permet de visualiser la quantité de vacuoles péri-nucléaires au niveau du cytoplasme du spermatozoïde.

Conclusion

Pour les auteurs, la globozoospermie est un des rares cas de tératospermie majeure, responsable d’une infertilité masculine, alors qu’elle n’est pas toujours associée à une oligo-asthéno-spermie.

Ils rappellent la corrélation importante entre globozoospermie, anomalie de condensation de la chromatine et augmentation de la fragmentation du DNA spermatique, responsables malgré l’ICSI des taux moindres des taux de fécondation ovocytaire et de développement embryonnaire.

Les auteurs rappellent également les problèmes de risques de transmission possible du fait des mutations génétiques intéressant notamment le gène DPY.19.L2 justifiant l’implication d’un conseil génétique, voire, dans certains cas, la réalisation d’un diagnostic pré-implantatoire de l’embryon.

 
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