Réceptivité endométriale : aspect immunitaire

Immunology and implantation

Nathalie LÉDÉE (Matrice-Lab Innove, Hôpital COCHIN, PARIS,
Centre AMP Hôpital Pierre ROUQUES, PARIS, France)
26èmes COGI  (Londres) novembre 2018
Abstract 59.2018

 

La communication de Nathalie LÉDÉE, à l’occasion des 26èmes Journées de Controverses en Obstétrique, Gynécologie et Infertilité (COGI) porte sur l’étude immunitaire de l’endomètre et ses effets sur l’implantation embryonnaire après fécondation in vitro.

 

November

 

Une réaction immunitaire est nécessaire durant la « fenêtre » d’implantation endométriale et est importante :
- pour promouvoir l’adhésion embryonnaire sur l’endomètre,
- réguler la phase d’invasion trophoblastique sur l’endomètre.
On estime qu’un pourcentage pouvant aller jusqu’à 30 à 50 % des échecs d’implantation embryonnaire est lié à une réceptivité endométriale inadéquate.
La décidualisation du compartiment stromal se déroulant indépendamment de l’embryon, les auteurs évoquent la possibilité qu’une analyse biochimique et immunitaire de l’endomètre en fenêtre implantatoire (qui se constitue 4 à 9 jours après l’ovulation) puisse être informative en termes de diagnostic.
L’étude de l’environnement endométrial repose sur un équilibre dans le processus de réceptivité utérine et devrait être théoriquement Th-2 dominant avec une mobilisation active de cellules natural killers (NK cells) matures mais non cytotoxiques.
L’hypothèse de travail de cette étude est que les patientes présentant des échecs répétés d’implantation embryonnaire (Repeated Implantation Failure – RIF) et/ou des fausses couches à répétition (Repeated Miscarriage – RM) présentent une dérégulation immunitaire au niveau de la muqueuse utérine et une présence inadéquate de certaines cellules immunitaires capables de modifier ce phénomène de dérégulation après transfert embryonnaire.

Etude du profil immunitaire
L’étude est réalisée à partir d’une biopsie d’endomètre réalisée en phase lutéale.
L’examen permet d’analyser :
- la présence des cellules NK au niveau utérin, leur mobilisation, leur activation et leur état de maturation,
- l’analyse immunologique étudie également l’équilibre immunitaire entre les Th-1 (cytotoxiques) et les cytokines Th-2 angiogéniques et immunotrophiques,
- les biomarqueurs IL-15/Fn-14 (maturation et état d’hyperactivation des cellules NK) et les ratios de RNA-messager des IL-18/TWEAK ont été déterminés par étude PCR et immunochimie de la mobilisation CD56.

 

fertilité

 

Les interleukines 15 et 18 agissent sur le recrutement et la maturation des cellules NK utérines et l’angiogénèse locale.
Le facteur TWEAK agit comme immuno-régulateur de tolérance et de protection de l’embryon vis à vis de la cytotoxicité des cellules NK via l’interleukine 18.
Selon le Docteur LÉDÉE, les mécanismes de défaut d’implantation embryonnaire pourraient être de deux types : soit déplétion des cytokines avec défaut de réactivité immunitaire, soit excès de cytokines avec défaut de modulation immunitaire.
Selon le Docteur LÉDÉE, il est ainsi possible d’individualiser un profil immunitaire chez une patiente ayant déjà eu des échecs d’implantation embryonnaire et de proposer différents types de schémas thérapeutiques selon ce profil immunitaire.
Ces schémas sont de deux types :
1/ en cas de déplétion cytokinique : éviter l’hyper-imprégnation hormonale en oestradiol, induire une mobilisation des cellules NK par l’HCG en phase lutéale, proposer une biopsie d’endomètre ou un « scratching endométrial » en phase lutéale du cycle précédant le traitement de FIV, avoir des rapports, le liquide séminal ayant un rôle d’augmentation des prostaglandines.
2/ en cas d’excès de cytokines, le but est de favoriser l’hyper-imprégnation hormonale, d’adjoindre des anti-inflammatoires non stéroïdiens, des antibiotiques, et d’administrer des doses plus élevées de progestérone dont le rôle immuno-suppresseur en phase lutéale est reconnu.

 

Conclusion
Les premières études prospectives ayant permis de réaliser une analyse pré-thérapeutique du profil immunitaire et de proposer une thérapeutique ciblée chez des patientes ayant présenté soit des échecs répétés d’implantation embryonnaire, soit des fausses couches répétées, ont été concluantes avec une augmentation significative des taux de grossesses à terme et d’une diminution des fausses couches spontanées.
Les auteurs s’accordent sur la nécessité d’une étude prospective randomisée, qui est actuellement en cours et sera présentée en 2020.

 
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