Préservation de la fertilité féminine - Quel est l’impact des nouvelles lois de bioéthique ?

La récente révision des lois relatives à la bioéthique a ouvert de nouvelles perspectives dans de nombreux champs de l’Assistance Médicale à la Procréation (AMP) en France.

Parmi ceux-ci, figure la possibilité pour les femmes âgées de 29 à 37 ans, indemnes de toute pathologie médicale, de pouvoir congeler des ovocytes.

Il est vrai que cette évolution était particulièrement attendue tant de la population féminine que des médecins et biologistes de la reproduction, dans la mesure où elle constitue à ce jour la seule possibilité de lutter indirectement contre les effets physiologiques du tems sur le déclin de la fonction ovarienne.

Si la congélation d’ovocytes était possible jusqu’à présent chez les femmes qui présentaient une pathologie dont l’histoire naturelle ou les traitements pouvaient impacter leur fertilité, beaucoup de femmes qui avaient, à juste titre, conscience des enjeux de la baisse de la fertilité avec l’âge, et qui n’avaient pas de projet de grossesse à court ou moyen terme, se rendaient à l’étranger pour réaliser des cycles de vitrification ovocytaire.

Bien qu’elle ne représente en rien une garantie de grossesse, elle laisse pour beaucoup de ces femmes, l’espoir de pouvoir accéder à la maternité en transmettant leur patrimoine génétique alors qu’elles n’ont pas encore la possibilité de le faire faute de désir immédiat ou de situation personnelle favorable.

Le fait que la congélation d’ovocytes implique une procédure médicale en tant que telle, avec des risques possibles, relatifs à la stimulation ovarienne ou à la procédure de recueil ovocytaire, doit être particulièrement pesé chez des femmes, présumées fertiles, indemnes de toute pathologie médicale sous-jacente et pour qui ce soin est à la fois non nécessaire et sans certitude.

Ainsi, nous avons un devoir d’information qui est sans doute d’autant plus important chez ces patientes qu’il ne pourrait l’être chez les patientes infertiles que nous avons l’habitude de prendre en charge en assistance médicale à la procréation.

Les résultats de la vitrification ovocytaire sont désormais relativement bien connus et dépendent à la fois du nombre d’ovocytes congelés et de l’âge auquel ces derniers ont été cryopréservés. En effet, on peut estimer aujourd’hui qu’une patiente qui a une quinzaine d’ovocytes vitrifiés à l’âge de 35 ans pourra avoir 70% de chance d’avoir un enfant alors que cette même congélation de 15 ovocytes à 37 ans fera retomber les taux de succès aux alentours de 30%.

C’est sans doute pour cette raison que le législateur a décidé de mettre la borne supérieure de l’autorisation de congélation ovocytaire sans motif médical à 37 ans. Les différents examens que nous avons à disposition, en particulier l’évaluation de la réserve ovarienne, ne permettent bien entendu pas de connaître la qualité des ovocytes qui seront vitrifiés, mais d’avoir une idée du nombre de cycles qui pourraient être nécessaires pour avoir au final 15 à 20 ovocytes congelés.

Malheureusement, et même s’il est indéniable que l’évolution des lois de bioéthique soit un phénomène positif pour les femmes, la mise en application demeure extrêmement complexe, avec un nombre trop limité de centres autorisés à réaliser cette vitrification ovocytaire et comme attendu, un nombre de demandes mensuelles estimé à 100-150 par centre.

Cela implique, si on pense qu’il faut en moyenne deux à trois cycles de congélation par patiente, des délais de prise en charge qui n’ont de cesse de s’allonger. Schématiquement, on peut estimer que pour faire trois vitrifications ovocytaires actuellement en Ile de France, il faut entre un an et un an et demi.

Ceci est totalement illogique si on considère que cette congélation ovocytaire est en quelque sorte une lutte contre le temps. Nous pouvons œuvrer et, en tous cas, devons nous battre pour que les centres privés à but lucratif puissent venir participer à est effort collectif qui doit permettre aux femmes de gagner en autonomie reproductive.

 
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