Fécondation in vitro et risques de cancer de la prostate chez les hommes dont la paternité etait issue d’un traitement de fécondation in vitro

Risk of prostate cancer for men fathering through assisted reproduction : nationwide population based register study

Yahia Al-Jebari, Angel Elenkov, Elin Wirestrand, Indra Schütz, Aleksander Giwercman, Yvonne Lundberg Giwercman – BMJ 2019 ; 366:15214

Le but de cette étude menée par Y. AL-JEBARI et coll. (Université de MALMÖ, Suède et Département d’Urologie de SOFIA, Bulgarie) était de comparer le risque de survenue de cancer de la prostate chez les hommes ayant présenté une infertilité et ayant  bénéficié d’une fécondation in vitro par rapport à un groupe témoin d’hommes, pères avec une conception spontanée.

Cette étude a été réalisée en Suède, entre 1994 et 2012, à partir des registres nationaux de cancers et des registres d’assistance médicale à la procréation.

Dans les groupes étudiés, les auteurs ont retrouvé :

  • 20.618 hommes pères après un traitement de fécondation in vitro « classique » (FIV),
  • 14.882 hommes pères après fécondation in vitro et ICSI (micro-injections intra-ovocytaires de spermatozoïdes),
  • un groupe témoin de 1.145.990 hommes dont la paternité était survenue après une conception naturelle.

Cancer de la prostate et infertilité masculine sont des affections fréquentes qui touchent respectivement entre 10 à 8 % de la population masculine.

Le lien entre désordres androgéniques, cancer de la prostate et infertilité, a déjà été évoqué par plusieurs études préalables.

 

La bibliographie a déjà relaté :

  • 3 études américaines qui ont montré un lien entre augmentation du cancer de la prostate et anomalies spermatiques (WALSH 2010, EKEMBERG 2004, ROSENBLATT 2001),
  • d’autres études ont montré une diminution de survenue de cancers de la prostate chez des hommes sans paternité (JORGENSEN 2008, EISEMBERG 2011),
  • une méta-analyse plus récente (MAO. Y. et coll. 2016) a confirmé ces données de la littérature.

Résultats

1/ L’âge moyen des pères lors de la naissance des enfants après FIV ou ICSI, était de 37 ans.

Les pères ayant conçu naturellement présentaient un âge moyen plus jeune de l’ordre de 34 ans.

L’âge moyen des hommes lors de la détection du cancer de la prostate était de
55 ans (FIV et ICSI) et 57,1 ans pour les hommes pères après une conception spontanée.

Les indications de l’ICSI reposaient sur des anomalies majeures de la spermatogénèse : oligo-asthéno-tératospermie sévère, cryptozoospermie, azoospermie.
 

2/ Les indications de la FIV comportaient principalement des cas d’infertilité féminine, plus ou moins associée à une infertilité masculine modérée.
 

3/ Dans le groupe dont les hommes ont été traités par assistance médicale à la procréation, on note une augmentation significative du risque de cancer de la prostate, en comparaison avec le groupe témoin de pères après conception spontanée :

  • groupe de grossesses naturelles : 3.244 cas ont présenté un cancer de la prostate (0,28 %),
  • groupe traité par fécondation in vitro (n=77) soit un pourcentage de 0,37 %,
  • groupe traité par ICSI (n=63), risques de cancer de 0,3 %.

Les résultats sur le plan statique sont significatifs : hazardratio 1,64. 95 % confidence, intervalle 1,25 à 2,15 pour l’ICSI.

Intervalle 1,33.1,06 à 1,66 pour le groupe fécondation in vitro « classique ».

Les auteurs ont également retrouvé une survenue plus précoce du diagnostic de cancer de la prostate, avec un âge moyen de 55 ans, notamment dans le groupe d’hommes ayant eu une paternité après ICSI.
 

Conclusion

Pour les auteurs, ces données ont retrouvé une augmentation du cancer de la prostate de survenue plus précoce, lorsqu’ils ont bénéficié d’une paternité après fécondation in vitro et particulièrement après ICSI.

Il serait donc légitime, dans ce groupe particulier, qu’une surveillance spécifique avec une information soit entreprise.

 
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