DHEA et fécondation in vitro

A. WISER et coll. (Université de TEL AVIV – Israël) ont mené une étude prospective randomisée pour évaluer les effets du traitement par déhydroépiandrostérone (DHEA) chez des patientes « mauvaises répondeuses » traitées par fécondation in vitro (FIV).

On estime que 5 à 18 % des cycles de FIV présentent une réponse ovarienne insuffisante, dont les critères restent mal définis et basés sur un nombre important d’unités de FSH administrées pendant l’induction d’ovulation, un nombre faible ou nul d’ovocytes recueillis (entre zéro à 5, selon les études), des critères évoquant une insuffisance ovarienne biologique, tels que FSH élevée et/ou taux d’hormone anti-müllérienne (AMH) bas (moins de 1 à 0,5 nanogrammes/ml), à l’échographie un nombre faible de follicules pré-antraux retrouvés en début de cycle.

Cette étude randomisée a porté sur 33 patientes définies comme « mauvaises répondeuses », à l’occasion d’un traitement de FIV préalable : recueil de moins de 5 ovocytes, cycle annulé ou qualité ovocytaire inadéquate ; ont été exclues de l’étude les patientes de plus de 42 ans.

17 patientes ont reçu un traitement de DHEA à raison de 75 mg par jour dans les 6 semaines préalables au traitement ; comme dans le groupe contrôle (n = 16), après une désensibilisation par acétate de triptoréline (Decapeptyl 0,1 mg sous cutané) en phase lutéale, 450 UI de r-FSH associés à 150 UI de r-LH (Luveris) ont été administrés pendant les 5 premiers jours de traitement, puis le monitorage d’ovulation s’est poursuivi jusqu’à la ponction ovocytaire.

On ne retrouve pas de différence dans les deux groupes en termes d’âge moyen (36,9 +/- 4,7 dans le groupe DHEA v/s 37,8 dans le groupe contrôle), de taux basal de FSH (9,4 v/s 9,6) ou de taux d’oestradiol le jour du déclenchement de l’ovulation (716 +/- 329 dans le groupe DHEA v/s 817 +/- 427 picogr. dans le groupe contrôle).

Le temps moyen d’administration de la DHEA, en considérant les seconds cycles de traitement, était de 13,5 semaines.

Les auteurs retrouvent une différence significative en termes d’ovocytes recueillis : 2,6 +/- 1,9 dans le groupe DHEA v/s 1,7 +/- 1,5 ovocytes dans le groupe contrôle et un nombre plus important d’embryons transférés, respectivement 1,6 +/- 1,3 v/s 1 +/- 0,9.

De même, chez les patientes traitées par DHEA ayant eu deux cycles de traitement FIV, les auteurs retrouvent une augmentation significative du nombre d’embryons transférés de 2,7 dans le premier cycle à 3,4 dans le 2e cycle de FIV (p = 0,04) dans le groupe de patientes traitées par DHEA.

Les taux de grossesses sont également plus élevés dans le groupe DHEA que dans le groupe contrôle (respectivement 23,1 % v/s 4 %, p = 0,05), une majorité de femmes enceintes présentaient une infertilité secondaire.

Les effets de la DHEA sur la fonction ovarienne restent encore incertains, mais plusieurs études ont évoqué l’amélioration de la stéroïdogénèse, la DHEA étant un précurseur de la testostérone et de l’oestradiol (ILLIER et al. 1994) et l’augmentation de l’insuline-like growth factor IGF-1 (CASSON et al. 2002).

De plus, l’effet de la DHEA semble corrélée à la durée d’exposition des follicules antraux. Cet effet cumulatif est évoqué par les études BARAD et GLEICHER (2006).

Les auteurs estiment également bénéfique la synergie d’action entre la DHEA et la r-LH sur l’augmentation de concentration des androgènes intra-folliculaires et concluent en L’EFFET BENEFIQUE D’ADMINISTRATION DE LA DHEA CHEZ LES PATIENTES ETIQUETEES COMME « MAUVAISES REPONDEUSES » DEVANT AVOIR UN TRAITEMENT DE FECONDATION IN VITRO.

A. WISER et Coll. – Human Reproduction Vol. 25, n°10 pp. 2496-2500, 2010 « Addition of dehydroepiandrosterone (DHEA) for poor-responder patients before and during IVF treatment improves the pregnancy rate : A randomized prospective study»

Mots clés : DHEA – mauvaises répondeuses – fécondation in vitro – FSH – hormone anti-müllerienne

 
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