SARS-CoV-2 host receptors ACE2 and CD147 (BSG) are present on human oocytes and blastocysts
Wafaa ESSAHIB, Greta VERHEYEN, Herman TOURNAYE, Hilde VAN DE VELDE
(Journal of Assisted Reproduction and Genetics - volume 37, pages 2657–2660 – 2020)
L’article de Herman TOURNAYE et Hilde VAN DE VELDE (Université de Bruxelles – Groupe de recherche sur la reproduction et l’immunologie, Center for Objective Medicine UZV, Bruxelles, BELGIQUE) a porté sur la recherche de récepteurs au SARS-Cov-2 sur les ovocytes humains et les blastocystes.
Cette étude a été menée par immuno-histo-chimie et microscopie focale sur les ovocytes humains primaires et les blastocystes au 5e jour de culture après fertilisation.
L’analyse a également porté sur des blastocystes à J6 et J7 de culture.
Introduction
Depuis décembre 2019, l’infection au COVID-19 s’est révélée compliquée des pneumopathies, des insuffisances respiratoires, une inflammation systématique et des phénomènes de coagulopathie.
A ce jour, il y a peu d’articles pouvant déterminer le risque de transmission maternelle et néo-natale après infection au COVID-19.
L’étude de YU N. parue dans le Lancet en 2020 n’a pas reporté de complications lorsqu’une infection survenait dans le dernier trimestre de grossesse. Néanmoins, cette étude rapportait une faible cohorte.
Une méta-analyse portant sur les grossesses et l’état néo-natal a montré un risque plus élevé de prématurité, prééclampsie, une morbidité périnatale plus importante lorsque l’infection à COVID-19 survenait dans le début du 3ème trimestre de grossesse.
Les articles parus dans l’American Journal of Obstetrics 2020 et celle de HOZIER et coll. ont montré des lésions tissulaires d’hypoperfusion vasculaire et de thrombus intervilleux dans les études de placentas de patientes ayant été infectées par le COVID-19.
Deux autres cas ont reporté une transmission de l’ARN viral du COVID-19 au niveau du placenta et chez les nouveau-nés.
Les recommandations de l’European Society of Human Reproduction and Embryology (ESHRE) ont été d’interrompre toutes les activités d’assistance médicale à la procréation, sauf certains cas particuliers (oncofertilité).
Ces décisions ont été prises pour assurer la sécurité des patients et du personnel médical et paramédical, même si, à ce jour, il n’y a pas de preuve que l’infection virale au COVID-19 interfère avec la fertilisation, le développement embryonnaire, l’implantation ou le début de grossesse.
Il est important de savoir que le SARS-CoV-2 utilise un enzyme, l’angiotensin-converting enzyme 2 (ACE2) comme récepteur pour pénétrer dans la cellule haute.
Récemment, un autre récepteur a été mis en évidence comme pouvant également interférer avec la pénétration virale intracellulaire, le CD147 ou Basigin (BSG).
Méthode
La détection des récepteurs ACE2 et CD147 a été menée par immuno-histo-chimie indirecte sur des ovocytes humains et embryons destinés à la recherche après accord et consentement des couples.
Les embryons ont été obtenus après FIV conventionnelle ou FIV avec ICSI.
Résultats
Une transmission virale de caractère vertical implique que des récepteurs au virus soient présents sur l’interface entre la mère et l’embryon/le fœtus.
Chez l’humain, l’embryogénèse précoce peut être seulement étudiée in vitro sur des embryons surnuméraires destinés à un projet de recherche.
Les auteurs ont visualisé pour la première fois la présence des protéines ACE2 et CD147 sur les ovocytes humains et des blastocystes.
Au niveau de l’ovocyte primaire, la protéine CD147 est principalement présente au niveau de l’oolemma, alors que la protéine ACE2 est absente.
Sur les blastocystes développés au 5ème jour après fertilisation (dpf5) et sur les blastocystes mis en culture jusqu’aux 6e et 7e jour (dpf6 et dpf7), ces cellules vont participer à la formation de la partie embryonnaire du placenta, le chorion.
Ces deux récepteurs sont aussi présents sur la membrane des cellules épiblastiques qui formeront l’embryon.
Les auteurs concluent que théoriquement, l’embryon, au stade précoce de développement présentant les récepteurs ACE2 et CD147, est « vulnérable » à une infection par le COVID-19 et que théoriquement, la transmission d’une patiente infectée par le OVID-19 à un embryon est possible.
Néanmoins, les auteurs évoquent les conséquences psychologiques pour les couples dont les traitements et prises en charge ont été interrompus pendant le dernier confinement, du fait de la fermeture des centres d’assistance médicale à la procréation.
Les auteurs proposent en option de rechercher une infection SARS-CoV-2 par test PCR avant la prise en charge des couples et de décaler le traitement de FIV chez les patients asymptomatiques porteurs du COVID-19.