The association between endometriosis and autoimmune diseases:
a systematic review and meta-analysis
Nina SHIGESI et coll. (Human Reproduction Update, Vol.25 n°4, avril 2019)
Cette méta-analyse a été menée par N. SHIGESI avec plusieurs auteurs appartenant à divers centres universitaires et de recherche médicale (Université d’OXFORD, Département de Médecine d’HARVARD, Université PARIS-SACLAY, Département de Gynécologie et Biologie de la Reproduction de MICHIGAN – USA).
L’endométriose est une affection gynécologique chronique liée à la présence ectopique de tissu endométrial, elle affecte 2 à 10 % de la population féminine avec une prévalence estimée entre 20 à 30 % chez les femmes infertiles.
L’étiologie de l’endométriose reste, à ce jour, complexe, son évolution aléatoire et l’inflammation chronique liée aux implants endométriosiques a fait évoquer l’hypothèse d’une relation entre endométriose et désordres auto-immuns.
Le but de nombreuses études était bien sûr d’ouvrir la voie à de nouvelles méthodes diagnostiques et à de nouvelles thérapeutiques.
Méthodes de recherche
Quatre Databases ont été analysées : Medline, Web of science, Embase, CINALH.
Les études ont analysées qualitativement selon les critères de GRADE, excluant les « cases report », opinions d’experts, éditoriaux, abstracts de congrès…
Résultats
Vingt-six études publiées ont été retenues dans la méta-analyse.
Cinq des études ont montré, de façon significative, une association entre endométriose et au moins une des pathologies auto-immunes, telles que :
- lupus érythémateux (SLE),
- syndrome de SJROGEN (S.S.),
- arthrite rhumatoïde (RA),
- maladie cœliaque (CLD),
- multiples sclérosis (MS),
- maladie inflammatoire du colon (IBD).
Les études les plus significatives, tant sur le plan du nombre de cas que sur le plan statistiques étaient celles de MERLINO (2003), STEPHENSON (2011), NIELSEN (2011), JESS (2012) et HARRIS (2016).
- En termes de cohortes : onze des études présentaient un effectif de plus de 1.000 cas d’endométriose.
Seules quatre de ces études retrouvaient une association significative (OR/RR/HR ≥ 2) entre endométriose et maladies auto-immunes.
- L’inclusion des cohortes en ce qui concerne le diagnostic d’endométriose était très variable, tant par rapport au nombre de cas que par rapport aux circonstances du diagnostic.
- Les études les plus significatives étaient celles de :
- HARRIS et coll. (2016) : étude prospective avec un suivi de 22 ans portant sur 6.430 cas et un diagnostic d’endométriose prouvé par coelioscopie et diagnostic histologique,
- DA SILVA et coll. (2018) ont comparé 297 cas d’endométriose associée à des maladies inflammatoires du colon/une cohorte témoin de 18.708 cas,
- l’étude de JESS et coll. (2012) et rétrospective, menée au Danemark avec un suivi sur 13 ans sur une cohorte de 37.661 cas présentant une affection inflammatoire du colon (IBD),
- l’étude de HARRIS et coll. (2016) : prospective comparant la prévalence de lupus érythémateux et arthrite rhumatoïde chez des patientes avec ou sans endométriose (n = 371).
Les auteurs évoquent les liens possibles entre physiopathologie de l’endométriose et réaction immunitaire :
- augmentation des macrophages au niveau du péritoine,
- diminution des fonctions cytotoxiques des cellules natural killer,
- anomalie des lymphocytes T et B, participant à une expansion cellulaire de l’endomètre, avec des phénomènes d’angiogénèse,
- augmentation de certains types d’anticorps et notamment d’auto-anticorps et des interleukines utilisés comme marqueurs de l’endométriose dans certains cas,
- mutations de gènes PTPN 22, associées avec l’arthrite rhumatoïde et reportées présentes dans l’endométriose, mais dans ces études, les cohortes étaient relativement faibles.
Limites de l’étude
- Le score GRADE, juge de la qualité des études citées, était « faible ou moyen »,
- De nombreuses études comportaient des cohortes relativement faibles, rendant souvent difficiles les interprétations statistiques,
- La plupart des études ne pouvaient donner d’indication sur le type de l’endométriose, le moment du diagnostic par rapport à une maladie concomitante, l’évolutivité éventuelle de l’endométriose ou des maladies auto-immunes, l’association à une infertilité.
Il est donc difficile de répondre précisément à 3 questions :
1/ Y a-t-il un lien de cause à effet entre endométriose et maladies auto-immunes ?
2/ S’agit-il d’une même origine physio-pathologique ?
3/ L’évolution de ces pathologies est-telle indépendante et aléatoire ?
Pour les auteurs, ces résultats ouvrent néanmoins la voie à un nouvel arsenal thérapeutique, notamment l’indication d’immuno-modulateurs dans certains cas d’endométriose ne répondant pas au traitement médical classique.