Y a t il un age limite pour être père ?

Si l’âge de la femme la femme constitue un facteur physiologique crucial en reproduction, l’âge paternel n’influe pas de manière aussi importante sur l’aptitude a la procréation. Certes la qualité du sperme peut diminuer les chances de grossesse, augmenter le risque de malformation et les risques de maladie mentale (en particulier d’autisme et les problèmes d’impuissance sont plus fréquents mais il n’y a pas de véritable arrêt des possibilités de reproduction et ces complications se font jour a un âge plus avancé que pour la femme.

Cependant en dehors du problème médical, se pose un problème plus éthique ou plus psycho-pédagogique : existe-t-il un âge paternel préjudiciable au bon développement de l’enfant ?

Cette question est rendue d’actualité par les refus récents et répétés de l’Agence de Biomédecine opposés a des hommes « agés », désireux d’exporter à l’étranger leurs paillettes de sperme auto-conservées dans le cadre d’un projet d’AMP.

La question de l’âge du père en AMP a toujours fait débat dans les centres d’AMP. Certains centres ont établis des limites d’âge du conjoint (60, 65, 70 ans) au delà duquel les couples ne sont plus pris en charge. Pour d’autres, le préalable d’un entretien psychologique est une condition sine qua non. Pour d’autres enfin aucune limite n’est opposée aux couples.

En faveur d’une limite d’âge interviennent un certain nombre de pédo-psychiatres, arguant de la célèbre maxime : « il y a un âge pour être père et un âge pour être grand-père ». Avoir un père âgé pourrait retentir sur le bien être de l’enfant, tout particulièrement au moment de l’adolescence et de la fameuse opposition au père.

Dans les cas extrêmes (hommes de plus de 70 ans), se pose aussi le potentiel décès précoce du père à un âge ou l’enfant est encore petit. Les études sont cependant peu nombreuses dans le cadre particulier de la stérilité.

Le recours au don d’ovocyte permet virtuellement aujourd’hui a toute femme d’avoir un enfant (le record est détenue par une indienne de 72 ans !!), et le problème se pose alors aussi pour les femmes avec la limite du raisonnable pour le recours au don d’ovocyte. Les arguments sont cependant différents car il existe un risque médical non négligeable de la grossesse et ces femmes âgées ont le plus souvent des maris encore plus âgés.

Dans le cadre des couples dont le conjoint est âgé, il n’y a aucun risque médical pour le conjoint, et ces hommes se présentent souvent avec des femmes en âge de procréer, donc jeunes. L’enfant ainsi conçus n’aura pas forcement deux parents âgés.

Le problème principal tient au fait que la reproduction d’un homme âgé est possible naturellement. Yves Montant, Charlie Chaplin et Anthony Quinn en sont les exemples connus. Les unions entre femmes jeunes et hommes plus âgés, voir carrément âgés, sont aussi fréquentes par exemple au Maghreb ou en Amérique du Sud. L’AMP doit elle s’arroger le droit de définir un âge limite de procréation pour les hommes ? Et si oui quel âge ? Selon quel critère et pour quel motif ? Ces motifs sont ils scientifiquement établis ?

Au total, il me semble que fixer une limite à l’âge de l’homme est probablement impossible. Aider a procréer un homme âgé ne correspond pas, le plus souvent, a un contournement d’une impossibilité physiologique mais à la prise en charge d’une infertilité classique.

Les limites arbitraires que se fixe certains centres pourraient s’apparenter à un refus de soins et il sera intéressant de voir le jugement qui sera rendu dans le procès que semble avoir décidé d’entamer l’un des hommes qui a essuyé un refus de l’ABM pour l’exportation de ces paillettes.

Il n’en demeure pas moins que prendre en charge ces couples sans aucune limite paraît également exclus. A mon avis la meilleure solution est la décision au cas par cas. Le recours a un entretien psychologique systématique à partir d’une certaine limite d’âge (55, 60, 65 ans,) a le mérite de sensibiliser le couple aux enjeux pour l’enfant à naitre. Enfin il n’est pas non plus impossible de refuser la prise en charge des cas extrêmes ou des cas ou la santé de l’homme est dégradée. Mais la encore, éviter les jugements arbitraires est très délicat.

Les comités d’éthique clinique mettent en avant les trois principes fondamentaux dans les réflexions qu’ils engagent sur les problèmes médicaux : respect de l’autonomie, non malfaisance et justice. Il semble clair que le principal point litigieux soit la non malfaisance, mais que ce principe s’applique à l’enfant a naitre. Des études sur le développement de ces enfants conçus chez des couples dont le père est âgé nous aideraient a définir une attitude scientifique et non morale et subjective.

 
Les articles sont édités sous la seule responsabilité de leurs auteurs.
Les informations fournies sur www.gyneco-online.com sont destinées à améliorer, non à remplacer, la relation directe entre le patient (ou visiteur du site) et les professionnels de santé.