Protéomique de l’éjaculat

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L'infertilité est un problème courant, tant dans les pays développés que dans les pays en voie de développement. Quinze pour cent des couples sont infertiles et dans environ la moitié de cas, les causes sont d'origine masculine. Au cours des vingt dernières années, l’une des révolutions les plus spectaculaires dans le traitement des infertilités masculines est la possibilité de prendre en charge les hommes souffrant d’infertilité sans présence d’obstruction mécanique des voies sécrétoires (NOA), et leur permettre de devenir des pères génétiques. La possibilité offerte aujourd’hui à ces patients est la réalisation d’une biopsie testiculaire dans l’espoir de trouver des cellules assez matures pour permettre une fécondation in vitro. Malheureusement, il n’existe aucun test permettant de prédire avec un fort degré de confiance la présence de spermatozoïdes dans le testicule. Ainsi la biopsie testiculaire est positive dans seulement 60% des cas environ.

Dans ce contexte, nous avons initié à l’aide d’approches novatrices de protéomique et de génomique intégrative, une étude visant à caractériser de façon aussi exhaustive que possible le protéome du plasma séminal humain. Notre objectif était d’identifier des marqueurs protéiques fonctionnels pour chacun des organes participant à la production de ce biofluide, c'est-à-dire, le testicule, l’épididyme, les vésicules séminales et la prostate. Nos travaux ont permis, entre autres,  l'identification de près de 90 protéines spécifiques des cellules germinales méiotiques et post-méiotiques dans le plasma séminal humain.  La spécificité de certaines de ces protéines germinales a été validée sur des plasmas séminaux normaux et pathologiques (NOA, agénésie bilatérale des canaux déférents, Sertoli-cell only, post-vasectomie) à l’aide de techniques conventionnelles de biochimie (Western blot et immunohistochimie).

Nous avons démontré que la présence de ces protéines germinales dans le plasma séminal de patients NOA semble être un indicateur prédictif fort de la probabilité de récupérer des spermatozoïdes vivants à partir de fragments de biopsies testiculaires. Ainsi avons nous initié le développement d’une méthode de dosage multiplex de ces protéines germinales, nommée FertiChipÔ. En évaluant le niveau d'expression spécifique de protéines issues des cellules germinales matures dans le plasma séminal des patients NOA, le test FertichipÔ permettra d’aider le clinicien à orienter son patient vers une biopsie testiculaire uniquement en cas de forte probabilité de succès de récupération de cellules germinales matures utilisables en FIV. Cette méthode présente incontestablement une rupture technologique dans le diagnostic des infertilités masculines et complétera avantageusement les tests indirects et non spécifiques disponibles à ce jour (dosages de la FSH, de l'inhibine A et B, de l'AMH, etc.).

 
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