La tératospermie isolée n’est pas une contre-indication à la pratique d’insémination intra-utérine dans l’infertilité d’origine masculine

En cas de tératospermie isolée dans le cadre d’une infertilité d’origine masculine, ne pas aller trop vite ou directement à la fécondation in vitro (FIV), tel est le message de l’article de G.M. LOCKWOOD et coll. (Medical College of Wisconsin, University of Louisville – USA) paru dans le journal ANDROLOGY.

Cette étude rétrospective a eu pour but d’analyser les indications thérapeutiques d’une tératospermie isolée (moins de 5 % de formes typiques en morphologie de spermatozoïdes) et de tératospermie sévère (0 à 1 % de formes typiques de spermatozoïdes) dans le cadre d’infertilité d’origine masculine.
 

But de l’étude :

Cette tératospermie isolée affecte-t-elle les résultats des inséminations intra-utérines avec sperme de conjoint (IIU) ?
 

Critères d’inclusion :

856 cycles d’IIU ont été pratiqués chez 408 couples présentant une infertilité et suivis entre 2005 et 2010.

  • Réalisation de deux examens de spermogramme confirmant la tératospermie définie selon la classification de KRUGER et le caractère isolé de la tératospermie.
  • Exclusion des inséminations avec sperme de donneur (IAD).
  • Exclusion des atypies de type globozoospermie.
  • Comparaison à un groupe témoin dont les spermogrammes sont considérés comme normaux, avec un pourcentage de formes typiques de spermatozoïde supérieur à 5%.
     

Résultats :

Les résultats ont pris en compte le taux de grossesses cliniques par cycles d’IIU, confirmées par une échographie pelvienne avec développement d’un embryon présentant une activité cardiaque.

Le taux de grossesses cliniques n’était pas significativement différent entre le groupe présentant une tératospermie majeure (11/70 soit 15,7 % de grossesse) et le groupe dont le spermogramme était considéré comme normal (39 grossesses sur 281 tentatives, soit 13,9 %).

Il n’y avait pas non plus de différence significative en termes de taux de grossesse entre le groupe présentant une tératospermie considérée comme « modérée » entre 1 à 5 % de tératospermie, avec un taux de grossesse de 21,4 % et l’ensemble des couples dont le bilan spermatique était normal et traité par IIU.

 

Conclusion :

Ainsi, pour les auteurs, en cas de tératospermie isolée et lorsque le test de migration survie permet le recueil de plus de 1,5 millions de spermatozoïdes par ml, l’indication d’insémination intra-utérine avec sperme de conjoint est tout à fait licite.

Les auteurs reconnaissent les limitations de leur étude : étude rétrospective, sous-groupe présentant une tératospermie majeure (0 à 1 % de formes typiques) faible, puisque intéressant seulement 14 cycles d’IIU chez 6 couples.

Néanmoins, pour les auteurs, le caractère peu invasif de l’IIU, le coût moindre par rapport à une tentative de fécondation in vitro - dont le processus est « lourd » tant sur le plan physique que psychologique pour les patientes – doivent faire proposer, dans une première étape thérapeutique, l’insémination avec sperme de conjoint avant le traitement de fécondation in vitro.

Les auteurs s’accordent à ce que la réalisation d’une étude prospective pourrait seule confirmer les données de cette article.

 

Isolated abnormal strict morphology is not a contraindication for intrauterine insemination - G.M. LOCKWOOD, N.E. DEVENEAU, A.N. SHRIDHARANI, E;Y. STRAWN and J.I. SANDOW – Journal of Andrology, 2015

 
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