La stérilisation tubaire mérite-t-elle d’être plus prescrite en France ?

Autorisée en France depuis 2001, la stérilisation humaine reste sous utilisée en particulier pour les hommes et les femmes de plus de 40 ans. Alors qu’elle est majoritaire dans les pays nordiques et anglo saxons, elle ne concerne selon Nathalie Bajos (2012), que 4,2% des méthodes de contraception utilisées en France en 2010. Elle concerne 3.1% des femmes de 35-39 ans, 8.5% des femmes de 40 à 44 ans et 12.2% des femmes de 45 à 49 ans.

            Notre pays a souvent considéré la stérilisation comme un acte agressif, touchant l’intégrité du corps humain. Rappelons que la loi du 4/7/2001 qui autorise la stérilisation humaine a été précédée de longues démarches des gynécologues obstétriciens pour permettre cet acte de contraception définitive. C’est le projet d’article additionnel à la loi sur l’interruption volontaire de grossesse (N° 2605), voté le jeudi 30/11/2000 à l’Assemblée Nationale, qui a donné l’espoir d’une autorisation. En avril 1993, Un médecin responsable d’une grande compagnie d’assurances écrivait : “ Lorsque la stérilisation tubaire est pratiquée pour convenances personnelles et sans nécessité thérapeutique, elle représente un acte illicite tombant sous les coups des articles 309 et 310 du Code Pénal concernant les mutilations volontaires ”. C’est grâce aux modifications de la loi sur l’IVG, que les amendements présentés par Mme Lignières-Cassou, rapporteur au nom de la Commission des Affaires Culturelles et M. Nauche ont permis une autorisation juridique de cette stérilisation pour motif contraceptif.

Depuis 13 ans, le nombre de stérilisations humaines n’a pas augmenté de façon démesurée et pourtant les progrès liés à l’utilisation de la méthode « Essure* » pouvaient laisser penser que la facilité technique serait responsable de dérives dans les indications. Globalement, le nombre de poses d’essure a augmenté pour dépasser en 2010 le nombre de coelioscopies pour stérilisation tubaire mais globalement il se fait moins de 40000 stérilisation par an. Pourquoi ce si petit nombre avec des techniques de contraception définitive simples, ambulatoires voir sans anesthésie. Dès 2003, nous posions à Nantes les dispositifs intra-tubaires « Essure* » sans anesthésie et actuellement la très grande majorité des poses se fait selon le même procédé. Il ne faut cependant pas dire que la technique soit simple car les succès de pose sont d’environ 95% mais il semble que les déclarations d’évènements porteurs de risque ne soient pas négligeables. Comme pour toute technique chirurgicale, il faut que l’opérateur soit entrainé ou que le débutant soit accompagné avec une courbe d’apprentissage certes rapide mais la rencontre habituelle de difficultés de pose impose une gestion rigoureuse de l’hystéroscopie. La diminution de la taille des hystéroscopes (3,5 mm de diamètre) devrait contribuer a faciliter le geste et permettre de généraliser le « sans anesthésie ». Certes on craint également le changement d’avis de femmes trop jeunes lors de la pose ou la séparation des couples, beaucoup plus fréquente depuis la fin des années 1980. En fait dans l’enquête d’Hervé Fernandez présenté à Bruxelles en 2013, seules 3.9% des femmes exprimaient un regret de la stérilisation.

Au-delà de l’aspect technique, c’est surtout la non-information des femmes qui est responsable du peu de stérilisations tubaires en France. Les gynécologues doivent maintenant  intégrer le fait que la stérilisation permet dans la très grande majorité des cas d’améliorer la qualité de vie des femmes qui souhaitent une contraception définitive efficace sans contrainte ce qui doit améliorer la qualité de la sexualité.

En conclusion, les gynécologues doivent devant toute demande de contraception chez une femme de plus de 35 ans, qui ne souhaitent plus d’enfants, proposer en fin de liste des méthodes contraceptives la stérilisation tubaire comme véritable méthode de contraception définitive. Ce concept, qui permet d’améliorer la qualité de vie des femmes, peut également par l’arrêt de prise d’hormones être considéré comme une position écologique durable.

 
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