Impact du conseil génétique en Assistance Médicale à la Procréation

Conférence d’Evelyne GAUTIER,  et de Laurence LOHMANN
Résumé par Patrice CLEMENT

Les problèmes d’infertilité peuvent, dans de nombreux cas, avoir pour cause des anomalies génétiques ou cytogénétiques. Dans ce contexte le conseil génétique permet de donner aux couples, qui consultent pour des problèmes d’infertilité, des informations sur les risques de transmission d’une anomalie chromosomique parentale, le risque d’apparition d’une anomalie chromosomique de novo, le risque de transmettre une infertilité à sa descendance, mais également de comprendre l’origine de certaines infertilités, et d’aider aux décisions concernant le type d’AMP, éventuellement le choix d’un Diagnostic Pré Implantatoire (DPI), ou d’un diagnostic prénatal (DPN).

Concernant les anomalies chromosomiques, elles sont 8 à 10 fois plus fréquentes chez les patients présentant une azoospermie ou une oligoasthénotératozoospermie que dans la population générale. Le caryotype 47,XXY (syndrome de Klinefelter) représentant jusqu’à 10 % des azoospermies. Les remaniements de structure comme les translocations, les inversions, ou les marqueurs chromosomiques ont des conséquences sur la spermatogenèse par l’interaction de ces chromosomes anormaux avec les chromosomes sexuels. Ces différentes situations présentent des risques différents pour la descendance, certaines présentant un haut risque de déséquilibre chromosomique (translocations X-autosome), certaines étant même irréversibles (mâle XX ; translocation robertsoniennes 13 ;13 ou 21 ;21 …). Ces différentes situations n’ont pas les mêmes conséquences à la fois pour la descendance, mais également pour le couple dans la suite de sa prise en charge. Il est donc nécessaire que ces couples soient vus en consultation de conseil génétique afin d’avoir une information éclairée à ce sujet.

Plusieurs situations d’anomalies génétiques sont également retrouvées chez les couples infertiles.

Les maladies à expansion de triplet comme la dystrophie myotonique de Steinert qui entraine des troubles endocriniens pouvant conduire à une infertilité ; comme le syndrome de l’X fragile qui peut entrainer, chez les femmes présentant une prémutation pour le gène FMR1, une insuffisance ovarienne précoce avec un risque de retard mental pour la descendance masculine.

Dans la population masculine infertile, en fonction des résultats du spermogramme (OAT ou azoospermie), il faudra rechercher selon le contexte, excrétoire (9 à 25% des infertilités masculines) ou sécrétoire, de l’anomalie, différentes causes génétiques. Une anomalie du spermogramme avec absence bilatérale des canaux déférents devra faire rechercher une mutation du gène CFTR. La première étape sera la recherche d’une des 36 mutations les plus fréquentes du gène CFTR. Une anomalie trouvée chez l’homme devra faire rechercher une mutation hétérozygote chez la conjointe afin de calculer le risque de mucoviscidose pour l’enfant à naître. Le conseil génétique prendra alors toute sa place pour l’information éclairée du couple et la poursuite de la prise en charge avec la nécessité dans certains cas de diagnostiquer des mutations plus rares, ainsi que pour discuter de l’indication d’un diagnostic préimplantatoire ou prénatal.

Une anomalie du sperme d’origine sécrétoire (azoospermie ou OAT sévère) devra entrainer la recherche d’une microdélétion du chromosome Y dans les zones AZFa, b, et c. Les délétions au niveau de ces différentes zones n’ayant pas les mêmes conséquences pour la prise en charge du couple. La découverte d’une microdélétion uniquement de la zone AZFc peut faire espérer la présence de spermatozoïdes testiculaires permettant d’envisager une biopsie, et doit entrainer une congélation rapide du sperme en cas de présence de spermatozoïdes éjaculés encore présents. Une microdélétion dans les zones AZFa et b est beaucoup plus péjorative pour la présence de spermatozoïdes au niveau testiculaire.

La génétique des populations doit également permettre de penser à certaines pathologies pouvant être liées avec des problèmes de fertilité.

Le conseil génétique d’un couple infertile pris en charge en AMP donnera le plus souvent un avis favorable à cette prise en charge, et informera le couple de la meilleure stratégie si un diagnostic prénatal est nécessaire.

 
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