Fausses couches à répétition : Quel Bilan ?

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La fréquence des fausses couches spontanées (FCS) isolées est estimée à 12 à 15 %. Le risque pour une patiente d’être exposée à 3 fausses couches spontanées ou plus, est estimé à 1,5 %.

Le Groupement d’Etude de la Maladie Abortive (GEMA) a été créé à POISSY en 2004, dans un triple but :

  • offrir aux couples une prise en charge complète et actualisée,
  • valider une étiologie et une proposition thérapeutique,
  • explorer de nouveaux axes de recherche.

L’inclusion des couples répondait aux critères suivants :

  • 3 FCS consécutives ou plus,
  • Survenue entre 6 à 12 semaines d’aménorrhée,
  • Avec le même partenaire, chez une patiente dont l’âge est ≤ 40 ans.

Le Docteur WAINER insiste sur la nécessité d’un interrogatoire complet, ayant une importante valeur d’orientation : antécédents familiaux, antécédents personnels, tabagisme…

Les axes de recherche étiologiques des fausses couches spontanées à répétition (FCSR) sont :

1/ d’ordre anatomique : recherche de synéchies, de fibromes sous-muqueux ou intra-muraux, adénomyose, endométrite, polypes. Ces anomalies utérines représentent 15 à 20 % des causes de fausses couches spontanées à répétition.
L’hystéroscopie a, dans cette optique, toute sa place sur le plan diagnostique et thérapeutique.

2/ des anomalies chromosomiques :

  • leur recherche repose sur une consultation génétique au cours de laquelle les arbres généalogiques des deux membres du couple sont réalisés ;
  • le caryotype recherche des anomalies chromosomiques constitutionnelles équilibrées, translocations robertsoniennes (0,7 ‰ ), translocations réciproques (0,2 ‰ ), inversion chromosomique (1 ‰ ), aneuploïdie sexuelle.

Dans la population étudiée, on retrouve 4,25 % d’anomalies chromosomiques dans les caryotypes parentaux.

3/ les anomalies endocriniennes :
Les hyperthyroïdies augmentent le risque de fausses couches spontanées ; dans les thyroïdites auto-immunes, 50 % des patientes avec anticorps anti-TPO, avaient présenté au moins une FCS.
Le bilan thyroïdien avec dosage de la TSH doit être recherché systématiquement.
Le diabète et l’obésité sont des facteurs notables d’augmentation du risque de fausses couches.

4/ les anomalies immunitaires et thrombophiliques :
Les arguments biologiques reposent sur la recherche des anticorps anti-cardiolipine, des anticorps anti-ẞ2 glycoprotéine et des anticoagulants circulants de type lupique.
De nombreuses études ont montré dans ces cas l’intérêt d’un traitement associant de faibles doses d’aspirine et d’une héparine de bas poids moléculaire.
La responsabilité des mutations du facteur V de LEIDEN, d’anomalies des protéines C et S et de l’antithrombine III est à ce jour très controversée.

 

Dans la 2e partie de sa communication, le Docteur WAINER expose la place de l’insuffisance ovarienne prématurée dans la genèse des FCS, prenant comme hypothèse que l’insuffisance ovarienne induit une augmentation de l’aneuploïdie ovocytaire, donc une augmentation du risque de fausses couches.
On sait que l’élévation de l’âge maternel s’accompagne d’une augmentation de l’aneuploïdie ovocytaire.
VIALARD et coll. (Fertile.Sterile 2007), après biopsie d’un globule polaire de 384 ovocytes, analysé par FISH, avaient montré une corrélation significative entre âge et aneuploïdie ovocytaire.

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L’équipe de POISSY, à partir des études BROEKMANS (2009) et EBHNER (2006) estime que l’hormone anti-müllerienne (AMH) est un marqueur quantitatif fiable de la réserve ovarienne, mais également un marqueur de la qualité ovocytaire.
L’étude menée à POISSY, dont les résultats sont en cours de validation, consiste à réaliser une ICSI avec biopsie du globule polaire chez des patientes présentant des fausses couches spontanées à répétition, incluant :

  • anomalie du caryotype,
  • insuffisance ovarienne prématurée,
  • augmentation de la fragmentation du DNA spermatique,
  • augmentation de l’aneuploïdie spermatique.

Selon les études préalables de J. GRIFFO et S. MUONNE (ASRM octobre 2011),
177 couples avec FCS inexpliquées avaient été traités par ICSI avec diagnostic pré-implantatoire : les auteurs avaient noté une diminution du risque de fausse couche (attendu à 35 % selon l’étude de BRIGHAM) de l’ordre de 6 % après diagnostic pré-implantatoire.

 
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