Anomalies congénitales après insémination intra-utérine (IIU) et Fécondation In Vitro (FIV)

L’article de P. SAGOT et coll. (Université de DIJON et CECOS de DIJON) analyse le risque d’anomalie congénitale après insémination intra-utérine (IIU).

L’IIU est la technique peu invasive et peu onéreuse, la plus utilisée dans le cadre de l’assistance médicale à la procréation (AMP) et paradoxalement très peu documentée quant aux risques d’anomalies fœtales et congénitales chez les nouveaux nés.

Il s’agit d’une étude rétrospective menée en Bourgogne sur une période de 9 ans.

Un total de 1348 singletons nés après AMP, dont 903 après FIV et 445 après IIU, a été comparé à un groupe contrôle de 4044 enfants nés après conception naturelle.

Un autre groupe de 552 jumeaux nés après AMP (FIV : n = 362 ; ICSI : n = 190) a été comparé à un groupe contrôle de 1656 jumeaux nés par conception naturelle.

Les anomalies congénitales majeures ont été classifiées selon les critères de l’EUROCAT (European Surveillance Of Congenital Anomalies Classification).

RESULTATS :

1/ Toutes malformations confondues, le taux d’anomalies congénitales retrouvées était de 2,1 % dans le groupe « conception spontanée », de 4,2 % dans le groupe FIV, de 3,6 % dans le groupe IIU.

2/ Quels sont les principaux types d’anomalies majeures ?

  • les malformations du système circulatoire, et notamment les « septal heart defects », étaient significativement plus élevées dans le groupe IIU (1,1 %), 0,8 % dans le groupe FIV, 0,4 % dans le groupe contrôle ;

     

  • la prévalence d’anomalies musculo-squelettiques était plus élevée dans les deux groupes IIU et FIV :hallux varus, asymétrie faciale, anomalie de moelle épinière (syndrome de KLIPPEL-FELL) en cas d’IIU, polysyndactylie, membres courts, équinovarus, hernies diaphragmatiques, en cas de FIV ;
     
  • les anomalies des hanches sont retrouvées dans les deux groupes traités par AMP.

3/ Dans le groupe de jumeaux, après FIV, on retrouve une augmentation du taux d’anomalies congénitales (4,2 %/2,1 % dans le groupe contrôle).

Ce risque n’est pas retrouvé dans le groupe IIU.

4/ Les auteurs ne retrouvent pas d’augmentation des anomalies chromosomiques dans les groupes IIU et FIV par rapport au groupe contrôle.

Les auteurs reconnaissent les deux facteurs qui ont pu biaiser leurs résultats :

  • le risque d’une vigilance différente pour les grossesses issues d’une AMP, mais plusieurs études, dont celle de HANSEN (2002), avaient déjà montré des résultats similaires en termes d’anomalies congénitales diagnostiquées dans les premières semaines de vie ;
     
  • le fait que les données intéressant les interruptions thérapeutiques de grossesses avant 22 semaines n’aient pas été prises en compte.

Les anomalies congénitales sont deux fois plus importantes chez les jumeaux monozygotes que dizygotes ; dans la population générale, on retrouve 25 % de monozygotes / 5 % dans la population d’enfants nés après AMP.

Mais les auteurs, en tenant compte de ces facteurs, ne retrouvent pas de différence entre les deux populations de jumeaux nouveaux nés.

CONCLUSION :

Les auteurs émettent plusieurs hypothèses sur l’augmentation d’anomalies congénitales retrouvées chez le nouveau né après AMP, incluant les inséminations avec sperme de conjoint et la fécondation in vitro :

  • Le rôle de l’induction d’ovulation commune aux traitements d’IIU et de FIV ;
     
  • La part de l’infertilité chez les couples, notion qui a déjà été évoquée par les travaux de ZHU (2006) : chez les couples présentant une infertilité de plus de 12 mois et n’ayant pas eu de traitement d’AMP, on retrouvait une prévalence plus élevée de malformations congénitales chez les nouveau nés ;
     
  • Ces données doivent faire partie d’une information éclairée pour les couples traités par IIU.

 

 

 

 

 

 

Similarly increased congenital anomaly rates after intrauterine insemination and IVF technologies : a retrospective cohort study – P. SAGOT et coll. - Human Reproduction Vol.27 n°3 pp 902-909 2012.

 
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