Le risque d'AVC diffère selon la voie d'administration des estrogènes

Renoux C et al. BMJ 2010 ; 340 : c2519

Si le risque d’évènement thromboembolique veineux lié à la voie d’administration des estrogènes fait l’objet de plusieurs études épidémiologiques, il n’en est pas de même du risque artériel, et notamment du risque d’accident vasculaire cérébral (AVC). Cette nouvelle étude épidémiologique apporte pour la première fois des données précieuses sur cette association.

Il s’agit d’une étude réalisée grâce aux données prospectives informatisées des généralistes anglais (GPRD), qui représentent 8% de la population anglaise.Une étude cas-témoins emboîtée a été effectuée à partir de ces données prospectives. Les femmes âgées de 50 à79 ans entre le 1er Janvier 1987 et le 31 Octobre 2006, ont été analysées. Pour chaque cas d’AVC survenant pendant le suivi (en moyenne 6.7 ans), 4 femmes témoins indemnes de cette pathologies ont été appariées sur l’âge, le médecin généraliste consulté, l’année de début du suivi par ce médecin et le temps calendaire.

L’exposition au traitement hormonal de la ménopause (THM) était subdivisée en voie d’administration (oral ou transdermique) et en dose (faible : estrogènes conjugués équins = 0.625 mg ou estradiol = 2 mg ; fortes : estrogènes conjugués équins > 0.625 mg ou estradiol > 2 mg). Un total de 15710 cas d’AVC a ainsi été comparé à 59958 femmes témoins. Les facteurs de risque classiques d’AVC sont significatifs dans cette cohorte (tabac, HTA, fibrillation auriculaire, antécédent de maladie cardiovasculaire…).

Un total de 1214 (7.7%) cas et 4124 (6.9%) témoins ont reçu au moins une prescription de THM dans l’année avant la date index, et parmi ces femmes, 5.1% des cas et 4.6% des témoins étaient utilisatrices en cours du THM au moment de l’évènement clinique. Les risques d’AVC ajustés sur les principaux facteurs de risque d’AVC montrent une neutralité pour les femmes en cours d’utilisation de la voie transdermique (OR : 1.02 (0.78-1.34) pour l’utilisation d’estrogènes seuls et OR : 0.76 (0.47-1.22) pour les traitements combinés estro-progestatifs) et une augmentation significative du risque pour la voie orale (OR 1.35 (1.16-1.58) pour l’utilisation d’estrogènes seuls et 1.24 (1.08-1.41) pour les traitements combinés estro-progestatifs) sans effet de la combinaison du progestatif quelle que soit la voie d’administration.

La voie orale est associée à une augmentation significative quelle que soit la dose administrée (faible ou élevée) tandis que la voie transdermique est neutre pour les faibles doses (OR : 0.81 [0.62-1.05]) et est associé à une augmentation significative de ce risque pour les fortes doses (OR : 1.89 [1.15-3.11]). Ce dernier risque est calculé sur un faible effectif : 27 cas et 57 témoins.

Concernant la voie orale d’administration des estrogènes, ces résultats sont tout-à-faits concordants avec la majorité des études épidémiologiques d’observation et les résultats des essais randomisés (WHI). En revanche, l’utilisation d’estrogènes par voie transdermique à faibles doses ne semble pas associée à un effet délétère de ce risque. Cependant, il s’agit d’une étude épidémiologique d’observation qui doit être interprétée avec prudence compte tenu des biais potentiels inhérents à ce type de méthodologie.

 
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