Traitement du diabète gestationnel : la voie orale comme alternative à l’insulinothérapie ?

Le diabète gestationnel (DG) touche environ 14% des femmes dans le monde. Bien que ses critères diagnostiques soient toujours discutés, son implication dans l’augmentation des complications de grossesse est unanimement reconnue. Le traitement vise à rétablir une normoglycémie. Si elle n’est pas obtenue malgré des modifications de l’hygiène de vie, le recours à l’insulinothérapie est de mise. L’utilisation des antidiabétiques oraux n’est pas actuellement recommandée mais elle faciliterait grandement la vie des femmes atteintes de DG. Une revue Cochrane récente ne trouve cependant pas de différence nette entre l’utilisation d’antidiabétiques oraux et d’insuline en termes de complications materno-fœtales (1).

Un essai randomisé multicentrique français a cherché à comparer en cas de DG, l’utilisation d’un antidiabétique oral de type sulfonyluré (glyburide) à la classique insulinothérapie en termes de prévention des complications néonatales (2). Il s’agissait d’une étude de non infériorité menée dans 13 maternités françaises entre 2012 et 2016.  Une différence de 7% avait été prédéfinie comme limite pour parler de non infériorité de la molécule utilisée par voie orale comparativement à l’insulinothérapie.

914 femmes atteintes de DG entre 24 et 34 semaines ont été incluses. Après 10 jours d’une diététique appropriée, celles qui nécessitaient une prise en charge médicamenteuse étaient randomisées pour recevoir de l’insuline (n=454) ou du glyburide (n=460). Le critère de jugement principal était un critère composite associant macrosomie, hypoglycémies et hyperbilirubinémie néonatales.

809 femmes ont été analysées en per-protocole. Le critère de jugement composite était présent chez 23,4% des enfants nés dans le groupe insuline versus 27,6% dans le groupe glyburide. L’analyse statistique montrait que la limite supérieure de l’intervalle de confiance était de 10,5% ce qui excédait les 7% prédéfinis et ne permettait pas de conclure à la non infériorité du glyburide en termes de prévention des complications néonatales.

Les auteurs concluent donc que l’insulinothérapie demeure le traitement de première intention lorsque les mesures hygiéno-diététiques se sont avérées insuffisantes en cas de DG. Cependant, dans certaines situations spécifiques, ce choix pourrait être utile après information précise et éclairée des femmes. D’autres recherches sont, bien sur, nécessaires pour déterminer à la fois les posologies idéales de telles thérapeutiques et surtout l’impact chez les enfants sur le long terme.

Bibliographie

  1. Brown J, Grzeskowiak L, Williamson K, et al. Insulin for the treatment of women with gestational diabetes. Cochrane Database Syst Rev . 2017;11:CDO12037
  2. Senat MV, Affres H, Letourneau A, et al. Effect of glyburide vs subcutaneous insulin on perinatal complications among women with gestational diabetes. A randomized clinical trial. JAMA. 2018;319 (17):1773-1780.

 
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