Pas d’impact de l’hypothyroïdie subclinique sur la fertilité et le risque de fausse-couche !

Il est maintenant bien établi qu’une fonction thyroïdienne normale est essentielle au bon déroulement de la grossesse. L’hyperthyroïdie est, en effet, associée à un risque accru d’infertilité, de fausse-couches spontanées et autres pathologies obstétricales et néonatales. L’influence d’une hypothyroïdie est également délétère avec des troubles de l’ovulation, irrégularités menstruelles, baisse de la fertilité et anomalies potentielles du développement. Les effets d’une hypothyroïdie subclinique sont, à l’inverse, moins bien documentés et le rôle joué par une TSH légèrement augmentée et/ou des stigmates d’auto-immunité thyroïdienne plus discuté. Une des difficultés  provient du type de population évalué dans les études qui ne sont probablement pas les bonnes pour répondre aux questions posées : les TSH n’y sont souvent dosées qu’en fin de 1er trimestre voire au 2e  trimestre de grossesse ou chez des femmes infertiles.

Une étude multicentrique américaine a évalué l’association entre la TSH préconceptionnelle et les stigmates d’auto-immunité d’une part et le délai  pour  concevoir, les pertes fœtales et les naissances vivantes chez des femmes fertiles avec un ATCD de fausse-couche (FCS) d’autre part.

Ainsi, 1 228 femmes, âgées de 18 à 41 ans ayant un ou 2 ATCD de FCS, souhaitant une nouvelle grossesse ont été recrutées entre 2007 et 2011. Elles ne présentaient pas de dysthyroidies connues ni de pathologies  interférant avec leur fertilité. Le délai de conception, le taux de FCS et les naissances vivantes étaient les principaux  paramètres évalués sur 6 cycles.

La TSH moyenne dans la cohorte était à 2,1 +/- 1,3 mIU/L et la T4l à 1,1 +/- 0,1 ng/dL. Les femmes ayant une TSH ≥ 2,5 présentaient les mêmes caractéristiques que celles ayant une TSH < 2,5 en ce qui concerne l’âge, l’ethnie, le niveau d’éducation, le tabagisme, la consommation d’alccol et le délai par rapport à leur précédente FCS.  En revanche, leur  IMC  était supérieur (27,4/25,9 p 0.001) et la multiparité y était plus fréquente (52,1 %/ 44,3 % p 0.01). Les caractéristiques des femmes restaient identiques qu’elles possèdent ou non des Ac antithyroïdiens.

Les résultats de cette étude sont très rassurants puisque il n’apparaissait aucune différence significative selon le taux de TSH et la positivité des Ac antithyroïdiens:

  • 67 % des femmes avec une TSH ≥ 2,5 entamaient une nouvelle grossesse versus 64% si la TSH était < 2,5 (p=0.25)
  • le risque de FCS était similaire avec un RR=1,15 (0,86-1,54) en cas de TSH ≥ 2,5 / TSH<2,5
  • de même pour la naissance d’un enfant vivant  RR= 1,01 (0,89-1,14) après ajustement sur l’âge et l’IMC
  • la positivité des Ac n’induisait pas de risque supérieur de FCS : RR=0,90 (0,61-1,33), ni de modification du taux de naissances : RR=1,04 (0,90-1,20)
  • le délai pour concevoir était identique quelque soit la TSH et les taux d’Ac.

Il semble donc, au vu des résultats de cette étude de cohorte, que le délai pour concevoir le taux de FCS et de naissances ne soit pas affecté par l’existence d’une hypothyroïdie subclinique ou la positivité des Ac antithyroïdiens chez des femmes fertiles.

Les études antérieures apportaient des résultats contradictoires mais il s’agissait souvent de données chez des femmes infertiles ou dont les dosages de TSH avaient été réalisés plus tardivement lors de la grossesse.

Actuellement, dans les populations de femmes en bonne santé à bas risque clinique de dysthyroidie  et asymptomatique, le dépistage systématique préconceptionnel ou en début de grossesse n’est pas préconisé et cela en accord avec la majorité des sociétés savantes. Les résultats de cette étude confirment cette attitude montrant l’absence d’influence de stigmates subcliniques.
 

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Plowden TC, Schisterman EF, Sjaarda LA et al. Subclinical hypothyroidism and thyroid autoimmunity are not associated with fecundity, pregnancy loss or live birth. J Clin Endocrinol Met  doi: 10.1210/jc.2016-1049.

 
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