Marqueurs de la fonction ovarienne après transplantation de tissu ovarien

Les différentes stratégies thérapeutiques utilisées dans le cancer de l’enfant et de l’adolescente sont, bien souvent, à l’origine d’une insuffisance ovarienne prématurée responsable d’ infertilité. Les agents alkylants, comme le cyclophosphamide, et l’irradiation pelvienne en sont les plus grands pourvoyeurs. Plusieurs options, ayant pour but de préserver la fertilité de ces jeunes femmes une fois guéries de leur cancer, sont actuellement proposées. La cryopréservation de tissu ovarien s’ajoute aux méthodes de conservation d’embryons ou d’ovocytes. Cette option est actuellement la seule possible en pré-pubertaire ou si la chimiothérapie ne peut être différée. Le but de cette technique est de réimplanter dans le pelvis le tissu ovarien prélevé lorsque la patiente est guérie. Depuis 2004, 13 naissances après transplantation orthotopique ont été décrites dans la littérature. Cependant, restaurer la fertilité est loin d’être systématique et le greffon semble avoir une durée de vie limitée.

Une étude belge a voulu analyser les marqueurs de la fonction et de la réserve ovarienne après transplantation de tissu ovarien. Les auteurs ont repris les caractéristiques cliniques et l’évolution des marqueurs biologiques de l’activité ovarienne de 10 patientes greffées après traitement ovariotoxique : 7 d’entre elles avaient pu bénéficier d’une autogreffe alors que les 3 autres avaient reçu du tissu ovarien frais de sœur HLA compatible.

Le retour des règles survenait en moyenne 4,7 mois après la transplantation. La duré des greffons cryopréservés variait de 9 à 86 mois au moins puisque 3 d’entre eux étaient encore fonctionnels lors de l’étude. 2 grossesses étaient survenues : 11 mois et 9 mois après transplantation orthotopique de tissu congelé. Seule une patiente greffée n’avait jamais eu de règles à la suite de l’auto-greffe.

Les concentrations d’AMH restaient faibles voire indétectables, y compris dans les cas où une grossesse était survenue. Les taux d’Inhibine B augmentaient avec le retour des cycles menstruels mais de façon inconstante, avec notamment des chiffres bas chez une des 2 patientes ayant conçu un enfant. Les niveaux de FSH restaient relativement hauts chez toutes les patientes, alors que l’estradiolémie se normalisait avec la récupération de la fonction ovarienne.

La cryopréservation du tissu ovarien permet la conservation des follicules primordiaux mais pas celle des follicules en croissance présents dans le fragment. Le processus de la folliculogénèse, depuis le recrutement de follicules primordiaux jusqu’à l’ovulation, demande 4 à 6 mois. Effectivement, dans cette étude, les règles réapparaissaient entre 4,7 et 7 mois après la greffe. La normalisation de l’estradiolémie évoque le bon développement d’un follicule dominant. La persistance d’une FSH haute serait en faveur de l’existence d’autres facteurs de régulation altérés par la congélation et non rétablis après transplantation. Les valeurs de l’Inhibine B pourrait évoquer une diminution du pool de follicules ovariens.

L’AMH est considéré actuellement comme le meilleur marqueur de la réserve ovarienne permettant même parfois de prédire la réponse aux stimulations ovariennes. Après transplantation de tissu ovarien, l’AMH tout comme l’Inhibine B sont de piètres marqueurs de l’activité ovarienne, de la survie du greffon et de la capacité à obtenir une grossesse. En revanche, l’analyse histologique avec compte folliculaire sur un fragment du tissu avant sa réimplantation pourrait représenter un bon marqueur de la survie et de l’activité du greffon.

Janse F, Donnez J, Anckaert E, de Jong F, Fauser B, Dolmans M-M. Limited value of ovaran function markers following orthotopic transplantation of ovarian tissue after gonadotoxic treatment. J Clin Endocrinol Metab 2011 ; 96 :

 
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