Impact du mode de vie sur le syndrome des ovaires polykystiques

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) affecte environ 5 à 10% des femmes en période d’activité génitale. Ce syndrome, souvent présent dès l’adolescence, associe de façon variable les conséquences d’une anovulation (aménorrhée, spanioménorrhée et irrégularités menstruelles) et d’une hyperandrogénie (hirsutisme, acné, alopécie). Un hyperinsulinisme semble être le principal facteur physiopathologique à l’origine du processus pathologique et l’obésité en amplifierait les symptômes par cet intermédiaire. Le SOPK est, de plus, fréquemment associé au syndrome métabolique pouvant ainsi prédisposer ces patientes aux maladies cardio-vasculaires.

Une équipe allemande avait déjà publié concernant l’association entre le syndrome métabolique, les androgènes et l’épaisseur intima-média (EIM) chez des jeunes filles obèses (2). Cette mesure de l’EIM est considérée comme un témoin simple et non invasif des modifications liées à une athérosclérose débutante et semble prédictif du risque de maladies cardio-vasculaires ultérieures. Les modifications du mode de vie apparaissent comme des thérapeutiques de choix à la fois dans la prise en charge du SOPK et dans le syndrome métabolique. La perte de poids améliore les conséquences du syndrome métabolique, l’hyperandrogénie et les troubles du cycle en cas de SOPK chez des femmes obèses.

La même équipe a voulu vérifier l’impact clinique, biologique et échographique de la réduction pondérale chez des adolescentes atteintes de SOPK (2).

Ainsi 59 jeunes filles obèses âgées de 12 à 18 ans ont été suivies une année durant laquelle un programme associant éducation nutritionnelle, entrainement physique et thérapie comportementale a pu être mis en place. Lors du recrutement, le SOPK était défini comme l’association d’un hirsutisme (Score de Ferriman > 8) ou d’une hyperandrogénie et d’une anovulation  (après en avoir éliminé les autres causes possibles). Tout IMC supérieur au 97è percentile pour les adolescentes allemandes permettait de classer les jeunes filles comme obèses.

Initialement puis un an après, toutes les jeunes filles étaient évaluées afin d’établir leur degré d’obésité, leur distribution des graisses, le profil de leurs cycles, leur tension artérielle et leur métabolisme glucido-lipidique. Des dosages des androgènes, des gonadotrophines et de la SHBG étaient réalisés ainsi que des mesures de l’épaisseur intima-média.

Durant une année, les jeunes filles participaient à un programme associant éducation nutritionnelle, entrainement physique et thérapie comportementale par un groupe de soignants pluridisciplinaires. Leurs familles étaient également prises en charge dans le cadre de thérapie familiale et d’éducation nutritionnelle.

Un total de 26 jeunes filles âgées en moyenne de 14,9 ans ont réduit leur IMC d’en moyenne -3,9 kg/m2. Les 33 autres adolescentes prenaient du poids ou le stabilisaient.  Chez les 26 filles dont les résultats étaient positifs, tous les paramètres du risque cardio-vasculaire s’amélioraient de façon significative, la prévalence du syndrome métabolique et les index d’insulinorésistance s’abaissaient contrairement à ce qui était observé chez les autres filles. Il était également constaté une diminution de l’épaisseur intima-média en moyenne de -0,01 cm. Leurs taux de testostérone ainsi que le rapport LH/FSH chutaient significativement alors que la SHBG augmentait. Cliniquement,  la prévalence des troubles du cycle était moindre en cas de réduction.

Le coaching multidisciplinaire de ces jeunes filles a permis dans près de la moitié des cas une réduction pondérale significative, permettant une régularisation des cycles menstruels, une diminution de la testostéronémie, une amélioration des facteurs de risque cardio-vasculaire, du syndrome métabolique et de l’épaisseur intima-média. La diminution des androgènes associée à l’amélioration de la sensibilité à l’insuline confirme l’importance de ces paramètres dans la pathogénie du SOPK. L’augmentation de l’épaisseur de l’intima-média retrouvée chez ces jeunes obèses peut être liée à leurs anomalies des facteurs de risque cardio-vasculaire et semble pouvoir être corrigée avec la réduction pondérale.

Les programmes d’intervention associant éducation nutritionnelle, activité physique et thérapie comportementale semblent pouvoir donner de bons résultats chez des jeunes filles obèses atteintes de SOPK en termes de réduction pondérale, hyperandrogénie, amélioration des cycles mais aussi protection de leur avenir cardio-vasculaire. On peut se poser néanmoins la question de la difficulté de mise en place de telles démarches et de l’adhésion des adolescentes avec dans cette essai moins de 50% de résultats positifs.

 

  1. Lass N, Kleber M, Winkel K, Wunsch R, Reinehr T. effect of lifestyle intervention on features of polycystic ovarian syndrome, metabolic syndrome, and intima-media thickness in obese adolescent girls. J Clin Endocrinol Metab, November 2011, 96(11):
  2. de Sousa G, Brodoswki C, Kleber M, Wunsch R, Reinehr T. Association between androgens, intima-media thickness and metabolic syndrome in obese adolescents girls. Clin Endocrinol. 2010; 72:770-774.

 
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