Des grossesses à risque chez les femmes atteintes de SOPK !

Le Syndrome des Ovaires Polykystiques (SOPK) affecte 5 à 15% des femmes en période d’activité génitale. Un des critères de diagnostic est l’existence d’un trouble de l’ovulation à l’origine des problèmes d’infertilité. Ainsi, il sera souvent nécessaire, pour obtenir une grossesse, d’avoir recours à une induction de l’ovulation voire à des techniques plus complexes d’assistance à la procréation.  Quelques études de petite envergure suggéraient que ces patientes présentaient un risque accru de diabète gestationnel, d’hypertension artérielle et d’accouchements prématurés. Il restait toutefois difficile de préciser si ces risques étaient liés au SOPK lui-même ou aux techniques de PMA utilisées.

A partir de l’analyse de registres suédois entre 1995 et 2007, une équipe de chercheurs a comparé les grossesses de 3787 femmes atteintes de SOPK à 1 191 336 grossesses de femmes indemnes.

Certains résultats de cette étude confirment des données bien connues chez les femmes atteintes de SOPK: - le taux de femmes obèses, défini par un IMC > 25, est de 60,6% comparativement au 34,8% de la population contrôle ; - le recours à la PMA plus fréquent : 13,7% contre 1,5% dans la population générale, - le taux de grossesses tardives y est significativement supérieur,- la nulliparité est de 53% contre 43,8% dans la population contrôle.

Dans cette population: - le taux de diabète gestationnel est plus que doublé (RR=2.32), - le risque de pré-éclampsie est plus élevé (RR=1.45), - celui d’accouchement avant 32 SA significativement supérieur  (RR=2.21), - on retrouve 18% d’accouchements par césarienne en plus. Les nouveau-nés sont plus volontiers de gros bébés pour l’âge gestationnel (RR=1.39) et présentent plus fréquemment un Apgar inférieur à 7 à 5 minutes de vie (RR=1.41).

 

Un plus fort taux de gros bébés a été retrouvé dans cette étude en cas de SOPK : celui-ci pourrait être en relation avec le poids supérieur des mères mais il reste plus élevé après ajustement sur l’IMC suggérant un effet indépendant du SOPK sur la croissance fœtale. Le risque de diabète gestationnel reste également supérieur après ajustement sur l’IMC des mères. A la naissance le score d’Apgar à 5 minutes est plus bas témoignant de souffrance fœtale plus fréquente.  En revanche, on ne constate pas de différence concernant le risque de morts in-utéro ou de décès néonataux.

Il semble établi que la PMA favorise le risque de maladie hypertensive durant la grossesse ; le risque accru d’HTA retrouvé dan cette étude persiste après ajustement sur le mode de survenue de la grossesse spontanée ou induite.

Le risque accru de césarienne persiste également si on supprime le facteur de risque que constitue l’obésité.

De même, l‘âge plus avancé en cas de SOPK peut expliquer bon nombre des risques retrouvés dans cette étude, mais il semblerait qu’un ajustement sur l’âge des femmes ne modifie que très peu les résultats.

 

Les femmes atteintes de SOPK semblent donc présenter des risques accrus de complications durant leurs grossesses et lors de l’accouchement. Ces anomalies seraient indépendantes de l’âge, de l’IMC et des traitements suivis pour l’obtention de la grossesse. Une surveillance accrue notamment concernant la survenue de diabète gestationnel ou de maladie hypertensive apparait donc impérative.

 

N Ross, H Kieler, L Sahlin, G Ekman-Ordeberg, H Falconer, O Stephansson. Risk of adverse pregnancy outcomes in women with polycystic ovary syndrome: population based cohort study. BMJ 2011;343:d6309 doi: 10.1136.

 
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