Contraception progestative et infarctus du myocarde : pas de risque accru !

L’infarctus du myocarde (IDM) est une pathologie rare chez la femme jeune avec une incidence extrêmement faible de 2 pour 1 million entre 30 et 34 ans, incidence qui se voit multipliée par 10 entre 40 et 44 ans. Plusieurs études ont montré l’impact négatif de la contraception orale sur ce risque, et ce particulièrement chez les fumeuses de plus de 35 ans. Le risque d’IDM sous contraception progestative pure est estimé uniquement dans des études de taille limitée, comportant peu de femmes utilisatrices, ce qui limite leur puissance statistique. Une équipe française vient de publier la première méta-analyse évaluant cet impact. A la suite d’une large recherche bibliographique sur Medline et Embase, les auteurs n’ont pu retrouver que 6 études cas-contrôles analysant le lien entre IDM et utilisation de contraception progestative pure, quelqu’en soit le mode d’administration. L’âge des cas allait de 15 à 44 ans et les femmes contrôles étaient toutes appariées pour l’âge. Certains des contrôles étaient issues de la population générale alors que dans d’autres études elles provenaient de femmes hospitalisées pour une autre pathologie. Dans 4 études il s’agissait d’une contraception progestative par voie orale, dans une autre étude la contraception progestative était soit orale soit injectable et dans la dernière étude les femmes étaient sous Norplant. Dans toutes ces études étaient pris en compte tous les autres facteurs de risque cardio-vasculaire comme le tabac, le diabète, l’hypertension artérielle…Le résultat de la méta-analyse montrait un risque relatif d’IDM chez les utilisatrices de contraception progestative pure de 1.07 (0.62-1.83) soit un risque superposable aux non utilisatrices. Il n’apparaissait pas de différence significative selon la voie d’administration orale ou injectable.

Cette méta-analyse, aux résultats rassurants, présente cependant plusieurs limites. En effet, la taille et le type même des études, les populations témoins utilisées, le manque d’étude de cohorte, l’absence de précision quant aux durées et doses du progestatif administré…constituent autant de biais potentiels.

Lorsqu’on évalue indépendamment l’impact de la contraception progestative pure sur les différents facteurs du risque cardio-vasculaire, on retrouve le plus souvent un effet neutre. Ainsi, la contraception progestative pure : - n’augmente pas les chiffres tensionnels et n’accroit pas le risque d’IDM lié à une hypertension artérielle, - ne modifie pas le risque cardiaque lié au tabagisme, - modifie peu les paramètres lipidiques, - peut altérer, selon la dose et la durée, la résistance à l’insuline probablement par le biais d’une prise de poids, - ne détériore pas les paramètres de l’hémostase.

Toutes ces données, ainsi que celle de cette méta-analyse, semblent plutôt rassurantes quant à l’utilisation de la contraception progestative pure en cas de facteurs de risque cardio-vasculaire. Cependant, aucune étude n’évalue précisément ce risque chez des femmes ayant des facteurs de risque cardiovasculaire. Il convient donc d’encadrer au mieux ces femmes et de maintenir une surveillance rapprochée visant à normaliser leurs facteurs de risque. Enfin, il n’existe aucune étude évaluant le risque des thérapeutiques hormonales contraceptives « macroprogestatives » utilisées par voie orale et fréquemment employées en France.

Z Chakhtoura, M Canonico, A Gompel, PY Scarabin, G Plu-Bureau. Progestogen-only contraceptives and the risk of acute myocardial infarction: a meta-analysis. J Clin endocrinol Metab 96: … , 2011.

 
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