Les IVG médicamenteuses en ville étendues à 9 semaines d'aménorrhée

Les interruptions volontaires de grossesse (IVG) médicamenteuses sont réalisées par les médecins généralistes, les gynécologues et également par les sages-femmes depuis la loi santé de 2016.

Avant l’épidémie de Covid-19, l IVG médicamenteuse était accessible jusqu’à sept semaines d aménorrhée pour les pratiques à domicile et neuf semaines en milieu hospitalier (1).

En avril 2020, en plein coeur de la crise sanitaire, l’accès à l’IVG médicamenteuse à domicile a été simplifié par la Haute Autorité de Santé (HAS) (2). Les deux principales mesures mises en place sont :

  1. la possibilité de réaliser les IVG médicamenteuses jusqu’à 9 semaines d aménorrhée à domicile,
  2. et la réalisation de l IVG médicamenteuse entièrement ou partiellement par télé-consultation avec délivrance des médicaments par les pharmaciens de ville (3).

Dans ce cadre, la HAS définit deux nouveaux protocoles médicamenteux : l’association d’une antiprogestérone (mifépristone) et d’une prostaglandine (misoprostol) :

  • Mifépristone 200 mg par voie orale puis 24 à 48h plus tard, Misoprostol 800µg par voie orale, sublinguale ou jugale.

ou :

  • Mifépristone 600 mg par voie orale puis 24 à 48h plus tard, Misoprostol 800µg par voie orale, sublinguale ou jugale (4).

Ces deux protocoles ont été validés en lien avec le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF) et l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM).

La HAS insiste en outre sur deux nécessités : prévenir la douleur en prescrivant du paracétamol associé à l opium où à la codéine au lieu de l ibuprofène ; et éviter, dans la mesure du possible, que la femme ne soit seule à domicile (2).  

Même s il n y a pas encore eu d’évaluation de ces mesures, le CNGOF s’est prononcé afin que ces protocoles perdurent, pour les raisons suivantes :

  • Les soignants qui ont mis en oeuvre ces mesures rapportent une expérience positive et un retour des femmes ayant apprécié d avoir été prises en charge dans ces conditions.
  • L hétérogénéité de l offre de soin sur le territoire rend difficile pour certaines femmes le choix de la méthode d IVG.
  • Le risque d une nouvelle pandémie d ici la fin de l année n est pas exclu (3).

Le 16 Septembre 2020, le Rapport d’Information à l’Assemblée Nationale sur l’accès à l’IVG recommande également de pérenniser le rallongement du délai de l IVG médicamenteuse en ville.
La méthode médicamenteuse est actuellement la plus utilisée puisqu elle représente 70% des IVG annuelles en 2018, avec une évolution stable depuis lors.

Il semble important de faciliter l accès à celle-ci en permettant aux praticiens libéraux de la pratiquer dans les mêmes conditions de délai que les établissements hospitaliers, à savoir jusqu’à neuf semaines d’aménorrhée.

Cette mesure serait d autant plus pertinente qu un quart seulement des IVG sont pratiquées hors établissements hospitaliers et que l allongement du délai de l IVG médicamenteuse en ville permettrait d alléger la charge des établissements de santé souvent submergés de demandes. Or, cet afflux de patientes à gérer ralentit la prise en charge et ne laisse plus alors comme possibilité que l IVG chirurgicale, laquelle peut être pratiquée jusqu’à quatorze semaines d’aménorrhée (5).

La mise en oeuvre de ces protocoles n a pas encore pu être évaluée du fait du contexte d urgence mais des expériences similaires dans d autres pays, depuis plusieurs années, ont montré leur faisabilité, leur efficacité et leur sécurité (3).

 

Bibliographie

1- https://www.gyneco-online.com/sage-femme/ivg-medicamenteuse-en-ville-point-legislation
2- https://www.has-sante.fr/jcms/p_3179352/fr/la-has-valide-l-extension-de-l-ivg-medicamenteuse-a-domicile-jusqu-a-9-semaines
3- http://www.cngof.fr/actualites
4- https://www.cnsf.asso.fr/livg-en-ville-autorise-jusqua-9-semaines-damenorrhee/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=livg-en-ville-autorise-jusqua-9-semaines-damenorrhee
5- http://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/rapports/ega/l15b3343_rapport-information