Quelle est la méthode contraceptive préférée aux USA ?

L'accès aux méthodes contraceptives constitue un défi aux États-Unis, malgré une diversité croissante des options contraceptives. Les contraceptions réversibles de courte durée d'action, tels que la pilule, le patch et l'anneau, nécessitent des renouvellements fréquents, imposant ainsi aux utilisatrices des interactions régulières avec le système de santé. Malheureusement, aux USA, l’accès aux soins est souvent inégal. Les obstacles rencontrés sont multiples : horaires d’ouverture des cliniques, nécessité de rendez-vous, longues attentes, et parfois expériences de discrimination ou de mauvais traitements. Ces barrières peuvent réduire l'adhésion aux méthodes contraceptives ou décourager les utilisatrices d’obtenir des soins par des méthodes traditionnelles.

Pour répondre à ces difficultés, des options alternatives d'accès à la contraception ont été explorées. Ces alternatives incluent les prescriptions via la télémédecine, l'obtention de contraceptifs directement en pharmacie, et la vente libre de certaines contraceptions dans certaines régions. Ces nouvelles sources visent à rendre la contraception plus accessible et à répondre aux besoins d’une population diversifiée.

L'objectif de l’étude est de comprendre quelles sont les sources de contraception préférées parmi les utilisatrices actuelles de contraceptions réversibles, et comment les expériences antérieures influencent sur les préférences entre les sources traditionnelles (consultations, cliniques, hôpitaux) et les alternatives (pharmacies, vente libre, télémédecine). L’hypothèse est que ceux qui ont rencontré des difficultés ou des soins de mauvaise qualité seraient plus enclins à se tourner vers les options alternatives.

L’étude a été menée à l’aide du panel AmeriSpeak représentatif des ménages américains. Un échantillon de femmes âgées de 15 à 44 ans utilisant actuellement la pilule, le patch ou l'anneau a été sélectionné. Les participantes ont répondu à un questionnaire en ligne, choisissant leur source préférée parmi six options : clinique, hôpital, télémédecine, pharmacie, vente libre, ou service en ligne. L’étude a pris en compte diverses caractéristiques démographiques (âge, ethnie, niveau d'éducation, revenus) et les expériences passées des participantes avec le système de santé (difficulté d'accès, discrimination, qualité des conseils).

 

Principaux résultats :

  1. Préférences des sources de contraception :
    • Parmi les répondantes, 45 % ont déclaré préférer les soins en clinique, considérant que ces lieux offrent des soins de qualité et des conseils personnalisés.
    • Environ 32,4 % préféraient la vente libre pour la facilité d'accès et l'absence de prescription.
    • Les services en ligne (27,4 %) et les pharmacies (26,4 %) ont également été cités pour leur commodité, tandis que la télémédecine (25,4 %) était appréciée pour son accessibilité depuis le domicile. Les sources offrant rapidité et discrétion étaient très souvent privilégiées.
  2. Différences selon les expériences passées :
    • Les personnes ayant rencontré des obstacles d'accès ou ayant été insatisfaites de la qualité des soins en clinique étaient plus enclin à préférer les sources alternatives. La facilité d’accès et la réduction des interactions avec le système de santé sont des facteurs importants dans leur choix.
    • Inversement, celles ayant vécu des expériences positives avec des professionnels de santé préféraient souvent les sources traditionnelles, car elles percevaient une meilleure qualité des soins et une plus grande confiance dans les conseils des cliniciens.
  3. Difficulté d’accès aux sources préférées :
    • Près de 50 % des utilisatrices de pilule, patch ou anneau n'ont pas pu obtenir leur contraception via leur source préférée. Les raisons incluent le manque d'information sur les alternatives disponibles, des contraintes financières, et l'incompatibilité des horaires des services de santé traditionnels.
    • Les sources alternatives étaient souvent privilégiées pour des raisons pratiques, telles que la flexibilité des horaires et la rapidité, tandis que les sources traditionnelles étaient valorisées pour les consultations en face-à-face et la confiance dans le conseil médical.

Obstacles persistants et enjeux de mise en œuvre : Bien que des politiques aient été mises en place dans certains États pour permettre des prescriptions plus longues (jusqu'à 12 mois), beaucoup d'utilisatrices continuent d’obtenir leur contraception de manière mensuelle ou trimestrielle. Cela s’explique en partie par des systèmes de santé non adaptés, un manque de formation des cliniciens, et des préjugés qui peuvent conduire à des prescriptions de courte durée. De plus, les options alternatives, comme la vente libre, ne sont pas toujours couvertes par les assurances, ce qui limite leur accessibilité pour les patientes à faible revenu.

Ainsi, l’étude conclut que diversifier les points d’accès à la contraception est essentiel pour améliorer l’équité en santé reproductive. Les auteurs encouragent les décideurs politiques à :

  • Soutenir et rembourser les méthodes alternatives : faciliter l’accès aux contraceptifs en pharmacie, en ligne et par télémédecine grâce à des remboursements adaptés, et encourager la couverture des méthodes en vente libre sans prescription.
  • Former les professionnels de santé : informer et sensibiliser les cliniciens aux alternatives pour qu’ils offrent des prescriptions plus prolongées et connaissent les différentes sources disponibles.
  • Éduquer le public : mieux informer les patients sur leurs options disponibles afin qu'ils puissent choisir en fonction de leurs préférences et besoins, et ainsi augmenter l'adhésion à la méthode contraceptive choisie.

 

Cependant l’étude présente des limites, en effet, l’échantillon étant limité aux femmes utilisant actuellement la pilule, le patch ou l'anneau, il ne peut pas nécessairement être généralisé à tous les groupes. Par ailleurs, la taille de l'échantillon n'était pas suffisante pour analyser les préférences selon les groupes raciaux et ethniques. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour évaluer les préférences sur le long terme et pour mesurer l'impact des nouvelles politiques d'accès aux contraceptifs.

En France, le système de santé est tout autre. Cependant, certaines femmes se plaignent de difficulté pour rencontrer un praticien susceptible de les conseiller en matière de contraception puis de les suivre régulièrement. En effet, il est fondamental de pouvoir s’adapter à l’évolution des besoins contraceptifs du couple et à l’éventuelle modification de la balance bénéfice risque au fil du temps. L’utilisation de contraception de longue durée d’action dites LARC (implant et dispositifs intra-utérins) peut être à privilégier offrant moins de contraintes et une plus grande efficacité sur 3 à 10 ans selon la méthode choisie. A l’heure où les contraceptions hormonales n’ont plus la côte comme en témoigne la toute récente enquête de santé de l’INSERM, la disponibilité et l’écoute des praticiens sont essentielles pour éviter les grossesses non souhaitées (2). Souhaitons donc, en matière de contraception comme dans tant d’autres domaines, le maintien de la consultation en tête à tête !

 

  1. A  Manchikanti Gomez,  A H. Bennett, A Schulte et al.  Use of prefered source of contraception among users of the pill, patch and ring in the USA.JAMA Netw Open. 2024 ; 7(10) : e2439191 
  2. N Bajos et al. Contexte des sexualités en France (CSF). Premiers résultats de l’enquête CSF-2023- INSERM-ANRS-MIE. Publié le 13 novembre 2024.