Pour une meilleure prise en charge des patientes ayant une endométriose

Pour une meilleure prise en charge des patientes ayant une endométriose.

Bien que l’endométriose affecte entre 10 à 15% des femmes, (c'est-à-dire avec une incidence supérieure à celle du cancer du sein), on peut considérer que cette pathologie est orpheline par l’absence d’étude épidémiologique française, le nombre faible d’études cliniques et les difficultés à obtenir des PHRC alors même que cette pathologie est source d’un nombre conséquent d’absentéisme scolaire, d’arrêt de travail, d’interventions itératives, d’infertilité et surtout d’une altération significative de la qualité de vie de nos patientes. Dans ce contexte défavorable et malgré les recommandations de l’Affssaps et du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF), les praticiens ont à leur disposition des thérapeutiques médicales peu voire non évaluées et non ciblées expliquant le taux élevé d’échec et de récidive.

Un faisceau d'arguments plaide en faveur de l'impact des agents environnementaux notamment des dérivés de la dioxine et des PCB sur l’incidence de l’endométriose notamment des formes profondes. Cette affirmation est étayée par des études sur sang placentaire retrouvant des taux élevés de perturbateurs endocriniens et la découverte de lésions profondes avec atteintes digestives chez des adolescentes ayant une ménarche récente suggérant que le primum movens serait antérieur à l’apparition des menstruations. Dans ce contexte, il serait logique, au-delà du traitement de l’infertilité associée à l’endométriose, que cette pathologie avec lésions profondes relève d’une prise en charge à 100% par la Caisse Nationale d’Assurance Maladie.

Face à une symptomatologie peu spécifique centrée par la dysménorrhée, il apparaît nécessaire de faire un effort sur le dépistage des formes précoces par une meilleure écoute des patientes et une meilleure formation des généralistes, des pédiatres, des gynécologues obstétriciens ainsi que des échographistes et des radiologues ce qui permettrait de réduire le délai moyen entre l’apparition des symptômes et le diagnostic qui reste de plusieurs années.

Il est clair que la prise en charge des patientes ayant une endométriose doit est centrée sur les priorités des patientes en tenant compte de sa chronicité, du taux élevé de récidive et des risques potentiels de la chirurgie notamment sur la réserve ovarienne et sur les fonctions urinaire et digestive. Enfin, il faut optimiser la prise en charge globale des patientes en prenant en compte la dimension psychologique, le désir de grossesse immédiat et à terme ainsi que le désir légitime de retrouver une qualité de vie satisfaisante. Enfin, pour l’optimisation de la prise en charge, il conviendrait de créer sur le territoire français des centres de référence avec une offre de soins au niveau des exigences légitimes de nos patientes.

Emile DARAÏ, professeur des Universités-Praticien hospitalier.

Service de Gynécologie-Obstétrique et Médecine de la Reproduction, Hôpital Tenon, AP-HP, Université Pierre et Marie Curie, Paris 6.

 
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