Les césariennes programmées (non urgentes) augmentent le risque de besoin de ventilation des nouveaux-nés à terme

Choix de l’article :

Article Brésilien récent sur la morbidité respiratoire précoce des nouveaux-nés par césarienne programmée. Dans un pays où le taux de césarienne est parmi les plus élevés au monde, ce genre d’études porte sur un nombre de cas considérable et traite d’un sujet d’actualité.

En Introduction , rappel de chiffres :

  • Taux de césarienne recommandé par l’OMS : moins de 15% des naissances
  • Taux de césarienne en Europe, USA, extrême orient, amérique du sud : 30-40%
  • Taux de césarienne en 2007 au Brésil : 46% des 37-41 SA, 53% dans les régions les plus riches

Les nouveaux-nés à terme nés par césarienne programmée sont plus à risque de maladie des membranes hyalines, détresse respiratoire transitoire, hypertension artérienne pulmonaire et de façon plus générale ont davantage besoin de supplémentation en O2 (pression positive, ou ventilation mécanique) : 8-9 . de plus, il leur a été montré un moindre succès en ce qui concerne l’allaitement maternel et un taux d’hospitalisation en médecine néonatale plus important :15

Un certain nombre d’études sur ce thème ont d’ores et déjà été publiées :

  • Annibale et Al, 1995 : 11702 naissances à terme, avec un plus fort taux de détresse respiratoire (sans spécifier lesquelles et en mélangeant césariennes programmées et en urgence) parmi les nouveaux-nés par césarienne.
  • Parsons et Al, 1998 et Atherton et Al, 2006 : pas de différence significative dans les deux populations (césariennes et voies basses) mais là aussi en mélangeant les indications urgentes et non urgentes.
  • Gordon and Al, 20 : sur une population de 44938 singleton à terme, montrent pour des procédures de césariennes programmées, que 7,8% des nouveaux-nés par voie haute ont nécessité des gestes non invasifs (ventilation au masque) en salle de naissance versus 4,2% des nouveaux-nés par voie basse. En revanche, ils n’ont pas noté de différence significative concernant les gestes invasifs, tels que intubation et ventilation mécanique, réanimation hémodynamique.
  • Kamath et al , 2009 : 672 femmes ayant un utérus unicicatriciel, classée selon le type d’accouchement de leur seconde grossesse. Cette étude, en contradiction avec les précédentes, montre un plus fort taux de réanimation respiratoire non-invasive et invasive dans la population de nouveaux-nés par voie basse.

1 METHODES DE L’ETUDE

  • 35 hôpitaux brésiliens, période de 1 mois, septembre 2003
  • inclus : présentation céphalique, âge gestationnel entre 37 et 41 SA, césariennes programmées ou voies basses non instrumentales, liquide amniotique clair, absence de malformations congénitales.
  • Exclus : césariennes en urgence, sous anesthésie générale, présentations non céphaliques.
  • Critères : ventilation au masque ou pression positive de plus de 30 secondes, ventilation sur sonde d’intubation trachéale de plus de 30 secondes.

2 RESULTATS

  • 11922 bébés vivants dont 9797 entre 37 et 41 SA sans malformations congénitales.
  • 6945 nouveaux-nés inclus, nés par césarienne (2098 = 30%) ou voie basse (4852=70%)

les résultats importants sont montrés dans le tableau
ci-dessous :

 

ITEM VOIE BASSE CESARIENNE PROGRAMMEE P value
Apgar 1 mn
<7
5% 7% 0,001
Apgar 1 mn
<4
1% 1% 0,805
Apgar 5 mn
<7
0,7% 0,5% 0,453
Apgar 5 mn
<4
0,1% 0,2% 0,181
VAM 3,3% 4,7% 0,004
V sur Tube 0,3% 0,4% 0,426
MCE et
drogues
0,1% 0,3% 0,076

V sur tube = ventilation sur tube
MCE = massage cardiaque externe
VAM = ventilation au masque

DISCUSSION

L’intérêt de cette étude réside dans les populations étudiées et les critères de choix : accouchement normal à terme, césariennes programmées ou voie basse. Le nombre de patient est aussi suffisant pour conclure ce qui a été déjà écrit dans des articles antérieurs : augmentation du risque de difficultés d’adaptation respiratoire des nouveaux-nés de la population césarisée, conduisant à davantage de manœuvres de réanimation non invasives (ventilation au masque), sans différence significative concernant les manœuvres invasives (intubation , massage cardiaque externe, drogues). La plupart des études antérieures traitant de ce sujet mêlaient césariennes en urgence et césariennes programmées, ce qui évidemment ajoutaient un biais non négligeable à leurs conclusions.

Les auteurs terminent cet article en citant l’étude longitudinale de Odd DE et al, en 2009, parue dans le Lancet et qui fera l’objet d’une prochaine mise au point dans gyneco-online. Dans cette étude, les auteurs ont mis en évidence une baisse significative du QI à 8 ans des enfants ayant nécessité des manœuvres de réanimation même minimes en période néonatale, y compris les enfants qui, après ces manœuvres, sont restés près de leur mère, totalement sains, donc non hospitalisés. Le rapprochement entre les constatations de Odd et cette étude va donc de soi. L’augmentation considérable du nombre de césariennes sans indication médicale, surtout dans nos pays riches et développés, provoque davantage d’intervention pédiatrique sur l’adaptation respiratoire des nouveaux-nés et donc, si on s’en réfère à l’article du Lancet cité, diminue le QI à 8 ans de ces enfants de façon significative.

Il est clair que ces conclusions, graves s’il en est, appellent à de nouvelles études prospectives et comparatives.

Non-urgent ceaseraean delivery increases the need for ventilation at birth in term newborn infants
Maria Fernanda Branco de Almeida, Ruth Guinsburg and al, Arch Dis Child Fetal Neonat Ed 2010 :95 F326-F330

 
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