Déclenchement artificiel du travail avec des prostaglandines : revue systématique et méta analyse

Article :
“Labour induction with prostaglandins: a systematic review and network meta-analysis". Z.Alfirevic, E.Keeney, T.Dowswell, NJ.Welton, DM.Caldwell. BMJ 2015; 350: h217.

Le déclenchement artificiel du travail a globalement augmenté ces vingt dernières années, représentant plus de 20 % des accouchements (1). De nombreuses méthodes ont été testées mais les prostaglandines semblent être préférées pour la maturation cervicale et le déclenchement artificiel du travail (2).

Cette méta-analyse de Alfirevic et al., paru dans le BMJ en 2015, fait état de l’efficacité des prostaglandines dans le déclenchement artificiel du travail. Deux cent quatre-vingt études randomisées ont été incluses, correspondant à 48 068 parturientes. Les morbimortalités néonatale et maternelle ont été reportées.

Ces études randomisées contrôlées ont évalué l’utilisation de prostaglandines ou d’analogues de la prostaglandine, utilisés au 3e trimestre pour maturation cervicale ou déclenchement artificiel du travail, sous différentes voies d’administration (vaginal, gel, pessaire, per os) et sous différentes doses (plus ou moins 50 mg).

Le critère de jugement principal était la survenue d’un accouchement dans les 24 heures, témoignant de l’efficacité de la prostaglandine. La mortalité périnatale a été évaluée dans 51 études et  la mortalité maternelle dans 18 études (4 morts maternelles sur les 280 essais cliniques).

Concernant l’accouchement par voie basse dans les 24h: les prostagladines augmentent la probabilité d’accouchement voie basse comparé à un placebo; l’utilisation de misoprostol par voie vaginale (supérieure à 50 mg) est à forte chance d’accouchement par les voies naturelles dans les 24 heures (OR=0.39, IC95 % : 1-94) tout comme le misoprostol par voie orale (OR=0.41, IC95 % : 2-95).

L’utilisation de misoprostol par voie orale à de faibles doses était à plus faible risque de césarienne.

L’utilisation de misoprostol par voie vaginale à une dose supérieure à 50 mg était associé à un risque plus important d’hypertonie utérine avec ARCF que l’utilisation à faible dose (OR = 3.57 (IC95 % : 1.66-8.06)).

Il faut souligner que la puissance de cette méta-analyse réside dans le nombre important de parturientes incluses.

Toutes les prostaglandines, en particulier le misoprostol, même à faible dose, sont connues pour être à l’origine de rupture utérine, en particulier chez les patientes ayant un utérus cicatriciel (3). L’utilisation de prostaglandine à des doses différentes a été étudiée. Une étude randomisée avait montré que le déclenchement par misoprostol (25 ug) chez les femmes ayant un antécédent de césarienne était associé à un risque accru de rupture utérine. Cette étude avait été arrêtée en raison de la grande incidence des ruptures utérines; le Comité anglo-saxon sur la pratique en obstétrique maintient la recommandation de ne pas utiliser le misoprostol chez les femmes ayant un antécédent de césarienne ou une chirurgie importante au niveau de l’utérus (4).

Cette méta-analyse du BMJ nous montre donc que le misoprostol est la meilleure prostaglandine pour le déclenchement artificiel du travail.

L’utilisation de doses faibles de Misoprostol par voie orale (inférieure à 50 mg) est à faible risque de césarienne. L’utilisation de Misoprostol par voie vaginale (supérieure à 50 mg) est à forte chance d’accouchement par les voies naturelles dans les 24 heures (39 %, IC (1-94)) tout comme le misoprostol par voie orale (41 %, IC (2-95)).

L’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament) a pris connaissance d’un usage hors AMM de Cytotec en obstétrique pour déclencher l’accouchement à partir de 37 SA. Or, à ce jour, il n’y a pas de données de sécurité d’emploi qui présagent d’un rapport bénéfice / risque favorable du Cytotec dans cette indication (déclenchement de l’accouchement), quelle que soit la voie d’administration. Cette utilisation hors AMM peut entrainer des effets indésirables graves pour la mère et l’enfant.

L’ANSM  rappelle qu’en France, la Haute Autorité de Santé (HAS) a publié en avril 2008 des recommandations professionnelles qui rappellent les conditions qui permettent un déclenchement artificiel du travail, que ce soit pour une indication médicale ou non médicale, et les méthodes utilisées pour ce déclenchement. Parmi ces méthodes figurent le décollement des membranes et le recours à des spécialités (contenant du dinoprostone) approuvées dans cette indication. À ce jour, le misoprostol n’a pas d’autorisation de mise sur le marché pour le déclenchement artificiel du travail.

 

Pour en savoir plus :

  1. American College of Obstetricians and Gynecologists. ACOG practice bulletin. Clinical Management Guidelines for Obstetrician-Gynecologists. No.107. Induction of labor. Obstet Gynecol 2009;114:386-97
  1. Tang , Kapp N, Dragoman M, de Souza JP. WHO recommandations for misoprostol use for obstetric and gynaecologic indications. Int J Gynaecol Obstet 2013; 121:186-9
  1. Wing DA, Lovett K, Paul RH. Disruption of prior uterine incision following misoprostol for labor induction in women with previous cesarean delivery. Obstet Gynecol 1998; 91: 828-30
  1. American College of Obstetricians and gynecologists. ACOG Committee opinion n°228. Induction of labor with misoprostol. Washington: ACOG; 1999

 
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