Est-ce moi ou mes hormones ? ou… différence de profils d’activation neuroendocrine après stimulation visuelle des aliments selon la période du cycle

La consommation de nourriture et le comportement alimentaire sont déterminés par une interaction extrêmement complexe des hormones dans diverses zones du cerveau influencées  par des signaux homéostatiques et hédoniques. Les indices homéostatiques peuvent modifier la balance énergétique en positif ou en négatif et les indices hédoniques correspondent au gout et à la « récompense ». Toutes les régions du cerveau qui participent à l’homéostasie, les zones de réponse de type « récompense » et les aires visuelles possèdent des récepteurs hormonaux.

Chez l’humain, des  fluctuations d’apport calorique peuvent atteindre une différence de 250 kcal/j en moyenne et peuvent excéder 500 kcal/j en phase lutéale. L’obésité étant une véritable épidémie et la plupart des régimes alimentaires voués à l’échec sur le long terme, un intérêt croissant pour essayer de comprendre les déterminants du comportement alimentaire motive de nouveaux types de recherche.

Pour donner un éclairage aux variations de comportement alimentaire au cours du cycle, des auteurs israéliens ont étudié la réponse cérébrale (analysée en IRM fonctionnelle)  à des signaux visuels alimentaires chez des femmes aux cycles réguliers. De plus, des femmes sous contraception estroprogestative  monophasique  ont également été analysées. Différentes zones du cerveau ont été étudiées ainsi, celle en relation avec l’activité homéostatique, la récompense, la motivation et la prise de décision ainsi que le cortex visuel.

L’hypothèse des auteurs repose sur le rôle essentiel de la progestérone pour expliquer les différents comportements au fil du cycle.

Ainsi, 18 femmes normalement réglées et 11 sous COP monophasiques depuis plus de 6 mois (20ug EE et 0,15 mg désogestrel) ont été recrutées. Agées de 18 à 35 ans, elles devaient avoir un poids stable et « normal » depuis 3 mois, droitières, et sans prise médicamenteuse

Chaque participante était étudiée en IRM fonctionnelle en milieu de phase folliculaire (J7-J12) et milieu de phase lutéale (J20-26) à jeun puis après ingestion de 75 g de glucose. De même, 2 analyses pour les femmes sous COP à 2 moments distincts de leur prise de pilule.  Les femmes étaient analysées en visualisant des images d’aliments doux très caloriques (chocolat, gâteaux), des mets caloriques (pizza, lasagnes) et des objets sans relation avec l’alimentation (ordinateur…).

Les seuls paramètres hormonaux significativement différents selon la phase du cycle étaient l’insulinémie à jeun et la progestérone, toutes 2 plus élevées en phase lutéale comparativement à la phase folliculaire.

En phase lutéale, l’activation cérébrale apparaissait significativement supérieure à tous les niveaux étudiés en rapport avec la récompense, la motivation et la prise de décision comparativement à la phase folliculaire. Au niveau des aires visuelles, il existe en plus de cette inégalité, une différence d’activation selon la satiété. Ainsi, en 2ème partie de cycle,  l’activation est plus importante si la femme est à jeun possiblement en rapport avec une insulinémie plus élevée.  Sous COP, l’activation cérébrale était identique à la réponse du cerveau en phase lutéale.

Le comportement alimentaire varie au cours du cycle menstruel mais les mécanismes  n’en sont pas connus.  Ici,  les auteurs montrent que, selon la phase du cycle, l’activation cérébrale en réponse à des stimuli visuels d’aliments est différente. Ainsi, non seulement les zones participant à l’homéostasie sont impliquées mais aussi les zones de récompense, les aires frontales d’exécution et les aires visuelles, toutes plus stimulées en phase lutéale avec un rôle évoqué de la progestérone. A noter  également qu’en phase lutéale, l’activation des zones visuelles à jeun face aux images alimentaires est plus importante. Cela pourrait en partie expliquer l‘augmentation des apports caloriques observés en 2ème partie de cycle.

Référence 
Is it me or my hormones? Neuroendocrine activation profiles to  visual food stimuli across the menstrual cycle.
Arnoni-Bauer Y, Bick A, Raz N et al. J clin Endocrinol Metab 102:3406-3414,2017.

 
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