Utilisation de sédatifs au cours de la grossesse

Près du tiers de la population se plaint d’un trouble du sommeil, et particulièrement d’insomnie. Ces troubles du sommeil sont fréquemment observés chez la femme enceinte, bien que leur incidence exacte demeure inconnue (1). En effet, les modifications hormonales, physiques, physiologiques peuvent affecter la qualité et la durée du sommeil durant la grossesse.

Cette méta-analyse qualitative de Okun et al. , parue dans l’American Journal en avril 2015, fait état des complications liées à l’utilisation d’hypnotiques dans les troubles du sommeil au cours de la grossesse. La tératogénicité des principaux hypnotiques, tels que les benzodiazépines (BZD), les antihistaminiques de première génération (ANTI-H1) et les antidépresseurs, a été étudiée. Les BZD étudiés sont : alprazolam, clonazepam, diazepam, lorazepam, medazepam. Cette méta-analyse regroupe 16 études de cohortes rétrospectives (sur les 1453 études retrouvées sur Pubmed) réalisées en Suède, aux Etats Unis, au Royaume Uni ou au Canada.

Cette méta-analyse montre que leur utilisation n’est pas corrélée à une augmentation du risque de malformations congénitales (2). Dans l’étude rétrospective américaine de cohorte de Lin et al., 33 enfants ont été exposés au Clonazepam (BZD) au premier trimestre sur 28565 ; 1 seul (1/33=3%) a présenté des malformations congénitales. Cependant, il existe une augmentation de la prématurité, du nombre de césariennes et du petit poids de naissance (3,4). Dans l’étude rétrospective taiwanaise de cohorte de Wang et al., il y a une augmentation significative de petit poids à la naissance (OR=1.39, IC95% 1.17-1.64), d’accouchement prématuré (OR=1.49, IC95% 1.28-1.74) et de césarienne (OR=1.74, IC95% 1.59-1.90) (5). Néanmoins, il est difficile d’en tirer des conclusions du fait de nombreux biais liés au faible nombre de patientes dans chaque étude et au faible nombre d’études.

Les troubles du sommeil bien que fréquemment observés chez la femme enceinte, sont peu documentés dans la littérature. Les données sur leur innocuité sont limitées. En tout état de cause, le CRAT fait état de données rassurantes concernant l’utilisation d’antiH1 en cours de grossesse. Concernant les principaux benzodiazépines, il faudra privilégier l’oxazepam (Seresta) ou l’hydroxyzine (Atarax) quelque soit le terme ; l’alprazolam (Xanax), le lorazepam (Temesta) tout comme le diazépam (Valium) doivent être utilisés à la dose la plus faible possible ; le clonazepam (Rivotril) peut être utilisé.

 

Pour en savoir plus :

  1. Sahota PK, Jain SS, Dhand R. Sleep disorders in pregnancy. Current opinion in Pulmonay Medicine 2003 ; 9 : 477-83
  2. Lin AE, Peller AJ, Westgate MN, Houde K, Franz A, Holmes LB. Clonazepam use in pregnancy and the risk of malformations. Birth defects Res A Clin Mol Teratol 2004;70:534-6
  3. Eros E, Creizel AE, Rockenbauer M, Sorensen HT, Olsen J. A population based case control teratologic study of nitrazepam, medazepam, tofisopam, alprazolam and clonazepam treatment during pregnancy. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol 2002 ;101 :147-54
  4. Wikner BN, Stiller CO, Bergman U, Asker C, Kallen B. Use of benzodiazépines and benzodiazépine receptor agonists during pregnancy : néonatal outcome and congénital malformations. Pharmacoepidemiol Drug Saf 2007 ;16 :1203-10
  5. Wang LH, Lin HC, Lin CC, Chen YH, Lin HC. Increased risk of adverse pregnancy outcomes in women receiving zolpidem during pregnancy. Clin Pharmacol Ther 2010; 88:369-74.

 
Les articles sont édités sous la seule responsabilité de leurs auteurs.
Les informations fournies sur www.gyneco-online.com sont destinées à améliorer, non à remplacer, la relation directe entre le patient (ou visiteur du site) et les professionnels de santé.