Un traitement par œstrogène local intra vaginal est possible après cancer du sein

Commentaire article, par Geoffroy CANLORBE

McVicker et al., ont publié en novembre 2023 dans JAMA Oncology les résultats d’une étude de cohorte menée sur un total de 49237 patientes, âgées de 40 à 79 ans, prises en charge pour un nouveau cancer du sein entre 2010 et 2017 en Ecosse et entre 2000 et 2016 dans le Pays de Galles. 

L’objectif principal de l’étude a été d’évaluer la mortalité spécifique au cancer du sein selon la prescription ou non d’un traitement œstrogénique intra vaginal, pour le traitement des symptômes génito-urinaires de la ménopause, après le diagnostic d’un cancer du sein.

Le suivi médian (IQR) a été de 8 (5-12) années dans la cohorte écossaise et de 5 (3-7) années dans la cohorte galloise. Sur cette période, après diagnostic du cancer du sein, 12% des patientes (5795) ont eu un décès lié au cancer du sein et 5% des patientes (2551) ont eu la prescription d’un traitement ostrogénique intra vaginal.

Après analyse ajustée sur de nombreux critères confondants, les auteurs ont trouvé que la prescription d’un traitement œstrogènique intra vaginal n’était pas associé à un sur risque de mortalité spécifique de cancer du sein et qu’il était même associé à une légère diminution de ce risque : HR : 0,77; 95% IC : 0,63-0,94. Ce résultat restait le même si l’on considérait les patientes ayant eu plus de 5 prescriptions de traitement œstrogénique intra-vaginal (HR : 0,57; IC95% : 0,34-0,96) ou des prescriptions avec des doses importantes d’œstrogène (soit 25µg par ovule) (HR : 0,81; IC95% : 0,55-1,21). De même, les auteurs n’ont pas trouvé de sur risque de décès de cancer du sein selon la prescription ou non d’œstrogènes en intra vaginal dans le sous-groupe de patientes avec des récepteurs hormonaux positifs au niveau tumoral (HR : 0.88; IC95 : 0,62-1,25) ou prenant un traitement par anti-aromatase (HR : 0.72; IC95% : 0,58-0,91).

Les auteurs rappellent dans leur discussion que ces données viennent confirmer les conclusions d’études précédentes n’ayant pas mis en évidence de lien entre récidive d’un cancer du sein et traitement ostrogénique intra-vaginal après cancer du sein. Le traitement hormonal systémique restant bien sur contre indiqué dans ce contexte. A noter que les patientes ayant reçu un traitement pour un syndrome génito-urinaire de la ménopause seraient celles qui pourraient avoir des taux d'estradiol plasmatique plus bas et/ou une meilleure observance des traitements anti-hormonaux et donc une mortalité spécifique au cancer du sein plus basse.

Les auteurs concluent qu’un traitement œstrogènique local peut être proposé, si échec des autres thérapeutiques, aux patientes présentant un syndrome génito-urinaire de la ménopause, même en cas d’antécédent de cancer du sein.

Référence : 
McVicker L, Labeit AM, Coupland CAC, Hicks B, Hughes C, McMenamin Ú, McIntosh SA, Murchie P, Cardwell CR. Vaginal Estrogen Therapy Use and Survival in Females With Breast Cancer. JAMA Oncol. 2023 Nov 2:e234508. PMID: 37917089