Endométriose, cette illustre inconnue : l’approche médicale préventive et thérapeutique

L’endométriose est une pathologie chronique, dont la définition est histologique. Il est difficile d’avoir une estimation précise de sa fréquence et de son évolution, mais l’endométriose pourrait toucher 10 à 15% des femmes en âge de procréer.

De par sa fréquence et son retentissement, l’endométriose a fait l’objet récemment de campagnes professionnelles * ainsi que d’un plan national de lutte contre l’endométriose**.

La littérature manque d’essais randomisés contrôlés, mais regorge de recommandations d’experts. Tous s’accordent à ne traiter que les patientes symptomatiques, avec retentissement fonctionnel, en prenant en charge la douleur (dysménorrhées, dyspareunies, douleurs quotidiennes) afin d’améliorer la qualité de vie.

En premier lieu, on dispose des traitements hormonaux :

  • La contraception oestro-progestative, en prise continue ou non, en première intention.
  • Les progestatifs, avec notamment le Dienogest, commercialisé en France depuis 2020, qui tend à devenir un traitement de première intention.
  • Les analogues de la GnRH, nécessitant une add back thérapie si utilisés plus de 3 mois pour améliorer la tolérance osseuse. Leur utilisation reste souvent restreinte à une prescription de 12 mois.
  • A venir (Essai de phase 3 et AMM en cours) un antagoniste oral de la GnRH associé à une add back thérapie, le Relugolix.

Ces traitements hormonaux visent à soulager les douleurs par

  • L’obtention d’une aménorrhée
  • L’inhibition de l’ovulation
  • La modification du climat hormonal : baisse de l’estradiolémie, modification des proportions des récepteurs à la progestérone
  • Des mécanismes spécifiques et locaux du Dienogest, récemment mis en évidence in vitro : action antiproliférative (via l’aromatase et la COX-2), action sur l’angiogénèse (via le VEGF ou le NGF), action anti-inflammatoire (via le TNF a, l’IL 3 ou l’IL 6), modification de l’expression des récepteurs hormonaux des cellules endométriosiques, modification de l’immuno-modulation.

En complément, les traitements non hormonaux ont toute leur place, bien que la littérature ne prouve pas leur efficacité :

  • Les antalgiques, classiques ou non, en traitement de crise ou traitement de fond. A noter, certaines recommandations prônent la diminution de la consommation d’anti-inflammatoires.
  • Les neuromodulateurs : antiépileptiques et antidépresseurs à visée antalgique.
  • Les soins de suppport : ostéopathie, kinésithérapie, acupuncture, mésothérapie…
  • Les actions corticales : hypnothérapie, sophrologie, psychothérapie..
  • Les règles hygiéno-diététiques telles que le régime sans gluten ou sans lactose
  • La radiologie interventionnelle avec notamment les ultrasons focalisés de haute intensité (HFIU)
  • Les injections de toxines botuliniques

Afin d’agir sur le tryptique de la douleur endométriosique que sont la nociception, l’hyperalgie et la sensibilisation centrale.

Ces nouveaux mécanismes d’action sont à explorer par des études bien menées, afin de prouver leur efficacité.

 

Références

*HAS 2017 : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2018-01/pris_en_ch…

*ESHRE 2022 : https://www.eshre.eu/Guideline/Endometriosis

** https://www.gouvernement.fr/upload/media/default/0001/01/2022_02_dossie…