Le traitement des lésions de haut grade par résection (quelle que soit la méthode) permet de retirer les lésions et de les analyser mais l’on sait que ces patientes restent à haut risque de récidive qu’elles soient in situ ou même invasives. Le risque de récidive locale (non invasive) oscille entre 5 & 8% ce qui peut imposer un second geste de résection qui n’est pas sans conséquences obstétricales pour les femmes les plus jeunes et plus généralement source d’inquiétudes et de difficultés de surveillance pour toutes.
Les vaccins prophylactiques contre les HPV ne sont pas thérapeutiques, ils conduisent à la production d’anticorps neutralisants empêchant la fixation puis la pénétration des HPV sur les cellules.
Néanmoins plusieurs études dont le but initial était de tester ces vaccins sur le développement futur de lésions cervicales de haut grade ont semblé montrer que les patientes vaccinées mais qui avaient développé une lésion cervicale (car infectées par un HPV à haut risque avant la vaccination) avaient moins de récidives cervicales que celles qui n’avaient pas été vaccinées, comme si la vaccination n’empêchait pas le développement de la lésion initiale mais protégeait un peu de la persistance du virus et donc de la récidive.
Les auteurs ont ici repris l’ensembles des études publiées sur le sujet (mélangeant et compilant études prospectives randomisées, études Post Hoc et de cohorte non randomisées...) pour essayer de déterminer une tendance plus fiable sur l’intérêt de cette vaccination, son timing, l’influence de l’âge, du type d’HPV 16 ou non.
La finalité étant de déterminer le taux de récidive au niveau de CIN2+, la population totale étudiée était de 21.059 patientes (3939 vaccinées et 17.150 témoins contrôles). Les résultats montrent une réduction significative du risque de récidive de l’ordre de 60% : (RR = 0.41; 95% CI [0.27; 0.64]) indépendant du type d’HPV, du moment de la vaccination (juste avant le Traitement ou juste après), de l’âge de la patiente : RR= 0.47 (95%-CI [0.28; 0.80]) avant 25 ans et (RR=0.52 (95%-CI [0.41; 0.65]) après 25 ans, de même pour les lésions en rapport avec un HPV 16 ou 18 le RR est de 0.37.
Les auteurs précisent tout de même qu’il faut vacciner près de 45 patientes traitées pour éviter une récidive.
Ces premières meta-analyses semblent donc confirmer une impression contrintuitive : un vaccin prophylactique peut probablement diminuer significativement le risque de récidive, mais il faudra peut-être plus d’études prospectives randomisées pour confirmer ces résultats et mettre en œuvre cette nouvelle proposition thérapeutique, voire en informer d’ores et déjà nos patientes.
Références
Vaccine 2020 Aug 4;S0264-410X(20)30986-5. doi: 10.1016/j.vaccine.2020.07.055. Online ahead of print
Prophylactic HPV vaccination after conization: A systematic review and meta-analysis
M Jentschke 1, J Kampers 2, J Becker 3, P Sibbertsen 3, P Hillemanns 2