Prevention du cancer anal chez les patientes HPV positives

L’infection persistante par un HPV à haut risque peut être responsable comme nous avons appris à le savoir d’une lésion de haut grade du col utérin (et éviter ainsi par son dépistage et le cas échéant son traitement la survenue d’un cancer invasif) mais ces mêmes HPV peuvent également être responsables d’autres localisations : Cancer de l’anus ou de l’oropharynx (43.999 le nombre annuel de cancers attribuables aux HPV aux USA soit une incidence de 12.2/100.000 dont 12 015 Cancers du col (incidence 7.2/100.000), 6 810 cancers de l’anus, 19 000 cancers de l’oropharynx).

Il semble que le dépistage des cancers de l’oropharynx soit pour l’instant difficile, en revanche le dépistage (et donc la prévention) des cancers de l’anus et de leurs précurseurs soit possible par la réalisation d’un frottis anal, voire d’un test HPV comme pour celui du col.

La méta-analyse que nous rapportons ici essaie de préciser les facteurs de risque d’incidence des lésions anales, et ainsi qu’ils le montrent les infections anales et cervicales semblent hautement corrélées.

Chez les patientes HIV négatives un HPV 16 anal est retrouvé chez 41% des patientes HPV 16+ au niveau cervical [p<0·0001] et seulement chez 1% des patientes HPV 16 négatives (ces chiffres sont respectivement de 46% et 11% chez les patientes HIV +).

Une lésion de haut grade anale (AIN3) est retrouvée chez 24% des patientes porteuses de lésion cervicales de haut grade HPV 16+ et de plus ces chiffres sont encore un peu plus élevés : 23 à 25% chez les femmes de plus de 45 ans.

Par ailleurs une cytologie anale de haut grade est significativement plus fréquente  (risque relatif de 1.5 soit 50% de plus ) lorsque qu’un HPV 16+ est présent sur le col que lorsque qu’il s’agit (au niveau du col) d’un HPV à haut risque (HR) non 16 et, 26 fois plus fréquente lorsque le frottis cervical montre un aspect de haut grade…

Les auteurs insistent donc sur la place du dépistage des localisations anales des HPV, notamment chez la femme de plus de 45 ans, surtout lors de la mise en place des programmes futurs de dépistage du cancer du col basés sur les Tests HPV qui peuvent aisément réalisés et conduire ainsi à des techniques d’identification de lésions précurseurs basées comme pour le col sur l’évaluation «  colposcopique » grâce à l’anuscopie dite de haute résolution qui est une « colposcopie »ou imagerie  de l’anus après application d’acide acétique avec un agrandissement et un bon éclairage.

Rappelons encore ici la place de la vaccination anti HPV qui pourrait dans l’avenir rendre plus caduque toutes ces techniques somme toutes un peu invasives, en l’absence de circulation des HPV à haut risque dont notamment l’HPV 16, comme il semble que ce soit déjà le cas, en Australie ou en Ecosse…. où la couverture vaccinale est importante.

 

Cervical determinants of anal HPV infection and high-grade anal lesions in women: a collaborative pooled analysis.

Lin C, Slama J, Gonzalez P, Goodman MT, Xia N, Kreimer AR, Wu T, Hessol NA, Shvetsov Y, Ortiz AP, Grinsztejn B, Moscicki AB, Heard I, Del Refugio González Losa M, Kojic EM, Schim van der Loeff MF, Wei F, Longatto-Filho A, Mbulawa ZA, Palefsky JM, Sohn AH, Hernandez BY, Robison K, Simpson S Jr, Conley LJ, de Pokomandy A, van der Sande MAB, Dube Mandishora RS, Volpini LPB, Pierangeli A, Romero B, Wilkin T, Franceschi S, Hidalgo-Tenorio C, Ramautarsing RA, Park IU, Tso FK, Godbole S, D'Hauwers KWM, Sehnal B, Menezes LJ, Heráclio SA, Clifford GM.

Lancet Infect Dis. 2019 Aug;19(8):880-891. doi: 10.1016/S1473-3099(19)30164-1. Epub 2019 Jun 13.

 
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