L’ovariectomie bilatérale associée à l’hystérectomie : une mauvaise alchimie pour le long terme !

L’ovariectomie bilatérale est souvent proposée lors d’une hystérectomie réalisée pour une pathologie utérine bénigne passé un certain âge, l’objectif étant d’éviter les cancers ovariens ultérieurs. Cependant, ces dernières années, plusieurs auteurs ont évoqué son mauvais pronostic sur la mortalité cardio-vasculaire, la mortalité liée à certains cancers et sur la mortalité globale. Ceci vient d’être confirmé grâce à la célèbre Nurses’Health Study. Cette grande étude de cohorte a débuté en 1976 par le suivi de 121 700 femmes âgées de 30 à 55 ans. Les informations concernant leur suivi étaient colligées grâce à des questionnaires adressés 2 fois par an,  avec un taux de réponses d’environ 90% à chaque envoi.

Concernant le sujet des répercussions de l’ovariectomie réalisée lors de l’hystérectomie pour pathologie utérine bénigne, 30 117 femmes ont été suivies 28 ans. 56,2% avaient été ovariectomisées et 43,8% avaient bénéficié d’une conservation ovarienne.

Les résultats concernant leur suivi sont les suivants :

  • Diminution de la mortalité par cancer de l’ovaire : 4 décès en cas d’ovariectomie pour 44 en cas de conservation ovarienne (RR=0,06 IC : 0,02-0,17)
  • Diminution de la mortalité par cancer du sein uniquement si la chirurgie a eu lieu avant l’âge de 47,5 ans (P=0,048)
  • Augmentation de la mortalité par maladies cardio-vasculaires (RR= 1,23  IC : 1,0-1,52)
  • Augmentation de la mortalité par cancer pulmonaire (RR= 1,29  IC : 1,04-1,61)
  • Augmentation de la mortalité par cancer colo-rectal (RR=1,49 IC : 1,02-2,18)
  • Augmentation de la mortalité par cancer en général (RR= 1,16 IC : 1,05-1,29)
  • Augmentation de la mortalité globale (RR=1,13 IC :1,06-1,21)
     

Pour les femmes opérées avant l’âge de 50 ans, l’estrogénothérapie évitait l’augmentation des risques de mortalité toutes causes confondues (RR=1,05 IC :0,94-1,17), par cancer pulmonaire et maladies cardio-vasculaires. Concernant la mortalité cardio-vasculaire, l’ovariectomie représentait un facteur de risque uniquement chez les femmes initialement à bas risque cardio-vasculaire.

Les auteurs concluent que l’ovariectomie bilatérale est - associée à une augmentation de la mortalité chez les femmes opérées avant 50 ans n’ayant pas bénéficié d’une estrogénothérapie et – qu’il n’apparait pas de bénéfice en termes de survie quelque soit l’âge de la chirurgie. L’ablation des trompes conjointement à l’hystérectomie (tout en conservant les ovaires) n’est pas discutée dans ce papier ; il semblerait portant qu’elle permette d’éviter un certain nombre de cancers pelviens ultérieurs dont le développement serait initialement tubaire : une piste à suivre…

 

Parker W H, Feskanich D, Broder M S et al. Long-term mortality associated with oophorectomy compared with ovarian conservation in the Nurses’ Health Study. Obstet Gynecol 2013;121:709-16.

 
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