Métabolisme et caryotype ovocytaires dans le syndrome d’ovaires polykystiques

Sarah E. HARRIS et coll. (Leeds Institute of Genetics et Université de LEEDS, Grande Bretagne) ont analysé les modifications de l’insuline et du glucose dans les liquides folliculaires chez des patientes présentant un syndrome d’ovaires polykystiques (S-OPK n = 14), des ovaires multi-folliculaires (OMF n = 14) et un groupe contrôle (n = 46).

Le S-OPK affecte 15 % des femmes en âge de procréer et reste une cause majeure d’infertilité dans les pays occidentaux. En plus des critères définis par le Consensus de ROTTERDAM (ESHRE-ACRM WORKSHOP – groupe 2004), à savoir troubles du cycle, hyperandrogénisme et aspect échographique d’OPK, le S-OPK est souvent associé à une obésité, une intolérance au glucose et une insulino-résistance tissulaire et notamment ovarienne.

Dans les traitements d’assistance médicale à la procréation, le nombre de follicules pré-antraux et d’ovocytes recueillis est significativement plus élevé dans les S-OPK mais avec des taux de fertilisation ovocytaire et de grossesses évolutives diminués (BALEN et al. 2006, COCKSEDGE et al. 2008).

L’étude menée par HARRIS et al. a permis de mesurer plusieurs paramètres du métabolisme et de l’activité mitochondriale ovocytaire et de rechercher des anomalies quantitatives des chromosomes ovocytaires.

Une technique de maturation in vitro (MIV) a été effectuée sur les ovocytes immatures recueillis à l’occasion de traitements de fécondation in vitro ou de micro-injections ovocytaires : les dosages de glucose, pyruvate et L-lactates ont été étudiés dans les milieux de culture, l’activité mitochondriale ovocytaire a été recherchée par fluorescence et le caryotype ovocytaire analysé par FISH.

La maturation in vitro a été réalisée sur 125 ovocytes d’un groupe contrôle (âge moyen 34,6 ans), 40 ovocytes d’un groupe présentant un S-OPK (âge moyen 31,7 ans), et 31 ovocytes de femmes présentant des ovaires « multifolliculaires » (OPK-like), mais n’entrant pas dans la définition exacte du S-OPK (âge moyen : 33,9 ans).

En termes de résultats, les auteurs :

  • NE RETROUVENT PAS D’EFFETS BENEFIQUES DE LA METFORMINE chez les patientes du groupe S-OPK sur maturation ovocytaire en métaphase II (66,6 % dans le groupe traité par METFORMINE v/s 54,5 % dans le groupe non traité).
  • NE RETROUVENT PAS DE DIFFERENCE SIGNIFICATIVE EN TERMES D’ANOMALIES DE CARYOTYPES OVOCYTAIRES avec une moyenne de 44,2 % dans les 3 sous-groupes (57 ovocytes du groupe contrôle, 17 du groupe S-OPK, 21 du groupe OPK-LIKE ovocytes en MII).

Ils notent également une incidence PLUS IMPORTANTE D’ANOMALIES DE DYSJONCTION ET DE PRE-DIVISION CHROMOSOMIQUES, dans les groupes S-OPK et OPK-LIKE.
De même, on retrouve une augmentation de consommation de pyruvate associée à un taux plus fréquent d’anomalies chromosomiques.

Des désordres métaboliques de consommation de glucose et de pyruvate sont plus élevés dans le groupe S-OPK.
Il est intéressant de noter que les traitements par METFORMINE (in vivo) atténuent la consommation in vitro de pyruvate, substrat énergétique essentiel du métabolisme ovocytaire.

En conclusion :

Les auteurs ont retrouvé une association entre les perturbations métaboliques ovocytaires du groupe S-OPK et des anomalies chromosomiques ovocytaires.
Les anomalies portant notamment sur le métabolisme du pyruvate sont significativement plus élevées dans le groupe S-OPK et pour une part moindre mais notable dans le cas OPK-LIKE par rapport au groupe contrôle.
Le traitement par METFORMINE semble, pour une part, atténuer les désordres métaboliques retrouvés in vitro dans le groupe S-OPK.
LES OVOCYTES DU GROUPE S-OPK MATURES IN VITRO N’ONT PAS PLUS D’ANOMALIES DE CARYOTYPE QUE LE GROUPE CONTROLE.

Sarah HARRIS et Coll. – Human Reproduction Vol. 25, n° 9 pp. 2305-2315, 2010 « Metabolism and karyotype analysis of ovocytes form patients with polycystic ovary syndrome»

Mots clés : aneuploïdie – caryotype ovocytaire – métabolisme pyruvate – METFORMINE – maturation in vitro – syndrome d’ovaires polykystiques

 
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