Fertilité et tumeurs de l'ovaire

L’article de M. KOSKAS et coll. (Institut Gustave Roussy – VILLEJUIF) analyse les conséquences sur la fertilité des traitements chirurgicaux conservateurs réalisés pour tumeurs mucineuses borderline de l’ovaire.

C’est une étude rétrospective menée chez des patientes ayant eu une chirurgie conservatrice utérine ou ovarienne, kystectomie ovarienne ou annexectomie unilatérale pour tumeur mucineuse borderline de l’ovaire.

31 patientes ayant eu un projet de grossesse ont été incluses dans l’étude, à partir de dossiers répertoriés entre 1997 et 2006.

Les critères d’inclusion retenus étaient :

  • diagnostic de tumeur borderline de l’ovaire par lecture des lames par le même histologiste référent,
  • exclusion des cas présentant des lésions pseudo-myxomateuses péritonéales,
  • suivi post-opératoire minimal d’un an.

Deux groupes ont été définis :

  • groupe 1 : kystectomie ovarienne unilatérale,
  • groupe 2 : annexectomie unilatérale.

Dans les cas de « restaging » ayant nécessité une annexectomie secondaire, les patientes étaient réincluses dans le groupe 2.

L’évaluation des résultats a porté sur les taux de récidive de la maladie ovarienne et les taux de grossesse.

Résultats :

  • l’âge moyen des patientes était de 26,8 ans et l’index de masse corporelle (BMI) de 21,7 ; les auteurs ne signalent pas de différence en termes d’âge, de BMI, de circonstances de diagnostics clinique ou échographie, de résultats des marqueurs tumoraux CA125 et CA199.
  • Analyse des taux de récidive : le suivi moyen était de 59 mois, 7 récidives sont survenues chez 6 patientes :
    • Dans le groupe « kystectomie ovarienne », 5 cas de récidives sont retrouvés, dont 3 de relocalisation ovarienne ipso-latérale, et 2 cas de récidives abdominales (adénopathies pelviennes ou atteinte de la paroi abdominale…), et ce 27 à 36 mois après l’intervention de kystectomie unilatérale.
    • Dans le groupe de patientes opérées par annexectomie unilatérale, on retrouve un cas de récidive de cancer de l’ovaire de grade III, 10 mois après la chirurgie initiale.

Le taux d’absence de récidive à 5 ans était supérieur dans le groupe 2, annexectomie unilatérale, par rapport au groupe 1, kystectomie unilatérale (94,7/49,1 ; p = 0,041).

Résultats sur la fertilité : 16 grossesses dont 15 spontanées sont survenues chez 12 patientes.
Dans le groupe 1, kystectomie unilatérale, 5 patientes ont été enceintes dont, dans un cas, après fécondation in vitro réalisée pour un problème spermatique.
Dans le groupe 2, annexectomie unilatérale, 9 grossesses sont survenues chez 7 patientes.
La probabilité de grossesse à 5 ans était de 45,3 % sans différence statistique entre les 2 groupes, groupe kystectomie 41,8 %, groupe annexectomie 45,9 %.

En conclusion, les auteurs estiment que dans le cadre de la préservation de la fertilité ayant une tumeur borderline ovarienne, le traitement conservateur chirurgical par annexectomie unilatérale, doit être préféré à la kystectomie ovarienne : l’annexectomie unilatérale décroit le risque de récidive et ne réduit pas la fertilité.

Martin KOSKAS et coll. – “Fertility determinants after conservative surgery for mucinous borderline tumours of the ovary (excluding peritoneal pseudomyxoma) – Human Reproduction, Vol.26 n° 4-, pp.808-814, 2011

 
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