Nutrition et reproduction : la part du mâle

Auteurs

L’infertilité touche environ 15 % des couples qui cherchent à obtenir une grossesse. Dans 20 à  50%  des  cas,  on  retrouve  une  anomalie  de  la  qualité  du  sperme  ou  un  facteur  masculin d’infertilité. Dans plus de 15% des cas, la cause de l’infertilité demeure inconnue.
De nombreux facteurs concernant le mode de vie et l’environnement sont susceptibles d’agir sur la fertilité masculine en provoquant des altérations spermatiques, aussi bien en termes de quantité que de qualité. Parmi ces facteurs, le poids et l’état nutritionnel des partenaires masculins de couples infertiles suscitent un intérêt récent et croissant. La masse grasse, en particulier la graisse viscérale abdominale, est un indicateur pertinent de l’état nutritionnel et peut être évaluée aisément à l’aide d’un impédancemètre et d’un mètre ruban.
La nutrition maternelle a un impact sur la qualité des gamètes, de l’embryon, sur l’implantation, la différenciation gonadique (sur le testicule en développement ainsi que sur les cellules germinales), tout au long de la grossesse, jusqu’à l’accouchement, et au cours de l’allaitement. Le concept de DOHaD, origine développementale de la santé et des maladies de l’adulte, correspond à une programmation de l’embryon et du fœtus en réponse à des conditions environnementales inadéquates, en particulier en termes de nutrition. Parmi les maladies liées à la DOHaD figurent le syndrome métabolique, le diabète, les troubles cardiovasculaires, mais également, les troubles de la fertilité, essentiellement par une action sur les cellules de Sertoli.
Un index de masse corporelle élevé de l’homme a été associé à un risque accru d’infertilité, une altération des paramètres spermatiques classiques et une fragmentation accrue de l’ADN spermatique. Une récente méta-analyse confirme l’impact délétère d’un IMC élevé sur la concentration, mais souligne pour la première fois un risque en cas d’IMC très bas. L’impact d’un IMC élevé s’exerce également sur le pouvoir fécondant, le développement embryonnaire et les taux de grossesse et d’implantation. Ceci a été observé chez l’animal, mais également chez l’homme.
Le stress oxydant a un rôle central dans les mécanismes en jeu. Les déséquilibres de la balance pro-oxydants/anti-oxydants, notamment du fait de comportements alimentaires inadéquats, peuvent ainsi entrainer des conséquences délétères pour la fertilité.

1 Service d’Histologie - Embryologie - Cytogénétique - Biologie de la Reproduction - CECOS, Hôpital Jean Verdier (AP - HP), 93140 Bondy
2 Unité de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle, UMR U557 Inserm ; U1125 Inra ; Cnam ; Université Paris 13, CRNH IdF, 93017 Bobigny
3 Département de Santé Publique, Hôpital Avicenne (AP-HP), 93017 Bobigny
4 Unité de Nutrition, Hôpital Ambroise Paré (AP-HP), 92100 Boulogne-Billancourt

 
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