Une bouffée d’oxygène dans le traitement des bouffées de chaleur après cancer du sein

Les bouffées de chaleur font partie du cortège d’effets indésirables souvent décrits par les patientes après, ou en cours, de traitement pour un cancer du sein. Le recours à des traitements endocriniens étant contre-indiqué [1], les praticiens ont comme ressources thérapeutiques validées : les antalgiques de type (gabapentin, Neurontin® 900mg/j [2]ou pergabalin Lyrica® 150 mg/j [3]) et les inhibiteurs sélectifs de re-captation des sérotonines (ex: fluoxetin, Prozac® 20mg/j [4], citalopram, Seropram 20mg/j[5]). Ces derniers modifient cependant le métabolisme du tamoxifen et présentent le risque théorique d'en diminuer l'efficacité. Ce risque n’existe pas pour les inhibiteurs sélectifs de la re-captation de la serotonin-norepinephrine (venlafaxine, effexor®) qui ne modifient pas le métabolisme du tamoxifen. Une étude hollandaise de Boekhout et al., parue dans le JCO a visé à évaluer la clonidine (catapressan®) 0,1mg/j et la venlafaxine (effexor®) 75mg/j dans une population de patientes traitées pour un cancer du sein avec une ménopause physiologique ou induite par les traitements (chimiothérapie, ovariectomie ou agoniste de la LHRH), qui présentent au moins deux bouffées de chaleur par jour [6].  L'objectif principal de l'étude était la réduction des bouffées de chaleur après 12 semaines d'un traitement en double aveugle (clonidine, venlafaxine ou placebo avec un rapport de 2:2:1). Les objectifs secondaires concernaient, entre autres, la qualité de vie des patientes.  Comme souvent les bouffées de chaleur ont diminué sous placebo (ici de 29%), ce qui témoigne soit de leur histoire naturelle, soit de l'efficacité du placebo. Les traitements par clonidine ou par venlafaxine ont apporté un bénéfice significatif en termes de bouffées de chaleur (#45% de réduction) avec une très bonne compliance. La venlafaxine semblait avoir un effet plus précoce mais s'accompagnait d'un taux supérieur de nausées, de constipation et de dépression. Les auteurs se demandent d'ailleurs si ceux-ci n'auraient pas pu être prévenus par un premier palier à 37.5mg/j, pendant par exemple une semaine [7]. A noter qu'il n'y avait pas de différence en termes de pression artérielle entre les trois groupes.

Voici donc deux médicaments potentiellement utiles pour nos patientes. La question de la durée de traitement et des modalités d'arrêt - progressif ou non – persiste.


[1] Hickey M, Saunders C, Partridge A, Santoro N, Joffe H, Stearns V. Practical clinical guidelines for assessing and managing menopausal symptoms after breast cancer. Ann Oncol. 2008 Oct;19(10):1669-80

[2]Pandya KJ, Morrow GR, Roscoe JA, Zhao H, Hickok JT, Pajon E, Sweeney TJ, Banerjee TK, Flynn PJ. Gabapentin for hot flashes in 420 women with breast, cancer: a randomised double-blind placebo-controlled trial. Lancet. 2005 Sep 3-9;366(9488):818-24

[3]Loprinzi CL, Qin R, Balcueva EP, Flynn KA, Rowland KM Jr, Graham DL, Erwin NK, Dakhil SR, Jurgens DJ, Burger KN. Phase III, randomized, double-blind, placebo-controlled evaluation of pregabalin for alleviating hot flashes, N07C1. J Clin Oncol. 2010 Feb 1;28(4):641-7.

[4]Loprinzi CL, Sloan JA, Perez EA, Quella SK, Stella PJ, Mailliard JA, Halyard MY, Pruthi S, Novotny PJ, Rummans TA. Phase III evaluation of fluoxetine for treatment of hot flashes. J Clin Oncol. 2002 Mar 15;20(6):1578-83.

[5]Barton DL, LaVasseur BI, Sloan JA, Stawis AN, Flynn KA, Dyar M, Johnson DB, Atherton PJ, Diekmann B, Loprinzi CL. Phase III, placebo-controlled trial of three doses of citalopram for the treatment of hot flashes: NCCTG trial N05C9. J  Clin Oncol. 2010 Jul 10;28(20):3278-83

[6] Annelies H. Boekhout et al. J Clin Oncol 29:3862-3868

[7]Loprinzi CL, Kugler JW, Sloan JA, Mailliard JA, LaVasseur BI, Barton DL, Novotny PJ, Dakhil SR, Rodger K, Rummans TA, Christensen BJ. Venlafaxine in management of hot flashes in survivors of breast cancer: a randomised controlled trial. Lancet. 2000 Dec 16;356(9247):2059-63.

 
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