In Memoriam : Pr Claude Sureau, membre fondateur du comité de rédaction de Gynéco-online

Nous apprenons avec une infinie tristesse la disparition du Pr Claude Sureau, connu de tous dans notre profession et même bien au-delà.

Gynécologue-obstétricien, ancien chef de service de la maternité Baudelocque Claude Sureau avait une passion : l’obstétrique , et un devoir : l’enseignement, la transmission par la formation de ses élèves et des sages-femmes étant responsable aussi de l’une des plus importantes écoles de France. Ses qualités humaines, intellectuelles, ses innombrables travaux sur la physiologie périnatale, la motricité utérine, l’introduction du monitoring fœtal dans le diagnostic des souffrances fœtales l’ont amené aux plus importantes fonctions et responsabilités : Président honoraire de l’académie nationale de médecine, Président de la Fédération Internationale de Gynécologie Obstétrique (la célèbre FIGO), membre d’honneur du " Royal Collège of London" , membre du comité consultatif national d’éthique, ,Grand Officier de la Légion d’honneur, il était reconnu tant en France qu’à l’étranger comme peu d’entre nous le furent ou le sont aujourd’hui.

Certains ont pu à tort le classer dans la caste des " mandarins conservateurs " : il n’en était rien ; Claude Sureau a toujours choisi la personnalité et le travail de ses collaborateurs (indépendamment de leurs titres universitaires) et fourni à notre spécialité de nombreux et prestigieux élèves. 

Il avait une vision -pour son époque- révolutionnaire de l’obstétrique mettant en avant les choix du couple dans les circonstances parfois délicates de ce qu’il appelait « le conflit materno-fœtal », il avait développé dans son service une place essentielle aux pédiatres et mis en œuvre une révolution collégiale et multidisciplinaire du principe de la néo-natologie
De façon anachronique, ses positions sur la fécondation in vitro, l’embryon humain, ses réflexions sur la grossesse pour autrui le classeraient intellectuellement comme un " anarchiste chrétien ".

Il a fait part de ses doutes dans un de ses ouvrages, que tout médecin se destinant à l’obstétrique devrait lire " fallait-il tuer l’enfant Foucault ?" qui pose les problèmes de la responsabilité, des doutes et du choix de tout acte médical, de ses inquiétudes aussi sur le statut de l’embryon dans son ouvrage « son nom est personne ».

Il y a aussi l’homme que nous avons longtemps côtoyé au comité de rédaction de la Revue du praticien (qu’il avait créée pour notre spécialité) et dont il nous avait confié la direction, c’est au cours de ces nombreuses soirées du comité de rédaction à chaque fois passionnantes que nous avons pu apprécier son intelligence lumineuse, sa curiosité communicative, son goût pour le débat d’idées, sa confiance dans les progrès souvent rapides de nos « hyper-spécialités » puis son enthousiasme lors de la création de la revue numérique "gynéco-online". 

Il nous paraissait éternellement jeune et toujours engagé dans son goût du partage et de la transmission ; son absence aujourd’hui nous laisse un grand vide mais son esprit de liberté, la rigueur de son éthique et son indépendance continuent de nous guider et de nous motiver.

Le comité de rédaction de Gynéco-Online