Prise d'antalgiques en cours de grossesse et risques de survenue de cryptorchidisme et d'hypospadias chez le nouveau-né

L’étude de Claudia A. SNIJDER et coll. (Département de Santé Publique Université ERASMUS – Rotterdam) analyse le risque de survenue de malformations fœtales en cas d’exposition en cours de grossesse à des antalgiques, notamment du paracétamol.

Les auteurs rappellent les études antérieures concernant les risques de malformations liés à la prise de certains antalgiques ; en 1996, BERKOWITZ et coll. ont rapporté que la prise d’antalgiques en cours de grossesse était un facteur de risque pour la survenue de cryptorchidisme. Une étude récente JENSEN et coll. (2010) portant sur 47000 enfants nés au Danemark, a montré que l’exposition en cours de grossesse à l’acétaminophène au cours du 1er et du 2nd trimestres augmentait le risque de survenue de cryptorchidisme.

Ces résultats étaient confirmés par une étude de KRISTENSEN qui, en 2010, sur une cohorte de patientes enceintes au Danemark, avait montré que l’utilisation d’acétaminophène en association avec d’autres antalgiques augmentait également le risque de cryptorchidisme.

L’étude menée dans cet article porte sur 3184 patientes (grossesses menées de 2002 à 2006), l’utilisation d’antalgiques, principalement de type paracétamol, au cours de la période péri-conceptuelle puis des 14 premières semaines de grossesse, entre la 14e et la 22e semaine de grossesse, et entre la 20e et la 32e semaine de grossesse.

Dans tous les sous-groupes, l’utilisation de paracétamol était la plus importante par rapport à la prise d’autres antalgiques : prise de paracétamol en cours de grossesse (75 % des patientes), prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (13 % des patientes), autres antalgiques pris en cours de grossesse, notamment l’aspirine
(12 % des patientes).

Résultats :

  • Sur un total de 484 patientes ayant pris un traitement antalgique durant la péri-conception et un total de 252 patientes ayant pris un traitement antalgique aux alentours de 14 semaines de grossesse, il n’a pas été retrouvé d’association entre cette prise d’antalgiques et la survenue de cryptorchidisme ou d’hypospadias ;
     
  • Dans la seconde période étudiée (14 à 22 semaines de grossesse) sur 2864, 480 ont utilisé des antalgiques dans cette période, les auteurs retrouvent une survenue plus importante de cryptorchidisme (OR 2,12 ; 95 % CI) sans augmentation de survenue d’hypospadias ;
     
  • Dans la troisième période (20 à 32 semaines de grossesse), sur 2709 patientes, 363 ont utilisé des antalgiques sans augmentation de survenue de cryptorchidisme ou d’hypospadias.

Les auteurs concluent que la prise d’antalgiques, notamment de paracétamol, dans le moment de la grossesse où a lieu la différenciation sexuelle mâle, augmente le risque de malformation fœtale et notamment de cryptorchidisme.

Cette période de risque est donc significative entre 14 à 22 semaines de grossesse.

Intra-uterine exposure to mild analgesics during pregnancy and the currencies of cryptorchidisme and hypospadias in the offspring – Claudia A. SNIJDER et coll. – Human Reproduction – Volume 27 n° 4 pp 1191-1201 - 2012

 
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